Il y avait au moins 150 personnes dans la petite gare de Ruffec pour dire "au-revoir" et non "pas adieu" au dernier TGV ce samedi soir
Ce devait être un apéritif citoyen, convivial et revendicatif, orchestré par le collectif Maintien TGV et gare de Ruffec, "pour dire au revoir" au dernier TGV à s’arrêter en gare de Ruffec, avant la mise en service de la LGV Tours-Bordeaux ce dimanche 2 juillet. Et cela le fut, en musique, avec des vrais musiciens, et un blocage du TGV, suivi de quelques discours, sur la place de la gare.
A l’arrivée du TGV, vers 19 h 13, ils étaient près de 150 usagers et élus, maires de communes limitrophes, conseillers départementaux et député, à l’attendre sur le quai. Très rapidement, le cortège mené par Bernard Charbonneau, maire de Ruffec, et Christophe Mauvillain, s’est glissé devant la locomotive de tête apposant une nouvelle fois la banderole "Maintien TGV et gare de Ruffec Survie du territoire".
L’émotion était palpable. Aussi bien chez les usagers que chez les représentants du peuple. "On ne baisse les bras. On espère toujours le rétablissement de cette desserte à compter du 2 décembre", témoigne Didier, habitant de Verteuil, venu avec son petit fils. Les flash ont crépité dans tous les sens.
Jusqu’à ce que des éclats de voix se fassent entendre. L’attitude d’un contrôleur, bras croisés, visiblement allergique aux drapeaux de la CGT (il y en avait quelques uns), a déclenché la colère de Bernard Charbonneau, qui s’est éloigné de la locomotive où les élus s’étaient rassemblés.
"Tu parles au maire de Ruffec, pas à la CGT", lui a répondu le premier magistrat, venu le rejoindre sur le quai. "S’il n’y a pas de train, tu n’auras pas de boulot. Et si tu as ton statut, c’est parce qu’il y a des gens comme ça qui se sont battus pour. N’oublie pas ton histoire ", a ajouté le conseiller départemental communiste Patrick Berthault.
L’incident a quelque peu prolongé le blocage. A 19h41, le TGV s’est finalement ébroué, une fois la voie dégagée. Les passagers, dont beaucoup étaient sortis, ont salué les manifestants derrière les vitres. Même si certains, moins tolérants, ont fait des signes peu amènes. En jeu "la survie des petits territoires qu’on fait mourir", ont rappelé les uns et les autres, en "cette période euphorique sous le signe de la grande vitesse", un jour avant la mise en service de la ligne à grande vitesse. "Ce n’est pas un enterrement, mais un point d’étape", a assuré Christophe Mauvillain. "Pas un adieu, mais un au-revoir" ont dit tous les manifestants.
UNE LUTTE QUI DATE DE LOIN
ENCORE EN MARS...
Le bras de fer se poursuit entre les habitants de Ruffec et la SNCF
Comme un seul homme, ils étaient près de 300 hier soir, 26 mars, en gare d’Angoulême pour bloquer le TGV de 19 h 02, en provenance de Paris et à destination de Bordeaux. Et il leur aura fallu un peu de patience pour mettre à exécution leur projet. Le train est arrivé en gare à 19 h 22. Femmes et hommes du Ruffec Athletic Club se sont placés en première ligne pour former une mêlée contre la motrice. Pas pour faire reculer le TGV mais bel et bien la SNCF, sourde à leurs arguments. Jeunes, vieux, élus, administrés, Ruffécois et voisins, unis derrière une seule et même banderole implorant « la survie du territoire », sont descendus sur les voies pour verser leur mécontentement au visage d’une institution, à leur goût, aussi froide que la taule de ce train.