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Réveil Communiste

 

 

« Les Français, nouveaux faucons de l'Europe »
(Washington Post)
Intervention liminaire pour le Collectif Communiste Polex
au Débat organisé le 27 janvier 2015
à l'Assemblée nationale à Paris,
sur la politique internationale de la France


Publié dans #Impérialisme

la voix de son maitre

la voix de son maitre

Lu sur PCF Bassin :

publié le : 9 février, 2015

Les nouveaux Faucons de l'Occident

Lors du débat que nous avons organisé ici le 4 décembre 2013, nous avons dû constater, en le regrettant, une continuité absolue entre la politique internationale menée au nom de la France par le Président Sarkozy, et celle du Président Hollande et de son ministre Fabius. Nous ne pouvons que faire le même constat, un an plus tard, avec les mêmes dirigeants, plus Valls et Le Drian. Quelle que soit la zone géographique, le même interventionnisme belliciste, à l’ombre de l’OTAN, et des Etats-Unis d’Amérique, et au détriment des intérêts à long terme de la France.

Plus encore qu’auparavant, notre diplomatie est avant tout vécue par le reste du monde comme celle d’un pays amoindri, qui s’est vidé d’une bonne partie de ses industries nationales, tentant de compenser cela par de la communication, accompagnée de ventes d’armes et d’opérations extérieures aptes à mettre ses productions militaires en valeur. Ce poids de la production d’armes dans la politique française ne relève pas du fantasme : le ministre Le Drian a annoncé en décembre 2014 que les exportations françaises d’armes ont augmenté de 42 % en 2013.


Un survol rapide des régions du monde où interviennent la diplomatie française, et parfois son armée, est révélateur de cette continuité:
L’Afrique saharienne et sahélienne a été complètement déstabilisée par l’agression française organisée en 2011 par le Président Sarkozy, qui a détruit l’Etat national libyen au profit de groupes armés concurrents, ethnicistes, tribalistes et intégristes. Le chaos sanglant qui en a résulté a fait de ce pays le siège de tous les trafics, d’armes, de drogue, entre Méditerranée et Nigeria.
Les interventions armées ultérieures n’ont pas été plus positives pour les peuples de la région. Certes, la présence des sociétés minières occidentales est à moyen terme assurée, et les concurrents chinois potentiels repoussés du Niger à la Mauritanie. Mais l’insécurité, la prolifération des groupes armés délinquants, islamistes ou ethnicistes, sont toujours là, et justifient la présence de nouvelles bases militaires occidentales, soldats ou drones, au Burkina, Niger, etc… La Centrafrique est, de fait, partagée sur des bases religieuses, en deux moitiés. Quant au Mali, il me suffira de vous lire le message que m’a adressé avec ses vœux un vieil ami, militant progressiste et libraire à Bamako :

« Ici au Mali, nous traversons une des phases les plus tristes de notre histoire : un pouvoir incompétent, une occupation à la fois de jihadistes et d’armées occidentales, une classe politique mafieuse préoccupée des seuls intérêts égoïstes de ses leaders, loin des préoccupations réelles du peuple, une armée en pleine déliquescence, une jeunesse précocement corrompue et sans repères, etc…
Nous sommes quelques uns à affronter la situation avec nos faibles moyens, mais puissamment armés de notre conviction et de l’expérience historique du peuple qui sait que seule la lutte paie et libère. Nous marchons difficilement mais ayant choisi le bon cap, nous sommes convaincus que la victoire sera au bout des efforts. Nous vaincrons. 
»

Les interventions armées menées par la France pour prétendument éradiquer le jihadisme, n’ont aucun effet sur ses causes : ce phénomène naît et se développe à cause du sous-développement économique et de l’absence d’Etats capables de réguler les sociétés africaines. Au contraire, ce début du XXIème siècle démontre que chacune des bombes larguées par les Rafale fait surgir de nouveaux jihadistes. Et pourtant le ministre Le Drian vient d’envisager froidement une nouvelle aventure militaire en Libye.

- On peut faire le même constat d’aventurisme incohérent de la politique française au Moyen Orient. Alors que le gouvernement de Jacques Chirac avait à juste titre refusé de se joindre à l’invasion de l’Irak par les USA en 2003, ceux des Présidents Sarkozy et Hollande n’ont cessé de participer au soutien diplomatique et militaire des insurgés contre l’Etat national syrien : les plus actifs sont pourtant depuis des années les intégristes, recruteurs de milliers de jihadistes étrangers, venus du Maghreb ou de France, avec l’assentiment et l’appui de puissances alliées de l’Occident, Arabie Saoudite, Qatar ou Turquie. Aujourd’hui que ces mouvements islamistes armés, développés longtemps avec l’assentiment de l’Occident, comme Ben Laden le fut autrefois en Afghanistan, se sont répandus entre Irak et Syrie sous le nom de DAECH, au détriment des peuples Kurdes et Arabes, le gouvernement français se pose en aile marchante de la coalition anti-intégriste, en toute incohérence.

- Cela nous amène aux dix-sept assassinats commis il y a vingt jours à Paris par un commando de fanatiques islamistes. Nous combattons depuis longtemps ces meurtres politiques, dont l’objectif est de réduire au silence, par la terreur, les démocrates et partisans des libertés : c’est la définition même du fascisme, dont l’islamisme est une variété. Il a tué depuis des décennies des milliers de personnes dans les pays musulmans, d’Algérie au Pakistan, avant d’ensanglanter la France cet hiver. Mais il faut une belle dose d’hypocrisie ou d’incohérence pour prôner l’union sacrée des citoyens français révulsés à juste titre par ces actes, derrière les dirigeants de l’OTAN ou des gouvernants qui ont si longtemps soutenu les jihadistes-islamistes, en Libye, en Syrie et ailleurs. Le massacre odieux de dix-sept Français très divers par des intégristes entraînés au Moyen Orient, est aussi le fruit vénéneux des errements de la politique internationale de la France, dans le cadre de l’OTAN.

- L’autre théâtre d’intervention diplomatique de la France est à l’Est de l’Europe. Après la Géorgie il y a près de dix ans, l’Ukraine est devenue depuis quelques années un enjeu majeur pour les dirigeants occidentaux, USA, OTAN et Union Européenne, dans l’offensive de refoulement (containment) qu’ils mènent contre la puissance russe, dans le cadre de la stratégie impérialiste annoncée il y a déjà vingt ans par l’idéologue US Brzezinski. Pour ce faire, ils soutiennent financièrement et militairement le régime du milliardaire pro-occidental Porochenko, installé à Kiev par une insurrection armée, validée par des élections contraintes, qui guerroie contre ses concitoyens grâce aux milices armées de partis nostalgiques du nazisme. Alors que le seul moyen d’éteindre ce foyer de guerre est la négociation entre les protagonistes, les autorités françaises n’ont fait que jeter de l’huile sur le feu en multipliant les déclarations de soutien aux nationalistes pro-OTAN, quels que soient leurs actes, et contre la Russie.

- Cette attitude irresponsable est un nouvel exemple de l’alignement enthousiaste de la politique française actuelle sur celle de l’impérialisme nord-américain. Nous ne sommes pas les seuls à dénoncer cette servilité belliciste. Le 15 septembre 2014, le quotidien de la droite US, Washington Post, publiait un article titré : « Les Français, nouveaux faucons de l’Europe ». Citant Côte d’Ivoire, Mali, Libye, Syrie, il se félicite des surenchères françaises, avec l’Arabie saoudite. Je cite :

« Fini le temps où les Américains réduisaient les Français à de lâches cohortes de mangeurs de fromage à cause de leur refus de participer à la guerre contre Saddam Hussein. François Hollande semble aujourd’hui le meilleur allié d’Obama, surtout quand on sait que le dirigeant français a eu la magnanimité de ne pas insister sur une affaire qui aurait pu empoisonner leurs relations, à savoir l’espionnage de citoyens français par l’agence nationale de sécurité américaine (NSA) ».

Certains journalistes se gargarisaient l’autre jour d’une France redevenue pour quelques heures « la capitale du monde » : elle est en fait devenue pour les USA l’alliée de seconde zone, prête à accomplir toutes les basses besognes décidées par le maître de Washington, et légèrement méprisée pour cela, autant que les émirs pétroliers de Ryiad et Doha. La politique internationale française est en fait déconsidérée dans le monde, parce qu’elle est en rupture avec les héritages du passé, liberté et droits de l’homme, qui ne sont plus que prétextes à ingérences.

Les dirigeants français pourraient cependant, avec l’assentiment de la majorité des citoyens, retrouver le prestige perdu de notre pays, les occasions ne manquent pas :


+ Après le vote à L’ONU pour la reconnaissance d’un Etat de Palestine, qu’attendent-ils pourcondamner clairement la colonisation israélienne, au lieu de fournir une tribune officielle à Netanyahou, tout fier des milliers de Palestiniens massacrés à Gaza ?


Les USA ont dû enfin reconnaître l’existence de Cuba, mais n’ont en rien supprimé le blocus qui étrangle l’île, malgré les condamnations du monde. Qu’attend la France pour user de son influence dans ce sens ?


+ Avec ses partenaires de l’UE, la France continue de négocier en secret les accords de libre échange avec les USA, dits TAFTA, dont tout le monde sait le désastre que cela représentera pour ce qui reste de productions nationales françaises en matière de produits agricoles, industriels ou de services culturels. Qu’attendent nos dirigeants pour arrêter cette marche au suicide, et en dénoncer publiquement les conséquences ?


+ Autre exemple qui permettrait à la France de démentir cette servilité qu’on lui reproche, et de ne plus faire sourire quand elle se pose en donneur de leçons de démocratie aux yeux du monde :en Corée du Sud, allié de l’Occident, le Parti Progressiste Unifié, qui se bat pour la démocratie et la réunification, a été interdit, ses militants incarcérés, et menacés de lourdes condamnations pour un complot imaginaire, sur la base de témoignages de complaisance. Le gouvernement français s’honorerait en protestant contre cette dérive autoritaire, et en exigeant l’annulation de cette interdiction et la libération de tous les emprisonnés politiques.

Mais ces simples demandes citoyennes ne deviendront réalités que si la pression de l’opinion les impose en se renforçant ; notamment en exigeant la sortie de l’OTAN, et la fin des aventures bellicistes, qui ne peuvent aboutir qu’au désastre.

Le Collectif Polex publiera des que possible l'intégralité des interventions à la rencontre du 27 janvier 2015.

 

Tag(s) : #Impérialisme
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