éléments de la délégation algérienne à Évian en mai-juin 1961, de gauche à droite :
Mohamed Ben Yahya, Saad Dahlab, maître Ahmed Boumendjel, Ali Mendjel, Ahmed Francis, Krim Belkacem,
Taeyb Bouhlarouf, le colonel Boussouf ; au second plan, le dernier personnage à
droite, au veston clair, est Mohammed Harbi
SOURCE:
Déclaration du Bureau National de l’ARAC
sur le 19 mars 1962 à Béziers
Inquiet de la mise en cause de la cérémonie anniversaire officielle du 19 mars 1962 (Loi du 6 décembre 2012), date du Cessez le feu des combats d’Algérie, Tunisie et Maroc, l’Association Républicaine des Anciens Combattants (ARAC) exprime sa désapprobation totale devant la décision du maire de Béziers de débaptiser la rue du 19 mars 1962.
A cette décision illégale s’ajoute une mesure municipale elle aussi en rupture avec les règles nationales que l’ARAC désapprouve, armer la police municipale, mise en valeur par une campagne d’affiches.
Le cessez-le feu le 19 mars 1962 fut la victoire de la paix exprimée par référendum auprès de la population de notre pays à 90%, et particulièrement attendue par les soldats du contingent et leurs familles après dix années d’une guerre coloniale qui ne pouvait se conclure que par l’indépendance de l’Algérie.
Evidemment l’ARAC est consciente du drame des rapatriés, celui des harkis restés sur le sol algérien mais elle n’ignore pas non plus qu’après le cessez de feu, les attentats politiques de la terre brûlée pratiqués par l’OAS (Organisation de l’Armée Secrète) entretenait l’opposition entre les communautés.
C’est pourquoi la décision du maire de Béziers et des élus de sa majorité de débaptiser la rue du 19 mars 1962 pour lui donner le nom d’un commandant putschiste est véritablement inadmissible. En conséquence le bureau national de l’ARAC appuie la décision de son Comité départemental de l’Hérault de demander à Monsieur le préfet du département d’annuler purement et simplement la délibération du Conseil municipal de Béziers.
Villejuif, le 27 février 2015
SOURCE:
L’anniversaire des Accords d'Evian programmant la fin de la guerre d’Algérie reste un sujet de discorde. En période électorale, la droite l’utilise comme (très discutable) cheval de bataille.
Le 19 mars 1962, suite aux Accords d’Évian signés la veille, le cessez-le-feu est décrété sur tout le territoire algérien.
Ces accords mettent fin à près de huit ans d'une guerre qui a vu la France mobiliser 400 000 hommes et durant laquelle 250 000 à 400 000 Algériens auront été tués selon les chiffres les plus courus en France, et plus d’un million et demi selon l’État algérien. La France déplore 28 500 morts du côté des militaires, 30 000 à 90 000 Harkis, 4000 à 6000 chez les civils d’origine européenne, et environ 65 000 blessés.Une tribune pour les politiciens 53 ans plus tard, on aurait pu espérer que les historiens des deux rives de la Méditerranée restent les derniers intervenants de ce triste épisode de l’époque coloniale et qu’ils se consacrent à leur travail de vérité dans la sérénité.
Las, la basse politicaille s’en mêle toujours, et comme le montre la dernière sortie médiatique du maire de Béziers Robert Ménard, apparenté FN (lire page 3), avec toujours autant d’indélicatesse.
La loi votée en 2012 par les deux assemblées, désignant le 19 mars comme « journée nationale du souvenir des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie » n’a rien changé à l’affaire.
Et l’extrême droite n’est pas la seule responsable des détournements historiques liés, à des fins électorales, à la guerre d’Algérie.
Dans le Sud de la France, avec l’espoir de récolter les voix des milliers de rapatriés, c’est bien la droite traditionnelle qui a ouvert le feu.
Dès les années 70 et avec plus de vigueur encore à partir des années 80.
Ainsi a-t-on vu fleurir les monuments à la gloire des « victimes » de l’Algérie française un peu partout près des côtes de la Grande Bleue.
A Nice en 1973, Jacques Médecin ouvre le feu avec un « Mémorial des rapatriés ». Puis à Toulon Maurice Arreckx lui emboîte le pas en 1980 avec son monument aux « Martyrs de l’Algérie française. » Ensuite, sont érigés ceux de Perpignan (2003) ou Marignane (2005) sous la houlette d'un maire d'extrême droite.
Le maire FN de Toulon Jean-Marie Le Chevallier, en 2000, avait d’ailleurs joué une partition proche de celle de Ménard, en baptisant pour sa part un carrefour du nom de « Général Raoul Salan », jouant comme à Béziers sur la dualité des CV des « vedettes » honorées, à la fois anciens combattants de la France libre et putschistes d’Alger...
Mais pour la droite française en général, l’objet cible du détournement historique, plus d’un demi-siècle après la fin de la guerre d’Algérie, reste malgré tout les Accords d’Évian.
Hier encore, l’agence France presse en faisait état dans une dépêche fracassante : Patrick Buisson, ancien journaliste du titre d’extrême droite Minute, aurait conseillé, pendant la campagne présidentielle de 2012, à Nicolas Sarkozy de dénoncer les fameux accords. Sans aucun doute pour flatter une partie de l’électorat d’extrême droite.
On saura dans les jours prochains quelle ampleur pourra prendre ce début d’info dans le contexte venimeux de la campagne électorale en cours.
Mais rien n’incite vraiment à l’optimisme, en ce jour anniversaire décidément particulier. Le cessez-le-feu du 19 mars 1962 ne fait toujours pas rimer la fin d’une guerre avec la réconciliation.
Claude Gauthier