LES NOUVEAUTES
Georges Gastaud
« Marxisme et universalisme »
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Faut-il continuer d’opposer, comme y invite l’opinion dominante, l’universalisme des « droits de l’homme » au particularisme des classes sociales, des nations ou des « civilisations » ?
À l’inverse, « la » nation et l’« humanité », et en conséquence, le patriotisme et l’humanisme, ne sont-ils pas secrètement divisés par des fractures de classes bien réelles dont doit tenir compte toute stratégie progressiste ?
Quant à la lutte des classes, dans laquelle les dominants ont provisoirement conquis l’initiative historique, n’est-elle pas le levier paradoxal par lequel le genre humain peut réellement s’unifier au lieu de s’abandonner au faux universalisme de la « construction européenne » et du « transatlantique », ce particularisme
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Jean Salem
Résistances
Entretiens avec Aymeric Monville
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Dans ces libres entretiens, Jean Salem revient, tout d’abord, sur une enfance dont le cours fut déterminé par les combats de ses parents, Henri et Gilberte Alleg. Combats pour l’indépendance de l’Algérie, pour la justice sociale et la victoire de l’idéal communiste, combats pour la cause de la paix, de la fraternité, de la liberté.
Il évoque ses propres passions intellectuelles, son parcours académique, ainsi que le grand travail de conviction, de résistance aussi, qui fut nécessaire pour faire revivre à la Sorbonne, après trente années de plomb, l’étude de l’œuvre et de la pensée de Marx.
En tirant, enfin, les enseignements des nombreux voyages qu’il effectue autour du monde en tant que militant et en tant qu’uni- versitaire, il livre ici ses réflexions sur la crise actuelle, sur la dégénérescence des gauches en Occident, et sur l’aggravation des tensions
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Jeannette Thorez-Vermeersch
La vie en rouge. Mémoires
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Toute sa vie, Jeannette Thorez-Vermeersch (1910-2001) l’a consacrée à la lutte contre l’injustice, l’oppression, dévouée à la cause de la révolution. Née dans une famille où l’on connaît la misère absolue, elle travaille dès l’âge de dix ans, devient domestique, s’use les doigts dans les filatures, et, très vite, s’insurge contre l’exploitation et l’humiliation.
Elle se lance tôt dans la lutte politique. Au Parti communiste, elle découvre un foyer de fraternité, une solidarité avec l’expression de sa révolte, qui l’amènent à s’engager totalement. Dès lors, sa vie se confond avec l’action militante, avec tous les événements majeurs du siècle. Et, surtout, avec celle de Maurice Thorez. De leur histoire d’amour naîtront trois enfants.
Une vie d’une extraordinaire densité, qui la fait participer à de grands combats, rencontrer les plus grandes figures de la politique, mais aussi des créateurs comme Picasso, Aragon, Léger… Une vie de lutte quotidienne
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Rémy Herrera
La maladie dégénérative de l'économie : le "néoclassicisme"
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Croissance de très basse intensité, chômage de masse, explosion des inégalités… L’économie — capitaliste — est en crise. La discipline économique, sous le joug d’un courant
dominant néolibéral draînant les prix Nobel et revendiquant pour lui seul la scientificité, l’est aussi. Ce livre montre de quelle manière cette discipline, atteinte d’une maladie dégénérative — le « néo- classicisme », soit la théorie de ce courant dominant, dit « néoclassique » —, converge aujourd’hui non plus seulement vers la « pensée unique », mais surtout vers la « pensée zéro ».
Cinq thèmes sont plus précisément abordés: l’idéologie, les institutions, la croissance, le développement et la crise. La critique est également portée contre quelques «grands économistes», de Jean-Baptiste Say à Amartya Sen, en passant par Walt Rostow ou Robert Barro, sans oublier les Joseph Stiglitz, Paul Krugman
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Alexander Neumann
Après Habermas
La théorie critique n'a pas dit
son dernier mot
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Dans son livre Après Marx, Jürgen Habermas a voulu reconstruire le matérialisme historique, afin de fonder une théorie sociale au xxe siècle. Il a cherché à transformer l’École de Francfort en une science de son temps. Au lieu d’une telle vision évolutive, consensuelle et universaliste, l’histoire a réservé des surprises. La crise capita- liste mondiale, le retour des mouvements, révolutions, espaces publics oppositionnels, ainsi que la résurgence des obsessions identitaires, sont des phénomènes qu’Habermas n’a pas prévus. Son modèle d’explication, qui devait assurer la base post-nationale d’une mondialisation démocratique, est en miettes. Après Habermas expérimente la même approche que celle qu’Habermas a appliquée au marxisme, en la poussant au bout.
Le résultat est une renaissance de la Théorie critique initiale, née au milieu de l’entre-deux-guerres, dans une Europe en plein doute. Dans un triple saut, Après Habermas Lire la suite…
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Article de Robert Maggiori dans Libération
Jean Salem, fils d'Henri Alleg, l'auteur de «la Question», demeure fidèle aux idéaux de son père.
Comme tous les soirs, il est avec sa grand-mère et sa tante, «autour de la grande table ronde de la salle à manger». Et voici que du «très volumineux appareil de radio», sort la nouvelle : «Henri Alleg s’est évadé. Toutes les polices de France sont à ses trousses.» Il se tourne vers Grannie : «C’est Papa ?» La vieille dame «se met à fondre en sanglots», cependant que Tatie explique «non pas une, mais quatre, ou six (ou douze ?) fois»qu’«on peut fort bien être un honnête homme, un bon garçon, un type droit, propre sur lui, etc., et se voir néanmoins jeté en prison».
Oui, c’était le papa de Jean. «Moins de trois mois plus tard, mon père, ma mère, mon frère et moi, nous nous retrouvions sur un quai de gare, à Prague, en Tchécoslovaquie […]. Nous avions traversé l’Allemagne. Par train. Et très discrètement. Quant à mon père, on peut dire que je faisais quasiment connaissance avec lui, puisque, depuis que j’avais eu mes trois ans, je ne l’avais jamais revu.»
Ebranlement. Jean Salem est à présent philosophe, professeur à la Sorbonne et directeur du Centre d’histoire des systèmes de pensée moderne. Il est l’un des grands spécialistes du matérialisme antique, à la tête d’une belle œuvre, qui porte sur Démocrite, Epicure et Lucrèce, mais aussi les Lumières, l’art de la Renaissance, les libertins du XVIIe siècle, Maupassant, Spinoza, Marx et Lénine.
C’est un homme charmant, d’une politesse exquise, surannée, toujours enclin à l’ironie, qui, parlerait-il de la bataille de Stalingrad ou de l’Ouzbékistan, ne rate jamais un imparfait du subjonctif. Il est né le 16 novembre 1952 à Alger. Il est le fils d’Henri Alleg, pseudonyme d’Harry Salem. Lorsque celui-ci s’évade, Jean a neuf ans.
Il ne sait rien des activités politiques de son père.
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