Avant le second tour
des élections départementales…
NE PAS SE TROMPER DE CIBLE
par Jean LEVY
Multipliant les sondages annonçant le FN, premier parti de France, avec 30% des suffrages, les médias – télés, radios, journaux – présentent le résultat obtenu par le Front national comme un échec comparé à …leurs pronostiques.
Les chiffres montrent au contraire le parti de Marine Le Pen en pleine ascension :
Avec plus de 25% des suffrages, le FN gagne 10% sur les dernières élections cantonales. Il est en tête dans 43 départements. Il engrange 8 élus dès le premier tour, contre un seul au total à l’issue du second en 2011.
Son score dépasse 30% dans une dizaine de départements et plus de 35% dans l’Aisne (38,67%), dans le Var (38,90%), dans le Vaucluse (37%40%), dans le Gard (35,54%), en Hte Marne (35,13%).
Le succès de ses candidats se situe aussi bien en Picardie, dans le Nord-Pas-de-Calais, en Lorraine, en Champagne, dans le Languedoc ou en PACA. Le FN dépasse 20% en Basse Normandie ou en pays toulousain.
On doit fortement s’inquiéter de la montée du FN de scrutin en scrutin et ne pas ignorer ou minimiser ce fait politique. Or, le PS comme l’UMP feignent de se rassurer du fait que la « grande marée » frontiste ne s’est pas muée en tempête annoncée.
Les ministres « socialistes » claironnent que leur parti n’a pas subi la fessée spectaculaire promise par les sondages et font mine d’avoir remporté une victoire du haut de leurs 25%. Or, le PS risque fort de perdre, après le second tour, la présidence d’une quarantaine de départements, voire davantage, quelques mois après le désastre des « municipales » et des « européennes ». Manuel Valls peut bomber le torse à la télé, il n’en reste pas moins un chef de gouvernement désavoué une nouvelle fois par le peuple.
Certes, le gagnant de ce premier tour est sans conteste la droite dure, celle de l’UMP, qui compte bien s’adjuger les dizaines de départements perdus par le parti « socialiste ». Nicolas Sarkozy plastronne, lorgnant la présidentielle de 2017.
Dans cette perspective, il se veut le chef de la vraie droite, décomplexée, dénonçant le « gauchisme » du Front national, ses prises de position contre l’Europe et ses accents sociaux. L’UMP, par la voix de son leader, tient à rallier l’aile extrémiste de l’électorat lepéniste.
François Fillon lui emboite le pas en prétendant à Europe 1 le 26 mars, que le parti de Marine Le Pen s'est prononcé pour les 35 heures, l'augmentation du SMIC, du retour à la retraite à 60 ans.
Ce qui est faut
L'UMP fait ainsi allégeance au Medef dans son expression la plus outrée.
Cette attitude n’effraie pas Manuel Valls.
Celui-ci, au contraire, décerne à l'UMP, un brevet de « républicanisme » et appelle les électeurs du PS à concourir à la victoire du parti des grands patrons, qui va pourtant lui ravir la majorité des sièges socialistes !
Attitude inconséquente de la part du parti socialiste?
Que non : entre l’UMP et le PS, il y a accord de fond sur l’essentiel : l’asservissement de notre pays au capital européen et à la soumission de notre politique aux objectifs européens du Medef et des 40 voleurs.
Nous sommes bien confrontés à l’UMPS, face rose, face bleue, selon les scrutins.
PS, UMP, FN, occupent donc l’espace politique.
Mais où sont passées les vraies forces populaires, progressistes, luttant pour la souveraineté du peuple et l’indépendance nationale ? Celles qui combattaient avec la Commune, celles qui dansaient, en juin 36 dans les usines occupées par les travailleurs, celles qui luttaient dans la Résistance ou dans les Forces Françaises libres, celles qui imposèrent les conquêtes sociales du Conseil national de la Résistance ?
Il faut le reconnaître : il n’y a plus en France de force organisée prônant une autre société, sans CAC 40 et sans actionnaires, sans spéculation et sans dividendes.
C’est un fait : cette absence laisse le champ libre à l’exploitation de la France et des Français par le capital bariolé aux couleurs diverses, dont les hommes se disputent ou s’accordent selon leurs intérêts.
Notre peuple doit rejeter, sans concession ces forces du déclin, PS, UMP, FN, ne pas choisir les uns contre les autres, ne pas déraper, au nom du « moindre mal », en votant PS pour éviter le FN ou l’UMP.
Face à un candidat UMP, PS ou FN, pas d'hésitation : l'abstention
Et agir pour rassembler tous ceux qui cherchent une autre voie afin que notre France, celle de Victor Hugo et de Robespierre, ne soit pas un pays d’esclaves.
Ce bon chemin ne peut se frayer que dans la clarté.