Contre les néo-nazis de Kiev, le centre Simon Wiesenthal prend position

Sur son site Web, le centre Simon Wiesenthal a officiellement et fermement condamné les décisions prises par le parlement ukrainien d’assimiler le nazisme et le communisme et de reconnaître les collaborateurs nazis locaux comme des « combattants de la liberté », leur permettant ainsi de bénéficier d’avantages particuliers.

Le Centre Simon Wiesenthal est une des plus vastes organisations juives internationales de défense des Droits de l’Homme avec plus 400 000 familles membres. Cette ONG est reconnue par les Nations Unies, l’UNESCO, l’OSCE, l’OEA, le Conseil de l’Europe et le Latin American Parliament (Parlatino). Dans une déclaration de son directeur Europe orientale et historien de l’Holocauste Efraim Zuroff, le centre a qualifié les décisions du parlement ukrainien de distorsion scandaleuse de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale et de l’Holocauste :

« Le vote d’une interdiction du nazisme et du communisme consiste à mettre à égalité le régime le plus génocidaire de l’histoire humaine avec le régime qui a libéré Auschwitz et contribué à mettre fin au règne de la terreur du Troisième Reich. Dans le même esprit, la décision d’honorer les collaborateurs nazis locaux et de les gratifier d’aides spéciales transforme les hommes de main d’Hitler en héros, en dépit de leur participation active et zélée au meurtre de masse de Juifs innocents. Ces tentatives de réécrire l’Histoire, qui sont répandues à travers les pays anciennement communistes d’Europe de l’Est, ne pourront jamais effacer les crimes commis par les collaborateurs nazis de ces pays, et ne font que prouver qu’ils ne disposent clairement pas des valeurs occidentales qu’ils prétendent avoir adoptées lors de leur transition vers la démocratie. »

Un an plus tôt, le blog Les Crises.fr avait publié une rétrospective historique sur le sort des Juifs en Galicie, en Ukraine, et sur les massacres de Volhynie où plus de 80 000 Polonais de confession juive furent assassinés par la très pro-nazie et ultra-nationaliste Armée Insurrectionnelle Ukrainienne (ou UPA : Ukrainska Povstanska Armiya).

Parallèlement, la communauté tchèque de Volhynie est quotidiennement victime d’exactions (ratonnades, viols, profanations de cimetières, destructions de biens, etc) commises par des Banderovtsi, milices ouvertement inspirées par Stepan Bandera, leader de l’UPA et de l’Organisation des Nationalistes Ukrainiens (OUN), et fondateur de la légion ukrainienne sous commandement de la Wehrmacht. La situation tragique de ces tchèques-ukrainiens a atteint un seuil suffisamment critique pour que Prague mette en oeuvre un programme de rapatriement vers la République Tchèque natale.

Depuis Maïdan, de nombreux journalistes et analystes politiques/militaires, atlantistes ou russophobes patentés, minimisent ou ferment volontairement les yeux sur la présence de figures néo-nazies dans l’appareil politique/sécuritaire ukrainien, sur les sinistres exactions du groupe paramilitaire ultra-nationaliste Pravy Sektor (Secteur Droit) contre des civils russophones du Donbass en guerre, et sur la nomination de son leader Dmytro Iaroch comme conseiller au ministère de la Défense ukrainien, chargé notamment de faciliter l’intégration des bataillons de volontaires de Pravy Sektor au sein de l’armée nationale.

Pourquoi Washington et Bruxelles sont-elles restées aussi silencieuses face au révisionnisme des officiels ukrainiens (et polonais) sur le rôle salvateur de l’ex-URSS lors de la commémoration de la libération d’Auschwitz ? Comment ne pas frissonner en voyant ces milices néo-nazies arborer fièrement leurs drapeaux nazis aux côtés du drapeau de l’OTAN ?

+ d’infos : Simon Wiesenthal Center Slams Decisions by Ukrainian Parliament to Equate Nazism and Communism and to Recognize Local Nazi Collaborators as « Freedom Fighters (Wiesenthal.com)