La tension remonte en flèche entre Israël, la Syrie, et le Hezbollah pro-iranien. En moins d’une semaine, l’aviation de l’Etat hébreu a en effet mené trois raids meurtriers sur des bases de missiles contrôlées par les hommes de Bachar al-Assad ainsi que sur des convois transportant des vecteurs que le régime de Damas livre régulièrement aux troupes de Hassan Nasrallah, le leader du Hezbollah. Principalement visées par les raids israéliens : la 155e et la 65e division de l’armée syrienne formées de soldats d’élite. Des fidèles parmi les fidèles qui sont chargés d’entretenir, de défendre et d’utiliser les armes stratégiques du régime de Damas. Plus spécialement les missiles Scud, qui hantent les cauchemars des stratèges de l’Etat hébreu.

«Intérêts menacés». Selon les ONG syriennes de défense des droits de l’homme ainsi que différents groupes rebelles qui ont révélé les derniers raids israéliens, au moins quarante soldats syriens auraient été tués. S’y ajoutent quatre membres du Hezbollah libanais pulvérisés par un missile dans la nuit de dimanche à lundi alors qu’ils se préparaient à poser uneroadside bomb (engin explosif télécommandé) près de la clôture de sécurité érigée par l’armée de l’Etat hébreu le long de la ligne démarcation avec la Syrie.

«Israël mène ce genre d’actions en Syrie lorsque ses services de renseignements estiment que les intérêts de leur pays sont menacés, que les armes transférées par le régime de Damas au Hezbollah rompent l’équilibre dans la région. En janvier, c’est d’ailleurs dans ce cadre qu’un convoi de jeeps civiles transportant un général iranien et ses adjoints, ainsi que des haut gradés du Hezbollah en reconnaissance du côté syrien du plateau du Golan, a été détruit, faisant douze morts», explique le chroniqueur militaire Alon Ben David. La différence avec les opérations précédentes, c’est que, cette fois, Israël a lancé plus d’attaques en cinq jours que sur l’ensemble de l’année 2014. Et a également causé plus de victimes. Cependant, pour circonvenir le danger d’un embrasement, Benyamin Nétanyahou et son ministre de la Défense, Moshe Yaalon, s’abstiennent de tout commentaire.

A l’instar d’Amos Gilad, un ex-général de Tsahal (l’armée israélienne) promu dans les hautes sphères du ministère de la Défense, et des autres porte-parole de l’Etat hébreu, ils se contentent donc de lâcher ici et là des petites phrases du genre «notre pays ne permettra pas le transfert d’armes au Hezbollah et aux autres organisations terroristes. Il défendra ses intérêts chaque fois qu’il l’estimera nécessaire». Quant au porte-parole de Tsahal, il fait également profil bas. En fait, il masque son silence embarrassé en proposant aux correspondants de la presse étrangère qui le contactent une série de reportages prémâchés sur… la mission de secours israélienne au Népal.

Cette politique du non-dit existait déjà le 6 septembre 2007 lorsque les chasseurs bombardiers de l’Etat hébreu ont visé un site nucléaire syrien secret bâti avec l’aide de l’Iran et de la Corée du Nord. Elle s’est poursuivie depuis lors bien que les dirigeants syriens et leurs alliés du Hezbollah ne soient pas dupes. «Si Israël revendiquait ses faits d’armes, le régime de Damas et le Hezbollah seraient obligés de riposter de manière spectaculaire et cela nous entraînerait dans une spirale de violence qui se grefferait sur celles déjà en cours. De cela, personne ne veut. Ni à Jérusalem, ni à Damas, ni sans doute au Hezbollah», affirme la chroniqueuse militaire Carmela Menashe.

Bouseux. Afin d’éviter une nouvelle détérioration de la situation, les communicants israéliens développent en tout cas, depuis lundi, une campagne tentant de faire gober à l’opinion internationale que les dernières frappes sur la Syrie ne seraient pas le fait de Tsahal mais de Jabat al-Nusra, la branche syrienne d’Al-Qaeda, pourtant en difficulté depuis quelques mois. A en croire cet argumentaire en vogue à Jérusalem, des groupes de bouseux islamistes mal organisés se seraient donc procuré des chasseurs bombardiers, des drones d’attaques et des bombes téléguidées au laser sans que personne ne s’en soit rendu compte auparavant. Même pas les services israéliens à l’affût de tout ce qui bouge. Dont acte.

Mais c’est difficile à croire. Sauf pour les médias de l’Etat hébreu qui reprennent le discours officiel quasiment mot pour mot et sans poser la moindre question. Comme s’il s’agissait de la Bible.