22 avril
Actu’Ukraine du 13 au 19 avril 2015
Focus de la semaine : Le point de non-retour est-il franchi en Ukraine ?
L’épreuve de force entre Porochenko et Kolomoïski a déclenché une purge des oligarques et une radicalisation idéologique nette du gouvernement. Les oligarques pouvaient encore tempérer les fous de guerre et amener doucement à un règlement du conflit en raison d’intérêts économiques bien compris, entre eux et la Russie entre autre. Leur perte d’influence au profit d’une logique purement idéologique telle qu’elle se déploie actuellement en Ukraine n’est pas bon signe…. Et les USA ne font rien pour aider à réfréner la spirale dans laquelle est entrée l’Ukraine. A des bataillons de volontaires qui reprennent les combats sur la ligne de front (point 3) et des assassinats d’opposants parfois en pleine rue (point 2), les USA répondent par envoyer des troupes en Ukraine (point 1), rejoignant les anglais et entrainant derrière eux les canadiens ! Ce qui est au mieux une démarche pragmatique d’opposition à la Russie (maintenant que les luttes de pouvoir à Kiev sont terminées, je sais à qui parler) et au pire une approbation de la dérive ukrainienne (La fin justifie les moyens, après les gentils ou méchants islamistes radicaux selon qu’ils sont pour ou contre Damas, on a les gentils ou méchants nazis selon qu’ils sont anti-russe ou pas).
Difficile de savoir comment tout cela va tourner, mais il serait très étonnant que la Russie ne réagisse pas…
1- les bruits de bottes occidentales
On se rappelle que Petro Porochenko avait été invité à la réunion de l’OTAN au Pays de Galles les 4 et 5 septembre 2014. Il était venu annoncé un cessez-le-feu au Donbass (the guardian). Maintenant, les militaires de l’OTAN arrivent en Ukraine.
• Déploiement discret de soldats anglais. Le 24 février 2015, David Cameron avait décidé d’envoyer 75 soldats britanniques pour la formation et le conseil des troupes ukrainiennes dans les domaines logistiques, médical, et du renseignement (the guardian). 35 d’entre eux sont arrivés mi mars à Nikolaïev, sur les bords de la Mer Noire pour entrainer l’armée régulière pour deux mois dans les domaines des combats défensifs et des soins aux blessés (novorossia.today, sputnik news). La Royal British Legion exporte son fameux coquelicot du souvenir, “remembrance poppy”. Ce symbole est omniprésent le 8 mai en Angleterre et au Canada. En Ukraine, avant 2014, l’emblème de cette journée était le ruban de Saint George (maintenant devenu l’emblème des Novorusses). Mais il est interdit depuis une loi votée à l’initiative du parti Svoboda (washington post). A la place, le coquelicot est proposé par l’Institut ukrainien de la mémoire nationale (news.pn). Il sera porté par tous les présentateurs de télévision et probablement aussi par les membres du Secteur Droit qui affectionnent les couleurs rouge et noir.
• Les USA ignorent les accords de Minsk. Le colonel Michael Foster, commandant la 173e brigade aéroportée a annoncé le transfert de 290 soldats de son unité depuis l’Italie vers Yavoriv, près de Lviv, pour “Relooker l’Europe” (youtube, les détails du plan sont annoncés de la 17e à la 20e minute). Les Américains sont bien arrivés à l’aéroport de Lviv le 15 avril. Il est prévu de former six compagnies de la Garde Nationale en six mois (army.mil). Le centre d’entrainement de Yaroviv appelé IPSC (International Peacekeeping and Sécurity Center) (ipsc.asv.gov.ua) a de la place pour au moins 1790 personnes (nato.int) et bénéficie de nouveaux bâtiments “aux normes européennes” qui ont été inaugurés par Porochenko, le 30 décembre 2014 (president.gov.ua). Une petite vidéo à l’entrée du Centre montre les drapeaux de différentes nations dont les Etats-Unis, l’Allemagne, la Pologne, et la Roumanie (youtube). Les troupes américaine y ont d’ailleurs déjà séjourné en 2014 dans le cadre d’exercices de l’OTAN. Le centre est prévu pour toutes sortes d’entrainements, y compris pour la conduite de chars T-64BV, d’hélicoptères Mi-8 et Mi-2 (president.gov.ua) et de drones (kyiv post).
Relooking Europe : The Role of Land Forces (Center for Strategic & International Studies – 2 mars 2015) (à partir de 14mn00 pour les infos sur les mouvements de troupes US en Europe de l’Est, dont l’Ukraine : youtube). Le général en question indique clairement (à partir de 15mn) que sa brigade (donc des parachutistes) va être en partie déployée cette semaine en Ukraine pour entrainer des forces ukrainiennes pour le combat en cours…
Le lundi 2 mars 2015, les USA avaient annoncé vouloir envoyer plusieurs centaines de soldats en Ukraine pour entrainer les forces armées ukrainiennes entre mars et octobre 2015 au International Peacekeeping and Security Center (IPSC), un vaste camp militaire situé près de Lvov dans l’ouest de l’Ukraine (zerohedge, sputnik news, sputnik news, defensenews.com, tass.ru, ipsc.asv.gov.ua), ceci malgré les avertissements des russes (zerohedge), la réticence de l’OTAN (tass.ru) et le contenu des accords de Minsk 2 (le point 10, rappellons-le, interdit la présence de forces armées étrangères ou de mercenaires en Ukraine). De plus, il y avait un flou inquiétant sur cette opération si l’on considère les répercussions géopolitiques potentielles. Certaines sources parlent de soldats de la garde nationale, d’autres de l’armée américaine, devant entrainer la garde nationale et/ou l’armée ukrainienne. Il est question de 300 militaires US ou de 1500 (chaque groupe de 300 assurant une partie de la période d’entrainement prévue sur 6 mois en tout : de mars à octobre 2015). Avec le but initial officiel, prévu en début d’année, d’entrainer 4 compagnies de la Garde Nationale ukrainienne pour “aider l’Ukraine à renforcer ses capacités d’opération de police, de défense intérieure et de maintien de l’ordre…”(defensenews.com).
Puis le commandant des forces américaines en Europe, le lieutenant général Ben Hodges, avait officiellement annoncé mi-mars que l’armée américaine reportait le programme d’entraînement pour “laisser plus de temps” à la mise en oeuvre des accords de Minsk 2 (ria novosti) dans un contexte ukrainien d’épreuve de force entre Porochenko et Kolomoïski… La nouvelle date du déploiement était alors fixé fin avril (rt, sputnik news).
Le paysage politique ukrainien étant “éclairci”, le déploiement s’effectue donc dans l’indifférence de l’esprit des accords de Minsk 2. Nom de code de l’opération : “Fearless Guardian” (Gardien sans peur) (russia insider, youtube, sputnik news,rt, ronpaulinstitute.org, dnr-news, defence24, army.mil, sputnik news, stripes, globalresearch.ca, presstv.ir, kielarowski.net, torchstonepageinc.com, newrussia.press,fortruss). Les USA vont même jusqu’à accuser les russes, via leur ambassadeur en Ukraine, d’installer des bases d’entrainement dans les républiques de Donetsk et Lougansk, ce qui dédouane les américains de faire de même dans l’ouest de l’Ukraine (uatoday.tv) et Kiev énumère les unités russes qui, selon elle, sont présentes en ukraine (m.rfi.fr). Le colonel tchèque Petr Pavel, le futur président de la commission militaire de l’OTAN, déclare que l’OTAN doit “rassurer” le public qu’il a les moyens et la volonté de s’opposer à la Russie (je ne suis pas sûr sûr que ce soit rassurant !) : ” A Czech general in line for a senior NATO post says the western military alliance was wrong-footed by Moscow’s moves in Ukraine and now has to reassure the public it has the means and will to confront Russia.”(abcnews.go.com). Dans le même genre, l’ancien secrétaire général de l’OTAN, Anders Fog Rasmussen, a déclaré dans une interview à Newsweek : “La Russie est plus dangereuse maintenant que l’URSS au temps de la guerre froide ; la Russie mène une guerre “imprévisible hybride” contre l’Europe, essayant de saper les pays de l’intérieur ; elle pourrait adopter une tactique semblable à celle qu’elle applique en Ukraine” (vz.ru).
Les crises a consacré, le 19 avril 2015, un billet spécial sur ce déploiement américain (les-crises.fr).
• Stockage d’armes lourdes américaines en Roumanie. Le media gouvernemental UNIAN a réemment appelé la Roumanie, le “nouvel ami de l’Ukraine” (unian). Le budget militaire de la Roumanie est celui qui augmente le plus, en pourcentage, des pays de l’OTAN, passant de 1,36% du PIB en 2014 à 1,7% en 2015, et visant 2% en 2017. Récemment, la Roumanie a accepté de “remplir ses obligations envers l’alliance” et d’accueillir de l’équipement lourd américain sur son sol (russia insider). La Roumanie a comme par hasard une frontière commune avec l’Ukraine et de plus située à l’ouest du pays, comme le déploiement d’instructeurs américains.
L’objectif assigné à la Roumanie selon un site très pro-Maidan (euromaidanpress.com) serait de se préparer à combattre à Odessa contre la Russie. Il est en effet possible qu’Odessa se détache de Kiev puisque le conseil municipal évoque la possibilité d’obtenir le statut de port franc (news.pn) et qu’au dernier recensement, en 2001, 65% des Odessites déclaraient avoir la langue russe comme langue maternelle, et 30% la langue ukrainienne.
A noter également la cas de la Moldavie qui est coincée entre la Roumanie et l’Ukraine et dont la région de Transnistrie à fait sécession après une guerre civile et est protégée depuis par un important contingent russe. Mi mars 2015, lors d’une entrevue avec son homologue roumain, Porochenko a envisagé d’intervenir pour rattacher cette république sécessionniste (wikipedia, novorossia.today,novorossia.today) à la Moldavie. Comme l’Ukraine n’arrive pas à faire intervenir la Russie à l’est du pays, elle va essayer de la faire intervenir à l’ouest, histoire d’avoir “sa” guerre contre la Russie…
La Transnistrie lui avait alors répondu par une lettre (fortruss) qui revient en termes non diplomatiques à lui dire de “s’occuper de ses oignons” :
We, the residents of Transnistria, were quite surprised by the manifested concern for the restoration of the historic state borders from Petro Poroshenko and, in turn, intend to express consent, provided, however, that Ukraine will return to its historical homeland, that is, to Russia, to restore the territorial integrity of the Russian lands. What actually Your citizens of Ukraine have been demanding for more than a year.Dear Mr. Poroshenko, we’re surprised that You started with the integration of foreign states, not starting with your own. In order to show us an example of how to come to terms with your historical homeland, now You just must demonstrate on your own example and restore the historic injustice of the collapse of the Great Union, the nuclear super-power.
In case You deny Russia to return its rightfully Russian land, then we will be forced to refuse You, too, because if You do not find the strength to return home, then what right do You have to return us somewhere?
Sincerely we hope that You come to your senses and integrate into the Russian Federation, where people will start to live normally and not like now – only existing and surviving.
With respect, the residents of Transnistria.
• Contexte historique Ukraine/Canada et déploiement prochain de soldats canadiens en Ukraine.On peut penser que les 1.3 millions de Canadiens d’origine ukrainienne, sur une population totale de 33 millions exercent un poids significatif sur la politique du Canada ; ce n’est pas tout à fait faux, mais c’est aussi un peu simpliste. En effet, si tous les Ukrainiens d’Ukraine ne soutiennent pas nécessairement l’actuel gouvernement de Kiev, il en est de même pour les immigrés ukrainiens, qui ont pu venir tout autant de Kiev, que de Crimée ou du Donbass (voir l’affaire du pianiste Valentina Litsina ). En fait “l’histoire d’amour” entre le Canada et l’Ukraine est assez ancienne (ahmedbensaada.com)
Il y a eu trois grandes vagues d’immigration d’Ukrainiens au Canada :
– 1918-1920 : de nombreux nationalistes anti-communistes ayant fui la guerre civile dans l’empire russe entre “blancs” et “rouges”
– 1945 : les soldats de la division SS Galychina (Galicie) (wikipedia, wikipedia) qui se sont rendus aux américains et aux anglais, transférés en Angleterre puis se sont installés en Argentine, aux États-Unis et au Canada (.nationalpost.com). “Littman, who has been researching Nazis in Canada since 1980, said the 14th Volunteer Waffen-SS Grenadier Division, aka the Galicia Division, largely comprised Ukrainians who served with Nazi police battalions and death squads. The surviving 9,000 division members surrendered to the British at war’s end, and were taken to England. In 1950, Britain appealed to Commonwealth countries to admit them. Canada agreed to take 2,000, after being assured that their backgrounds had been checked and that they were cleared of complicity in war crimes.” (jweekly.com).
- 1991 : des ukrainiens de tous bords, fuyant la corruption et une économie désastreuse.
Ce sont les deux premiers groupes qui nous intéressent. Souvent originaire des campagnes, ces Ukrainiens se sont installés dans les riches provinces agricoles que l’on surnomme les plaines (Alberta, Manitoba, Saskatchewan). S’étant enrichis, ces groupes ont pris un poids significatif dans la politique canadienne où les fonds privés sont très importants.
Ensuite, il faut comprendre que le Canada n’aide pas l’Ukraine gratuitement, et là encore il y a pour le Canada deux bonnes raisons de contrer la Russie en Ukraine, à défaut, de maintenir le chaos dans le pays :
- Le Canada est derrière la Russie dans de nombreux domaines ; extraction de minerais, production de gaz, production de pétrole… mettre la Russie au ban des nations pourrait permettre au Canada de récupérer des marchés que la Russie perdrait (lapresse.ca)
- Le Canada est un des leaders dans l’extraction d’hydrocarbures de schiste. Des licences d’exploitation en Ukraine pourraient fournir un rapide retour sur tous les investissements que le Canada a fait en Ukraine,
Le déploiement a été annoncé par le premier ministre canadien le 14 avril 2015 pm.gc.ca, pm.gc.ca,facebook, thestar.com, russia insider, novorossia.today, lefigaro.fr, sputnik news). L’OTAN, par le biais de U.S. European Command (EUCOM), a aussitôt remercié le Canada (facebook)
Officiellement, le but de ce déploiement serait la formation des troupes ukrainiennes. Selon le bureau du premier ministre, les militaires canadiens seront déployés « à la fois à long terme et sur une base périodique, selon le type de formation offerte ». Les soldats canadiens seront notamment appelés à « offrir de la formation sur la neutralisation d’explosifs et de munitions, à assurer la formation de policiers militaires, à fournir de la formation médicale, à offrir de la formation sur la sécurité des vols et à donner de la formation sur la modernisation du système de logistique ». La majorité des formateurs, environ 150 soldats, seront déployés dès cet été depuis les deux brigades mécanisées de la garnison Petawawa (Ontario) qui a opéré entre-autre en Bosnie et en Afghanistan. Ils seront principalement stationnés au centre d’entrainement que l’OTAN a installé à Yavoriv, près de la frontière polonaise. Le même centre qui accueille en ce moment les soldats américains. Ce qui fait qu’en été, il y aura près de 500 soldats anglo-saxons en Ukraine. Le reste des soldats canadiens déployés en Ukraine consiste en 25 soldats qui partageront leur expérience en Afghanistan (pour rappel, il y a un certain nombre de vétérans ukrainiens qui ont fait la guerre d’Afghanistan de 79), 5 médecins formateurs, 15 formateurs de la police militaire, entre 5 et 10 formateurs des forces aériennes canadiennes, 5 formateurs en logistique. Fait intéressant, présent sur le message de l’ambassade canadienne en Ukraine, cette mission est censée durer près de deux ans pour se terminer fin mars 2017 ! Donc bien après la mission américaine qui devrait prendre fin en octobre 2015 (facebook) !
Répartition des soldats canadiens en Ukraine (pbs.twimg.com). En plus de Yavoriv, il est question du centre de déminage de Kamyanets-Podilsky.
Le coût de l’opération canadienne en Ukraine est estimé à 16 millions de dollars canadiens (12 millions d’euros), et fait partie de l’aide de 578 millions de dolllars canadiens (438 millions d’euro) annoncée récemment par le gouvernement canadien (ici.radio-canada.ca, cbc.ca).
La Russie juge cette décision “déplorable” (theglobeandmail.com, sunherald.com, dailystar.com.lb) et que c’est le contraire de ce qu’il aurait fallu faire (russia insider, russia insider). À regarder les commentaires des internautes canadiens – francophones et anglophones – il semblerait que tous les Canadiens ne soient pas dupes. Même le chef de l’opposition officielle, Thomas Mulcair, qui pourtant a soutenu le financement canadien d’Euromaidan, exprime des réserves sur l’envoi de troupes canadiennes en Ukraine.
Et puisque visiblement la question lui a été posée, le ministre canadien de la défense Jason Kenney a affirmé que les troupes canadiennes ne formeraient que la garde nationale ukrainienne et des battaillons reconnus par Kiev et qu’elles ne feront pas affaires avec les milices (néo-nazies). Un certain nombre de spécialistes, y compris dans la diplomatie canadienne restent cependant sceptiques (Ottawacitizen.com).
Traduction du message Facebook de l’ambassade du canada en Ukraine(https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=446998298788366&id=270529536435244 )
• Armes israéliennes ?Une brève découverte sur ridus.ru, le 15 avril (ridus.ru à 20 h 13 ) qui mentionne la possibilité de livraisons d’armes à l’Ukraine et la Géorgie par Israël en réponse à l’annonce de la fourniture de missiles S-300 à l’Iran par la Russie, en dépit de l’embargo sur les armes vers l’Ukraine. La logique à l’oeuvre est que la Russie livre des armes à un ennemi d’Israel, donc Israel peut livrer des armes à un ennemi de la Russie… L’ennemi de mon ennemi est mon ami, même s’il a massacré 200 000 juifs durant la seconde guerre mondiale (nrg.co.il)… Sans connaissance des médias israéliens, il est difficile de dire s’il s’agit d’une info ou d’un billet d’humeur…
Le 16 avril, au cours de sa séance annuelle de questions-réponses (tass.ru), Vladimir Poutine vient de répondre aux craintes exprimées par Israël au sujet des S-300 pour l’Iran: “Мы считаем, что в условиях, которые складываются в регионе, особенно в связи с событиями в Йемене, поставки оружия подобного рода являются сдерживающим фактором”, – подчеркнул он.”Nous estimons qu’avec la façon dont cela tourne dans la région, particulièrement en relation avec les événements du Yemen, la fourniture d’armes de cette sorte est un facteur modérateur” .
Le 19 avril, un média israélien international, Times of Israël, sort un article intitulé “Poutine avertit Israël de ne pas vendre d’armes à l’Ukraine” . Sous-titre de l’article : “Des représailles israéliennes contre la livraison de S-300 à l’Iran seraient « contre-productives », selon le président russe” (timesofisrael.com) . Dans le contexte psychologique du Moyen-Orient, ce type de phrasé revient à inciter israël à livrer des armes pour ne pas avoir l’air de céder…
Toujours est-il que l’Ukraine est déjà en relation étroite avec Israël dans le domaine de la défense, surtout via la société ukrainienne Fort qui produit de l’armement militaire léger (pistolets, fusils d’assaut,…). Dernièrement un accord de production sous licence du fusil israélien de dernière génération TAR-21 “Tavor” (world.guns.ru) a été conclu entre IWI (Israël) et Fort, pour devenir le Fort-224 (thefirearmblog.com, catalog.use.kiev.ua). Dans cette vidéo de début mars, on peut voir le secrétaire du “Conseil de défense et de sécurité nationale”, Tourtchinov (wikipedia) équipé de cette arme (youtube).
• Inspecteurs militaires occidentaux.
Les Cyber Berkuts, hackers ukrainiens pro russe, ont publié le 13 avril 2015 la liste de 58 inspecteurs militaires occidentaux qui vont séjourner en Ukraine du 12 avril au 6 mai 2015 : “We, CyberBerkut, warn the population of Donbass, and also we inform the population of Ukraine: in the near future the criminal management of the occupied Ukraine plans carrying out of some provocations on border with Donetsk and Lugansk National Republics. Besides, in the near future the Kiev Junta plans continuation and escalating of escalation of the military conflict in the Southeast of Ukraine – informs our secret-service device from Kiev. So, in time from April, 12th till May, 06th, 2015, to Ukraine arrives and the group of the Western military Inspectors will conduct the antinational activity. Among them military men of the inspector of the USA, Poland, Estonia, Finland, Turkey, Norway, Estonia, Latvia, France, Denmark, Austria, Spain, Albania, Portugal, Croatia, Iceland, Germany, Iceland and Slovakia. By itself, that the greatest number of inspectors (which goes besides the separate list) have directed the USA. Confirming to told, confirming to that the West and further plans «to distribute councils» how the Ukrainian Junta better and more effectively to kill the peace population of Donbass, we result a number of documents” (cyber-berkut.ru 13.04.2015 The Western Military Inspectors all in considerable quantities arrive to Ukraine et 15.04.2015 Photos of the Western Military Inspectors in Ukraine, colonel cassad). Il y a deux Français parmi eux…
Colonel Cassad se demande s’il ne s’agit pas là de créer les bases d’un centre de commandement de l’OTAN en Ukraine (colonel cassad). Certains de ces observateurs étaient, toujours selon Colonel Cassad, présent sur le Maidan en 2014 : 2 lituaniens et 1 américain.
• Ambassadeur d’Australie. Fait notable, l’Australie vient, pour la première fois de son histoire, de nommer un ambassadeur en Ukraine, Doug Trappett (uatoday.tv, dfat.gov.au) avec de plus, rapprochement prévu entre les deux pays via des organisations non gouvernementales communes (ozeukes.com). Fin mars, l’Australie avait étendu ses sanctions contre la Russie (themoscowtimes.com).
2- Chasse aux sorcières et assassinats politiques
• La chasse aux sorcières, version intimidation. Perquisition dans l’appartement de Vitaliy Skorohodov, médecin, journaliste et bloggeur. Originaire et habitant de l’Ouest de l’Ukraine, V. Skorohodov est connu pour ses convictions antifascistes, il n’a jamais soutenu le coup d’état dans son pays. Actuellement il travaillait à des livres sur les crimes et la renaissance du fascisme dans l’Ouest de l’Ukraine (antifashist.com). A ce jour, V. Skorohodov a dû quitter le pays.
• La Chasse aux sorcières, version prison. Prisonnier d’opinion, le journaliste ukrainien Ruslan Kotsaba, arrêté depuis le 7 février (voir actu ukraine ), risque 15 ans de prison pour “haute trahison ” et “entrave à l’action de l’armée”. R. Kotsaba a été présent à l’Est de l’Ukraine depuis les premiers affrontements, il étais le premier (et le seul?) journaliste ukrainien officiellement accrédité par LNR et DNR. Il a toujours nié l’intervention de l’armée russe en Ukraine. Son appel contre la mobilisation (youtube, youtube) a crée pas mal de soucis pour la campagne de mobilisation (segodnya.ua). Discour de R. Kotsaba au tribunal (youtube) ou il s’adresse aux journalistes : “chacun peut etre assusé d’éspionage pour avoir critiquer le gouvernement” et ” je vois actuellement le psychose et hysterie de guerre dans les média”
• Meurtre de Sergei Soukhobok, journaliste freelance, à Kiev. Ce meurtre aurait été commis dans la nuit du 12 au 13 avril, indique le média ukrainien “Obkom” (obkom.net.ua, novorossia.today). Sergei Soukhobok était un ressortissant du Donbass, co-fondateur des médias sur internet “ProUA” (proua.com.ua) et “Obkom” (obkom.net.ua). La police a arrêté jeudi 16 avril les deux meurtriers qui sont deux voisins étant en conflit avec lui depuis longtemps et qui l’ont tué après avoir trop bu (news.pn). Il s’agirait donc bien d’un meurtre au sens pénal et non d’un assassinat (qui est un meurtre avec préméditation). Il ne semble pas y avoir de mobile politique à cet acte.
• La chasse aux sorcières, version élimination.
Un ex-député du parti des régions a été assassiné à Kiev devant la porte de son appartement (pravda.com.ua, ukranews, obkom.net.ua, unian.info, sputnik new, rt, interpretermag.com, unian.net, podrobnosti.ua). Oleg Kalachnikov, un des organisateurs de l’Antimaidan, avait reçu des menaces entre autres pour son appel à fêter le 70ème anniversaire de la Victoire dans la Grande Guerre Patriotique (vz.ru).
• Liste noire hébergée par l’OTAN. Le dossier de Kalachnivov (psb4ukr.org), ainsi que celui de Oles Buzina, assassiné le lendemain (politrussia.com) et de beaucoup d’autres “divergents” sont visibles sur le site “Mirotvorets” (c’est à dire “celui qui apporte la paix”) (psb4ukr.org) disponible, avec des qualités de traduction diverses, en 38 langues ! Ce site de dénonciation, fondé il y a un an par un des hommes qui montent, Gerashchenko, a été créé afin de recueillir les informations concernant les personnes qui sont considérées comme une “menace à la sécurité nationale ukrainienne”. Les données personnelles des personnes y sont exposées : biographie, l’adresse, le numéro de téléphone ainsi que leurs comptes sur les réseaux sociaux. Il comprend notamment une partie “Purgatoire” où sont recensés près de 30.000 séparatistes, terroristes, mercenaires, ‘traitres à la Patrie” et criminels de guerre. On y retrouve Kalachnikov, Bouzina, Sukhobok et d’autres. Le site bénéficie du soutien du SBU et du ministère de l’intérieur. De plus, cerise sur le gâteau, ce fameux site “Mirotvorets” est hébergé aux USA et renvoit sur un sous-domaine du domaine officiel de l’OTAN : nato.int (regnum.ru, myip.ms, myip.ms, analyse du trafic similarweb.com) !
Donc en clair, l’OTAN facilite, sinon coordonne, la création d’une base de données de gens à éliminer en Ukraine en complète complicité avec le régime en place. Ni l’OTAN, ni Kiev ne se salit pas les mains directement, mais laissent le sale boulot à des idiots utiles exaltés du patriotisme…
• Encore un assassinat politique à Kiev. Le journaliste, écrivain, ex rédacteur en chef du quotidien “Segodnya”, Oles’ Buzina a été tué de cinq balles, dont une dans la tête, devant l’entrée de son immeuble (sputnik news, segodnya.ua, unn.com.ua). O. Buzina était connu pour sa position antifasciste et antimaidan tout en restant patriote de l’Ukraine. Il figurait dans la “liste noire” du Ministère de l’Intérieur ukrainien (vz.ru). Élimination des contestataires, mais où va ce pays ! Qui peut être le suivant ?
Quelques jours auparavant , O. Buzina a participé en direct à une émission de radio “Vesti” (youtube,youtube) pendant laquelle un sondage a été réalisé : à qui les auditeurs font-ils le plus confiance : à “Oukrainskaya Pravda” (média mainstream ukrainien) ou au site buzina.org ? (buzina.org) 56% ont voté pour le site du journaliste.
Toujours est-il que Porochenko a exigé que les enquêtes sur ces assassinats soient réalisées le plus rapidement possible”. Il est évident que ces deux assassinats sont des événements à mettre sur un même plan. Leur nature et leur signification politique sont compréhensibles : c’est une provocation délibérée qui apporte de l’eau au moulin de nos ennemis. Elle a été conçue dans le but de déstabiliser la situation intérieure de l’Ukraine et de discréditer les choix politiques faits par le peuple ukrainien” -a déclaré le chef du gouvernement. (obkom.net.ua).
Le conseiller du ministre des affaires intérieures, A. Geraschenko, renforce cette vision des choses en sous-entendant que les meurtres de O. Kalachnikov et O. Buzina aient été organisés par Moscou (unian.net) ( de toutes façons quoi qu’il se passe, pour Kiev, c’est la faute de Moscou, on commence à avoir l’habitude). Liachko (parti radical) insulte la mémoire de Bouzina sur sa page Facebook (vz.ru). Quant à Pravy Sektor, son porte-parole déclare qu’il n’aurait pas fallu tuer Kalachnikov et Bouzina même s’ils étaient ukrainophobes, il aurait fallu faire passer en procès le premier et déconseiller la lecture des livres du deuxième (gordonua.com).
• Erreur ou montage de sauce ?
Sputnik News rajoute à la liste des assassinés Olga Moroz, rédactrice en chef de “Netechinski Vestnik” en le datant du 16 avril (sputnik news, lecourrierderussie). Alors que les fait remonteraient au 15 mars selon d’autres médias (kp.ru, newsru.com). Olga Moroz travaillait avant sa mort sur un article traitant de l’exploitation forestière illégale en Ukraine.
• Très molle réaction de l’Occident à la vague d’assassinats en Ukraine. Alexeï Poushkov, président de la commission des affaires internationales de la Douma, a commenté sur son micro-blog Twietter la réaction occidentale aux assassinats et “suicides” d’opposants politiques qui ont eu lieu en Ukraine ces jours derniers:”На убийства в Киеве Запад отреагировал предсказуемо вяло. Ни слова не сказали ни Обама, ни Кэмерон, ни Меркель. Дежурные осуждения не в счет” “Comme c’était à prévoir, l’Occident a réagi très mollement aux assassinats de Kiev. Ni Obama, ni Cameron, ni Merkel n’ont prononcé un seul mot. Les phrases de circonstance, ça ne compte pas.” (twitter). On voit au passage dans quelle estime est tenu notre Grand Timonier hexagonal, puisqu’il n’est même pas cité au nombre de ceux qui “comptent”. De son côté, la Vice-Directrice du service de presse du Ministère russe des Affaires étrangères déclare que “les purges ont commencé à Kiev ; il est effrayant également que les responsables des pays de l’Union européenne ne remarquent pas l’élimination jour après jour des acteurs de l’Anti-Maidan”. (vz.ru).
Réaction du ministère des affaires étrangères de Grande Bretagne : on ne commente pas les meurtres des non britanniques (ria novosti). Deux poids deux mésures puisque ce même ministère avait présenté les condoléances à la famille de B. Nemtsov et condamné son assassinat (ria novosti) ! La presse britannique est moins avare (bbc, theguardian, reuters). En France, L’Express a sorti un article sur le sujet intitulé “Ukraine: Kiev en proie à une inquiétante série de meurtres politiques” en se focalisant sur Oles’ Buzina. Des journalistes s’inquiètent donc avant tout que l’on assassine l’un d’entre eux (lexpress.fr)… Aux USA, la porte-parole du département d’état, Marie Harf, lit mécaniquement une bréve note résumée par la phrase “Any violence concerns us.” (unian.info, youtube.com).
• Implication possible du SBU et bouc émissaire ultra nationaliste. Selon Vesti ua, le SBU utilise les groupes radicaux pour mener ses propres projets à bien (vesti-ukr.com). Le rédacteur en chef de ce média en rajoute une couche sur la coopération entre les organes de sécurité et les groupes radicaux. Pour lui il s’agit de l’honneur des autorités ukrainiennes de trouver l’assassin du journaliste. Il interpelle personnellement Guerachtchenko dans l’article (vesti-ukr.com).
Unian, de son côté, annonce que l voiture des assassins de Bouzina a été retrouvée. Elle avait des plaques d’immatriculation italiennes, auparavant Guerachtchenko avait annoncé que les plaques de la voiture étaient lettones ou bielorusses (unian.net). Le 17 avril, l’UPA (Armée Insurrectionnelle Ukrainienne), branche militaire du parti ultra nationaliste ukrainien OUN formé en 1929, aurait revendiqué les deux assassinats (fortruss).
• Après Kalachnikov et Bouzina, ce pourrait être le tour d’Elena Bondarenko. L’ex-députée du Parti des Régions, Elena Bondarenko, a en effet reçu des menaces de mort et a été prévenue qu’elle serait la “prochaine victime” (vz.ru). Elena Bondarenko est une femme courageuse qui n’a jamais envoyé dire ce qu’elle avait à dire – et ce qu’elle a à dire ne plaît pas du tout au pouvoir de Kiev. A ce titre, au début de l’été 2014, elle avait été la cible de la colère de Tourchinov qui présidait la Rada. Bondarenko, en séance et parlant depuis la tribune, avait demandé à l’assemblée une minute de silence pour les victimes civiles du Donbass, et violemment critiqué le gouvernement pour y avoir envoyé l’armée et fait tirer sur la population civile pacifique. Tourchinov avait alors vivement réagi en lui disant ” Nous n’avons pas besoin de propagande russe. L’armée ukrainienne protège la population, et vous en faites partie. Vous devriez être à genoux devant l’armée ukrainienne.( à 1′ 07″ dans la vidéo)”Puis il l’avait chassée de la tribune et renvoyée à sa place (youtube). Dans une autre vidéo (hélas non sous-titrée en français: youtube), elle avait “bâché” une journaliste ukrainienne en lui disant tout net“Je ne vais pas répondre à vos questions provocatrices” ( 0′ 22″) ), “En ce moment, vous participez à de la propagande de guerre” (0′ 35″ – 0′ 37″ ), elle lui dit deux fois “Vous débitez des mensonges” ( “Voui vriotié” à 0′ 36″ et 0′ 38″), “Vous participez en ce moment à de l’information provocatrice” (1′ 05″ – 1′ 08″). Entre 1′ 18″ et 1′ 34″, elle lui dit “Si vous continuez à propager des mensonges (deux fois), vous allez dégoûter votre public qui ne va plus vous croire. C’est la seule et unique recette pour gagner la bataille de l’information: dire la vérité! “
Aujourd’hui, elle en appelle à une protection officielle par le ministère de l’intérieur à cause des menaces qu’elle reçoit par le biais de faux comptes facebook, mais aussi de personnes réelles… et pense à quitter l’Ukraine (vz.ru).
3- La reprise des combats
• Rupture réelle du cessez-le feu ? La journée du dimanche pascal orthodoxe (12 avril) a été chaude à certains endroits d’Ukraine, les services du ministère de la défense de la DNR ont enregistré 66 violations du cessez-le-feu (ridus.ru à 09 h 36 ). Rappelons qu’à Donetsk même, dimanche en fin de soirée, un hôpital ainsi qu’une maison d’habitation ont été touchés par un obus. A Shirokino, les habitants ne peuvent pas sortir des caves parce que leurs snipers tirent aussi bien sur les soldats séparatistes que sur les civils. Dans l’oblast de Donetsk, l’activité militaire est redevenue intense, les forces ukrainiennes ont bombardé avec des pièces d’artillerie lourde automotrices la localité de Zhobniki, elles tirent également sur Peski, Spartak et l’aéroport de Donetsk. Les journalistes civils signalent la présence dans les hôpitaux de Donetsk de nombreux soldats séparatistes blessés (ridus.ru,youtube). L’OSCE, dans son rapport paru le lendemain dénombre pas moins de 700 explosions (unian.info).
Les observateurs de l’OSCE rendent compte ce lundi de combats près de Donetsk et à Shirokino (près de Marioupol) (sputnik news) dans deux bulletins speciaux :
Spot report by OSCE Special Monitoring Mission to Ukraine (SMM): Renewed intensive fighting around Donetsk city and Shyrokyne, 12 April 2015 (osce.org) et Spot report by the OSCE Special Monitoring Mission (SMM) to Ukraine: Renewed Intensive Fighting in the Shyrokyne Area, 12 April 2015 (osce.org) Le chef de la mission de l’OSCE en Ukraine exprime son désarroi et sa consternation devant cette reprise des combats dans un autre bulletin : OSCE Special Monitoring Mission Chief Monitor expresses dismay at resumption of fighting in eastern Ukrainian, calls for restraint (osce.org).
La Mission de l’OSCE en Ukraine est de plus en plus difficile. L’Ukraine et les républiques de l’Est se méfient d’eux quand ils ne les accusent pas carrément d’espionnage comme le ministre ukrainien des affaires étrangères, Pavlo Klimkin (dnr-news.com). A Shirokino, des snipers ukrainiens les prennent pour cible (novorossia.today).
La reprise des combats est imputée conjointement par l’Ukraine et les républiques de l”Est à Praviy Sektor près de Donetsk (russia insider) et à Azov à Shirokino près de Marioupol. Donc, que des bataillons de volontaires… L’armée régulière ne semble donc pas incriminée.
• L’armée ukrainienne est plus honnête que les bataillons de volontaires. Il y a quelque temps, on avait pu lire que les bataillons de volontaires étaient souvent à l’origine de provocations diverses et de diffusions de rumeurs. La chaîne ukrainienne “112″ a publié aujourd’hui des précisions quant à une nouvelle rumeur qui s’était répandue à partir du 12 avril au soir. Des combattants ukrainiens avaient alors prétendu que l’armée de la république de Donetsk (DNR) avait tiré sur Peski et les positions ukrainiennes avec des munitions de type interdit, en particulier au phosphore. Le porte-parole de l’état-major général des Forces Armées Ukrainiennes (FAU), Alexeï Mazepa, a déclaré aujourd’hui à ce propos : «Фосфорные боеприпасы на наших позициях замечены не были, использовалось исключительно обычное вооружение», “Aucune munition au phosphore n’a été remarquée ni employée sur nos positions, les armes utilisées ont été exclusivement des armes conventionnelles.” Une mise au point qui fait plaisir, d’une certaine manière (112.ua). Le 17 avril, UNIAN sort un article intéressant de la part d’un média tout ce qu’il y a d’officiel selon lequel les officiers ukrainiens et russes du poste d’observation de l’OSCE à Donetsk ont indiqué qu’une “force tiers non identifiée” provoquait à la fois les forces armées ukrainiennes et les milices novorusses : “The OSCE SMM said that according to both Ukrainian Armed Forces and Russian Federation Armed Forces officers at the observation point, an unidentified ‘third party’ was provoking the two sides.” (unian.info)
4- Analyse de Xavier Moreau (17 avril 2015)
• Entretien non-aligné avec Xavier Moreau (avril 2015) – Partie 01 (youtube). L’interview datant du 17, elle ne prend pas en compte les développements les plus récents.
Lundi 13 avril 2013
• Un peu de normalité dans ce monde de brutes. Les trolleybus font leur retour à Lougansk, spécialement pour Pâques et pour la première fois depuis juillet 2014 (lenta.ru).
• Les Assange/Anonymous ukrainiens. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore, il existe un groupe de hackers nommé “Cyber Berkuts” qui s’introduit de préférence dans les ordinateurs des ministères ukrainiens pour révéler ce que le public n’a pas le droit de savoir. Parmi leurs “faits d’armes”, il y a eu dès août 2014 une intrusion dans les ordis du ministère de la défense ukrainien, et divulgation des pertes en matériel dues au premier “chaudron” de 450 soldats des FAU coincés contre la frontière russe du sud-est, et complètement abandonnés par leur commandement. Ils avaient pu rentrer chez eux en échange de l’abandon de tout leur matériel. “”Dans la période entre le 21 juillet et le 5 août 2014, les “forces répressives” ont fait cadeau aux séparatistes de:- 22 tanks, – 26 BMP (blindés de transport de fantassins), – 17 BTR (blindés de transport, avec un canon de petit calibre), 4 unités d’artillerie automotrices 2C9 “Nona” (avec un canon de 122), 4 unité d’artillerie automotrices CAY 2C1 “Gvozdika”, 12 systèmes de tir “Grad” (les “orgues de Staline” modernes), 5 obusiers D 30, 10 mortiers de 82 mm, 13 batteries sol-air ZY-23-2, 75 tracteurs automobiles. Cela, à la suite du 1er chaudron.”
Ensuite, les Cyber Berkuts ont rendu visite à l’ordi du procureur général d’Ukraine Yaréma (qui ne l’est plus à l’heure actuelle) et divulgué, par le biais des réseaux sociaux, la multitude des plaintes déposées contre les membres des bataillons de volontaires, en particulier ceux de “Aïdar” qui, en permission, commettaient des violences et des meurtres gratuits envers la population civile, la plupart du temps sous l’empire de l’alcool. Yaréma voulait garder cela sous le coude, il a été obligé de le reconnaître.
Hier, le 13 avril 2015, ils ont publié la liste de 58 inspecteurs militaires occidentaux qui vont arriver en Ukraine (voir focus de la semaine).
• L’Ukraine a augmenté son budget militaire de 23% en 2014 et pourrait le doubler en 2015.C’est sûr que c’est la priorité dans un pays proche de l’effondrement économique et censé avoir signé un accord de cessez-le-feu (latribune.fr, sipri.org) ! Côté chiffres cela donne 4 milliards USD en 2014 pour l’Ukraine. En comparaison, les USA sont à 610 milliards USD en 2014 (en baisse de 6,5%) et la Russie à 84,5 milliards USD (en hausse de 8,1%). Les dépenses mondiales sont de 1776 milliards USD (en baisse de 0,4%), soit 2,3% du PIB mondial. (noter la coincidence : les dépenses mondiales correspondent à la date de la déclaration d’indépendance des USA !).
• Nouvelle compétition de record du monde : l’invasion russe de l’Estonie ! Le 21 janvier dernier, Brzezinski sortait devant le U.S. Senate Armed Services Committee que “Poutine pouvait prendre Riga (Lettonie) et Tallinn (Estonie) en un jour” (baltictimes.com)… et que cela signifierait une guerre totale avec l’Ouest (c-span.org, news.err.ee). Le 11 avril, le président estonien, Thomas Ilves, entre dans la compétition et déclare, après les premiers exercices de la force de réaction rapide de l’OTAN (russia insider) que la Russie pourrait occuper le pays en 4 heures (qui dit mieux ?) : “It (la force de réaction rapide de l’OTAN) would get here in, what, a week? Five days?… But if you look at the exercises that are done by our neighbour (La Russie), they’re basically instantaneous. They’re here and it’s over in four hours.” (vz.ru, telegraph.co.uk) ! Ilves a dû légèrement s’expliquer en Estonie sur ces propos ce lundi, se défendant en disant qu’il s’appuyait sur des rapports de l’OTAN et ne mettait pas en question la qualité de l’armée estonienne (3800 soldats en temps de paix,16 000 en temps de guerre… C’est sûr que contre un poids lourd comme la Russie, il faut sortir le chrono !) (vz.ru).
le président estonien, Thomas Ilves
• Focus sur la Finlande. La communauté des états Nordiques (Islande, Norvège, Danemark, Suède et Finlande) a décidé de renforcer les exercices militaires en collaboration avec l’OTAN pour faire face à “la menace russe”, suivant la dénomination les ministres de la défense de ces pays. Et ce, bien qu’une des conseillers du ministre de la défense norvégiens avertisse que cela pourrait être vraiment très mal perçu par la Russie (yle.fi) : “The analyst, who is also a member of the Norwegian Defence Minister’s expert advisory team, said that Russia can be expected to interpret the move towards closer Nordic defence cooperation as aggression. “You have to take into account that there will be negative reactions from the Russian side; this however should not be emphasised,” she added.”
Et c’est surtout suite à la tension poussée par cette décision que le chef d’état major finlandais essaie de calmer le jeu en disant que la Russie n’a rien fait pour être perçu comme une menace par la Finlande… mais que quand même le pays va renforcer sa préparation: “Russia has done nothing that could be considered to pose an acute threat to Finland, says the Commander of the Finnish Defence Forces Jarmo Lindberg. He says Finland must nevertheless re-evaluate its defence preparedness, due to the increased volume of military activities near its borders.” (yle.fi). De son côté, le ministre des affaires étrangères finlandais n’a pas apprécié de ne pas avoir été consulté avant la signature de cette lettre qui est à l’origine de ces nouvelles tensions : “The newspaper article from the Nordic defence ministers and the Russian Foreign Ministry’s response are both not to Finland’s Foreign Minister’s liking. He says no one discussed plans for a joint publication on Nordic defence cooperation with him ahead of time.”(yle.fi). Du coup, le ministre de la défense essaie d’adopter un profil bas, vu que les experts des pays concernés et son collègue des Affaires Etrangères ont montré que c’était une ânerie (yle.fi). Cela étant, on peut comprendre, il y a les élections législatives la semaine prochaine en Finlande, et la peur est un très bon moteur pour récupérer des voix. Lles militaires permanents et réservistes comptent pour 400 000 personnes environ, ce qui semble assez peu, mais qui représente pratiquement 10% des votants. Si les centristes sont favoris dans les sondages, les euro-sceptiques/OTAN-sceptiques (si si, ça existe !) sont deuxièmes. Pendant ce temps, les entreprises finlandaises continuent à faire du business et gagner des sous en Russie (yle.fi).
Malgré tout, ce sont effectivement les centristes (modérés) qui ont remporté les élections de dimanche 19 avril, suivis des euronatosceptiques au détriment du gouvernement sortant, plus libéral et atlantiste (yle.fi).
Une adhésion de la Finlande n’est toujours pas à l’ordre du jour, et si elle l’était, tous les partis – y compris natophiles – sont d’accord sur le fait que cela devrait passer par un referendum (yle.fi).
• Dégonflage de la bulle du sous-marin russe fantôme. Le Ministère des Affaires étrangères russe a commenté les déclarations d’un responsable des forces armées suédoises (vz.ru) selon lesquelles le “sous-marin russe” qui avait été frénétiquement recherché en octobre dernier dans l’archipel de Stockholm était simplement un “navire technique” vz.ru). D’ailleurs le ministre finlandais de la défense, Carl Haglund (Suédophone), avait qualifié dès le départ cette affaire de vaudeville, soulignant qu’outre le ridicule de n’avoir rien trouvé, il n’était pas très judicieux de montrer à tout le monde, donc à des ennemis potentiels tout le dispositif suédois de défense et de recherche (yle.fi).
• Un ex-président polonais prédit un troisième Maïdan et dit “ça suffit, ce rêve d’Europe”.(ridus.ru article en russe, tvn24.pl article en polonais)
“Un troisième Maïdan menace l’Ukraine, après lequel l’attend un virage net vers la Russie”. C’est ce qu’a déclaré, lors d’une interview sur TVN24, l’ex-président de Pologne, Alexandre Kwaznievski. “Poutine attend le moment où le peuple ukrainien, excédé, organisera un troisième Maïdan et dira: “Ca suffit, ces rêves européens, parlons déjà avec ceux qui sont en mesure de nour aider réellement.” . Il a ajouté qu’en Ukraine, il se trouve obligatoirement des politiciens qui se représentent le dialogue avec Moscou comme la seule manière de sortir de cette crise, et la génération plus âgée soutient calmement cette idée. Kwasnievski a également recommandé de lutter contre les oligarques, lutte que mène le président Porochenko. ” Pour suivre une telle politique, il est évidemment nécessaire de prendre des décisions douloureuses, et cette façon de procéder est très compliquée pour Petro Porochenko, qui est lui-même un oligarque.” a souligné Kwaznievski.
Cet ex-président n’est pas la seule voix discordante en Pologne. Le parti politique polonais “Alliance de la gauche démocratique” ( Sojusz Lewicy Demokratycznei ) (SLD) considère comme une “gifle pour la république” la décision qu’a prise la Rada suprême d’Ukraine de qualifier de “combat pour l’indépendance” les activités le l’organisation des nationalistes ukrainiens et de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (ONU-AIU, en caractère cyrilliques ОУН-УПА), toutes deux interdites en Russie. Cette déclaration a été publiée le 13 avril sur le site officiel du parti (sld.org.pl ).
• L’arroseur arrosé.…Les sanctions contre la Russie, tout le monde le sait, étaient une très mauvaise idée. La Russie a riposté, ce qui n’était pas prévu par les européens, mais logique pour la Russie… Parmi les pays de l’UE les plus touchés, il y a l’Allemagne. (Juste retour de son acharnement …). Aujourd’hui, c’est Siemens qui dévoile les conséquences de la riposte russe: le chiffre d’affaires de Siemens en Russie a fondu de moitié ! deutsche-wirtschafts-nachrichten.de). Plus encore que l’article, le commentaire d’un lecteur est amusant à lire: 13 Avril 2015 à 17:38 Bruno a écrit: “Ces Messieurs de chez Siemens avaient pourtant toujours dit que l’on assumerait les sanctions contre la Russie. Et que l’entreprise supporterait ces pertes en se jouant. Là, on a encore une fois fait l’addition sans le patron! A long terme, ce sont toutes les affaires avec l’Est que notre économie va perdre. Celui qui ne respecte pas des contrats de livraison fermes pour des raisons politiques n’a aucun droit à se plaindre. Ces commandes vont être récupérées et menées à bien par les Chinois ou les Indiens. Cela signifie que l’Allemagne va perdre à plus ou moins long terme le plus grand marché qu’elle avait. Même après levée des sanctions, il n’y aura plus guère là-bas de commandes pour Siemens, et c’est très bien ainsi. Et ce monsieur Kaeser (Nota: le PDG de Siemens) n’a rien dans la culotte.”
Encore une fois, force est de constater qu’en Allemagne, il y a encore des médias capables de parler des choses qui fâchent. A ce propos, quelqu’un a-t-il des nouvelles de nos “Mistral” ?
• Rencontre “Format Normandie”. Les ministres des affaires étrangères de “quatuor normand” ( France, Allemagne, Russie, Ukraine) se sont retrouvés lundi à Berlin. Selon P. Klimkin, les parties n’ont pas pu trouver l’accord sur toutes les questions (segodnya.ua). A l’est, rien de nouveau (lemonde.fr).
• Fusion en vue dans le paysage religieux ukrainien. L’église orthodoxe ukrainienne est divisée en trois chapelles dont deux ne reconnaissent pas l’autorité du Patriarche de Moscou, l’équivalent du Pape pour l’église orthodoxe. Ces deux églises parletn de rapprochement, peut-être pour mieux s’emparer des églises et monastères de la troisième, fidèle à Moscou, sur le territoire ukrainien (unian.info)…
Mardi 14 avril 2015
• Ambiance d’insécurité à Kiev (suite). Le précédent Actu Ukraine (les-crises.fr) avait mentionné, pour le dimanche des Pâques orthodoxes, deux alertes à la bombe à Kiev: ” Pour le jour de Pâques, il y a eu à Kiev deux alertes à la bombe, l’une vers 17 h. dans un grand centre commercial, l’autre dans une station du métro. (pravda.com.ua)
Un anonyme a annoncé que le centre commercial du quartier Obolonski (wikipedia) allait sauter. Le personnel et les visiteurs ont été évacués. Un peu plus tôt, les médias avaient annoncé qu’à la suite d’un appel anonyme, la station de métro “Arsenal” avait été fermée pour cause d’alerte à la bombe.”
Aujourd’hui mardi 14 avril, c’est encore le même journal qui annonçait à 12 h 08 une nouvelle alerte à la bombe, cette fois à la station “Theatralnaya” (pravda.com.ua), pour annoncer un peu plus tard, à 13 h 13, qu’il n’y avait pas de bombe (pravda.com.ua).
• Bonne et mauvaise nouvelles. La bonne d’abord. Le journaliste donné pour mort dimanche dernier à Donetsk ne serait que blessé (rt). Mauvaise nouvelle, un autre journaliste a sauté sur une mine aujourd’hui à Shirokino. Il est gravement blessé (novorossia.today, Tag(s) : #Europe