François Hollande est arrivé ce lundi matin à Doha pour assister à la signature officielle du contrat de vente de 24 Rafale français au Qatar. AFP/CHRISTOPHE ENA
François Hollande était à Doha ce lundi pour la signature officielle du contrat de vente de 24 Rafale français au Qatar. Le président de la République se rendra ensuite en Arabie Saoudite où il sera l'invité d'honneur d'un sommet du Conseil de coopération des Etats arabes du Golfe (CCG).
Le fruit de plus de deux ans de travail discret et dix voyages diplomatiques confidentiels.
Mardi, le chef de l'Etat rejoindra Ryad (Arabie Saoudite) où il sera l'invité d'honneur d'un sommet du Conseil de coopération des Etats arabes du Golfe (CCG). Une première pour un chef d'Etat occidental.
Un contrat de 6,3 milliards d'euros
«Good choice !» (Bon choix, ndlr). Accompagné des ministres des Affaires étrangères et de la Défense, Laurent Fabius et Jean-Yves Le Drian, François Hollande s'est en fait félicité de la signature de deux contrats. Le premier, conclu par l'Etat du Qatar avec les industriels Dassault Aviation, constructeur du Rafale, et le fabricant européen de missiles MBDA qui en fournit l'armement, officialise donc la vente de six Rafale en version biplace et 18 en version monoplace, pour 6,3 milliards d'euros.
Et le second, confidentiel, est un accord intergouvernemental, portant sur la formation de 36 pilotes et d'une centaine de mécaniciens. Il est également question de l'instruction d'officiers de renseignement car le Rafale, appareil «multirôle», est aussi un avion de reconnaissance doté de puissants moyens d'observation.
Une «feuille de route» franco-saoudienne
Juste avant la signature de ces contrats, François Hollande s'est entretenu en privé avec l'émir du Qatar, cheikh Tamim Ben Hamad Al-Thani. Tous deux devaient notamment évoquer les multiples crises qui secouent la région, à commencer par la guerre au Yémen. Le chef de l'Etat compte bien imposer la France comme interlocuteur privilégié entre les dirigeants du monde arabe et l'Europe. Dans la foulée de son court séjour au Qatar, le président français s'envolera dès l'après-midi pour l'Arabie Saoudite. Il doit s'entretenir dans la soirée avec le roi Salmane.
François Hollande sera le premier chef d'Etat occidental reçu à Ryad depuis le vaste remaniement annoncé mercredi à la tête du royaume (cf. encadré), premier exportateur mondial de brut. Il sera également l'invité d'honneur d'un sommet du Conseil de coopération des Etats arabes du Golfe (CCG) qui réunit l'Arabie saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis, Oman, le Koweït et le Qatar.
Une autre première pour un chef occidental.
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RT EN FRANCAIS :
L’Arabie saoudite bombarde le Yémen
avec les bombes à fragmentation américaines
La coalition arabe menée par l'Arabie Saoudite, utilise des bombes à fragmentation lors des raids aériens contre les Houthis au Yémen, a rapporté Human Rights Watch. Une pratique qui met en danger la population civile exposée aux sous-munitions non éclatées.
Ces dernières semaines, la coalition a utilisé des bombes à fragmentation dans la province yéménite de Saada, à la frontière nord l’Arabie Saoudite qui est historiquement contrôlée par les rebelles, a annoncé Human Rights Watch.
«Ces armes ne doivent être utilisées en aucune circonstance. L’Arabie saoudite et les autres membres de la coalition ainsi que leur fournisseur américain bafouent les standards globaux qui rejettent les munitions à fragmentation à cause de la menace à long terme pesant sur la population civile», a déclaré Steve Goose, directeur du pôle armements à Human Rights Watch.
Une cartouche de CBU-105 retrouvée au Yémen. Photo de http://www.hrw.org
Les armes à fragmentation contiennent des centaines de sous-munitions explosives qui se diffusent sur une zone étendue. Ce type d’arme est dangereux parce que certaines sous-munitions n’explosent pas immédiatement et peuvent rester dormantes pendant des décennies avant de s’exploser. Les civils et des enfants sont typiquement les premières victimes de tels pièges.
Une convention internationale signée par 116 pays interdit l’utilisation des munitions à fragmentation, mais les Etats-Unis, l’Arabie saoudite et le Yémen lui-même ne sont pas parmi les signataires. Les règlements d’exportation américains, néanmoins, requièrent que toutes les armes à fragmentation vendues aux nations étrangères soient seulement utilisées contre «des cibles militaires clairement définies et ne soient pas utilisées dans les endroits où il y a des civils ou dans des régions habitées».
Human Rights Watch dit avoir reçu des preuves vidéo et photo ainsi que des témoignages d’habitants selon lesquels la coalition utilisait les bombes à fragmentation lors des raids aériens contre les Houthis. Dans un cas, elles auraient été lâchées dans un champ, à 600 mètres de plusieurs dizaines d’habitations civiles.
Pour répondre à la protestation de "Human Rights Watch" contre l’usage, par l’Arabie, de bombes à fragmentation, de type CBU-105, au Yémen, Ahmed Assiri a affirmé que son pays avait utilisé ces bombes, afin de viser des équipements militaires. «Si ces bombes sont illégales, pourquoi les Etats-Unis nous les vendent-ils ?»
La France va-t-elle ainsi permettre à l"Arabie saoudite d'utiliser des Rafales pour larguer ces bombes interdites ?