Retraites complémentaires :
voici ce que "propose" le MEDEF
"Le Parisien" dévoile les simulations de l'Agirc et l'Arrco faites à partir des propositions patronales. Les négociations avec les syndicats sont au point mort. Aucun accord n'est à attendre avant décembre.
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Sur la pile des dossiers de rentrée de la nouvelle ministre du Travail, Myriam El Khomri, c'est sans doute l'un des plus épineux ! Comment éviter la faillite des régimes complémentaires de retraite ? A cette question, cinq séances de négociations depuis six mois n'ont pas suffi aux organisations syndicales et patronales pour y répondre.
Chaque séance est un dialogue de sourds. L'accord vivement souhaité par Manuel Valls pour sauver les caisses Arrco (salariés) et Agirc (cadres) est encore très loin. Un énième rendez-vous, fixé le 16 octobre, et présenté comme décisif, ne le sera certainement pas ! Selon nos informations, plusieurs autres dates sont déjà en train de se discuter en coulisses. Une rallonge du calendrier des discussions qui devrait repousser jusqu'en décembre, au moins, une probable signature.
« Ils sont face à leurs responsabilités. Chacun doit faire les pas nécessaires pour y aboutir », a lancé le Premier ministre la semaine dernière, visant, sans le dire, leMedef où, selon nos informations, une guerre entre deux camps fait rage.
Situation urgente
D'un côté, les jusqu'au-boutistes (proches de la Fédération des assurances) défendent le principe d'une décote dégressive et temporaire avec des abattements de 30, 20 et 10 % sur les pensions versées les trois premières années pour tous les départs avant 65 ans, ainsi que la baisse future du niveau des pensions des retraites complémentaires (voir les simulations faites à la demande de la CGT par les caisses Agirc et Arrco). Ils sont décidés à ne plus rien lâcher et agitent même l'épouvantail d'une baisse définitive des pensions à l'horizon 2018 si aucune mesure n'est prise. L'autre camp patronal, où pèse la puissante fédération UIMM (industrie), défend, lui, désormais, un compromis. Il consisterait à couper la poire en deux, avec des taux d'abattement revus encore de moitié, et à accepter une hausse -- certes minime -- des cotisations patronales pour ne pas braquer définitivement les syndicats, sachant que d'autres dossiers de négociations, comme le Code du travail ou l'assurance chômage, arrivent après. Côté syndical, tous réclament une hausse des cotisations patronales. La CGT, qui organise demain une campagne auprès de ses cadres, est contre le principe des abattements. La CFDT et la CFTC (qui tient son congrès le 17 novembre prochain) se sont montrées ouvertes à des taux ne dépassant pas 10 et 5 %, à condition que le patronat fasse des efforts. FO pourrait également se rallier à cette position, ainsi que la CFE-CGC.
Cette rentrée s'annonce donc chaude pour les négociateurs, d'autant qu'une série d'études rappellent l'urgence de la situation. Avec la crise économique, l'arrivée des papys-boomers à la retraite et le chômage de masse, l'Agirc et l'Arrco ont vu leurs déficits respectifs se creuser à 1,985 milliard et 1,153 milliard en 2014. Si rien n'est fait, leurs réserves seront épuisées d'ici à 2018 pour l'Agirc, à 2027 pour l'Arrco.
Le traitement de choc du patronat
Les pensions complémentaires Arrco (salariés) et Agirc (cadres) sont versées à 12 millions de bénéficiaires. Elles représentent en moyenne la moitié de la pension des cadres, un quart pour les autres salariés. Explications de ce que propose le Medef.
Une manière de reporter l'âge de la retraite. Le Medef a proposé sa solution choc d'un malus sur les pensions, avec en filigrane un report insidieux de l'âge de départ à la retraite à 65 ans. Il s'agit d'appliquer une décote dégressive sur les allocations retraite versées entre 62 et 65 ans. Un retraité de 62 ans verrait sa retraite complémentaire amputée de 30 %, puis de 20 % l'année suivante et ainsi de suite pour retrouver son taux plein à 65 ans. Pour les carrières longues, même traitement à partir de 60 ans avec des taux moins élevés. Les pensions élevées sont les plus pénalisées.
Le montant des économies attendues. De l'ordre de 1 à 2 Mds€ d'économies réalisées chaque année, principalement sur le dos des bénéficiaires des pensions les plus élevées
SOURCE: Le Parisien