L’hebdomadaire britannique dit ainsi que ce « plan pour réduire l’évitement de l’impôt des multinationales est une opportunité ratée ». Il rappelle que ces pratiques permettent une économie d’au moins 240 milliards de dollars, une estimation « très conservatrice », soulignant que la part des profits des multinationales faite dans des parasites fiscaux a doublé. Il reconnaît des progrès de transparence mais souligne que des pays (notamment les Etats-Unis) ont barré la route à des réformes pour contrôler les flux entre filiales, notamment sur les très controversés prix de transferts, rejetant les idées de taxer à proportion du chiffre d’affaires pour éviter les manipulations. The Economist en finit par regretter qu’en l’absence de progrès, les pays finissent par prendre des mesures unilatérales pour limiter les abus.
L’effarante différence de traitement de cette annonce par le Monde et The Economist amène à se poser des questions. Il faut reconnaître, malgré des désaccords idéologiques majeurs avec le second, une capacité à prendre du recul sur ses idées qui lui permet de critiquer la désertion fiscale, ou même les excès de profits ! A contrario, le Monde, qui était capable de sortir des affaires contre le PS dans les années 1990, évolue de plus en plus vers un capitalisme de connivence, pas seulement dogmatique, mais aussi de mauvaise foi, là où l’hebdomadaire anglo-saxon a été capable decritiquer durement le « racket » de la justice étasunienne contre BNP Paribasou la « collectivisation des pertes et la privatisation des profits » des grandes banques lors de la grande crise financière de 2008 et 2009.