Le parti de l'opposante birmane Aung San Suu Kyi a revendiqué lundi une victoire écrasante aux élections de la veille, confirmée par de premiers résultats officiels ouvrant la voie à un basculement historique.
La Ligue nationale pour la démocratie (LND) a remporté 15 des 16 premiers sièges de députés annoncés lundi par la commission électorale, qui s'est lancée dans une long égrenage des résultats, incluant pêle-mêle chambre haute et basse du Parlement national, et assemblées régionales.
Barack Obama s'est rendu vendredi au Myanmar (Birmanie) pour assister à un sommet de l'ASEAN. C'était sa seconde visite depuis 2012. La lune de miel entre les deux pays semble achevée. Washington a pris récemment des sanctions contre certains dignitaires du régime.
Malgré l'entrée de Aung San Suu Kyi au parlement, un quart de celui-ci est contrôlé par le ministre de la défense, les négociatiosn avec les guérillas des minorités ethniques et si le pays s'est ouvert à l'étranger il reste parmi les plus corrompus et les violations des droits de l'homme y restent nombreuses (à l'égard des journalistes, des Rohingyas musulmans etc) et préoccupent même la Chine.
Si diverses ONG reprochent à Obama de ne pas faire suffisamment pression sur le régime birman, peut-être sousestiment-elles les actions clandestines. Le lendemain du passage du président américain à l'université de Yangon, les étudiants ont manifesté, amplement relayés par Voice of America qui dénonce le déclin universitaire du pays sous la dictature des généraux.
Faut-il voir dans cet embryon de mouvement étudiant une illustration d'une stratégie américaine discrète pour faire bouger le régime en influençant sa jeunesse, comme USAID a avoué l'avoir fait aussi récemment à Cuba et au Venezuela ?
Obama a fait ouvrir un bureau d'USAID au Myanmar en 2012 et en novembre 2013, l'agence américaine avait exposé trois programmes de partenariat entre universités américaines et birmanes. L'université d'Indiana a reçu 1 million de dollars d'USAID pour collaborer avec celle de Yangon.
Ce travail souterrain pour former des "managers" birmans à l'américaine, hostiles aux généraux, pourrait bien, à terme, être plus crucial pour faire basculer le pays dans l'orbite américaine que les sanctions à court terme contre les officiels.