Au contraire de son homonyme et légendaire ouvreur des All Blacks, le secrétaire d'Etat US à la défense Carter ne brille pas par sa finesse.
Au contraire de son homonyme et légendaire ouvreur des All Blacks, le secrétaire d'Etat US à la défense Carter ne brille pas par sa finesse. Ce néo-con affirmé s'est lancé samedi dernier dans une violente, et candide, diatribe à l'égard de la Russie et de la Chine, coupables - je vous le donne dans le mille - de "menacer l'ordre mondial sous leadership américain".
Sans blague, Ashton... Quelle naïveté de lier ouvertement les deux axiomes et d'avouer ainsi que, dans la vision de nos Folamours du Potomac, l'un se confond avec l'autre. Par contre, il faudra dire à notre dinosaure du Pentagone que l'ordre mondial n'est plus vraiment sous contrôle US depuis un bout de temps.
Voyons dans le détail les reproches.
Avec une invraisemblable mauvaise foi, Carter pousse des cris d'orfraie devant les "bruits de bottes" russes dans le domaine de l'armement nucléaire, se posant "des questions sur la détermination des dirigeants russes à conserver la stabilité stratégique et leur respect des normes prévues pour la non utilisation des armes nucléaires". Petit Ash oublie simplement de nous expliquer pourquoi les Etats-Unis ont quitté le traité ABM en 2002, pourquoi, toujours sous l'administration Bush, ils se sont lancés dans le douteux bouclier anti-missile et enfin pourquoi ils installent maintenant des ogives nucléaires en Allemagne. Cela ne pose-t-il pas plutôt des questions sur les intentions des dirigeants américains ? Ah mais oui, suis-je bête, c'est l'ordre mondial, et l'ordre mondial fait ce qu'il veut puisqu'il est justement l'ordre mondial. Tautologique...
Surtout qu'en face, c'est l'ogre russe qui s'apprête à dévorer les ménagères européennes et syriennes de moins de 50 ans. Pensez donc : "la Russie a violé la souveraineté de l'Ukraine et de la Géorgie [le coup d'Etat de la CIA contre un président élu, ça compte pas...] et essaie d'intimider les pays baltes [les manoeuvres de l'OTAN dans ces mêmes pays baltes ne constituent évidemment qu'un bucolique cache-cache]. En Syrie, la Russie met de l'huile sur le feu en prolongeant la guerre civile qui créé l'extrémisme que la Russie dit vouloir stopper [alors celle-là, elle est énorme ! La fourniture américaine d'armes à Al Qaeda va bien sûr contribuer à l'apaisement général...]
Petit Ash a un autre problème : la Chine. Là, les critiques sont plus troubles, évasives. Au final, son principal défaut est... de devenir puissante ! Et oui, encore l'ordre mondial, que voulez-vous.
Si Moscou a simplement bâillé devant ces geignardises puériles, Pékin a salué les déclarations de l'occupant du Pentagone par un nouveau tir de missile extra-atmosphérique. Les satellites américains survolant la Chine n'auront qu'à bien se tenir... Cerise sur le gâteau, l'Iran a mis son grain de sel, sommant Carter de "surveiller son langage". Et le ministre iranien de la défense de continuer : "Les Américains ne peuvent plus cacher leur horrible et agressif visage derrière leurs slogans mensongers. Leur vraie nature est sortie il y a quelques années et aucun pays ne considère les Etats-Unis en tant que partenaire".
Aïe, petit Ash ne l'avait pas vu venir celle-là et se fait taper sur les doigts. Pour un coup d'essai, c'est un coup de... centimètre.