La direction d’Air France a assumé jusqu’au bout sa logique répressive. Jeudi, quatre salariés d’Air France qui étaient passés en entretien préalable à sanction suite aux arrachages de chemises du 5 octobre ont appris leur licenciement pour faute lourde, c’est-à-dire sans indemnités ni préavis. La procédure est encore en cours pour un cinquième salarié qui bénéficie d’un mandat syndical (CGT), puisque l’inspection du travail et les instances représentatives du personnel doivent d’abord être consultées avant qu’une sanction à son encontre puisse être prononcée. Un sixième salarié échappe au licenciement et fera l’objet d’une mise à pied, d’après l’AFP. Par ailleurs, onze salariés, tous des personnels au sol, ont écopé d’une mise à pied sans solde de quinze jours pour avoir participé, selon la compagnie, à l’« effraction » d’une grille d’accès. Pour les deux pilotes auxquels il est reproché d’avoir ouvert de l’intérieur les portes d’accès au siège, « la procédure se poursuit » et des « entretiens préalables se tiendront prochainement », selon Air France. La compagnie affirme avoir pris ces décisions « de façon juste, équitable, proportionnée et rigoureuse » et rappelle que « le refus de toute violence » fait partie des « valeurs fondamentales » du groupe. Elle précise que les salariés ont pendant dix jours la possibilité de déposer « un recours gracieux » pour « suspendre la sanction prononcée ».
Si ces représailles ne sont pas une surprise, elles ont été accueillies avec beaucoup de colère de la part des salariés et de leurs représentants, qui dénoncent une chasse aux sorcières. « Lors des entretiens préalables de nos collègues du sol, la direction a, dans un premier temps, refusé de visionner les vidéos qu’elle avait elle-même mises dans le dossier à charge », a réagi l’intersyndicale (CGT-SNGAF-FO-CFTC-Alter-SNPL-SNPNAC-SNPNC-Spaf-SUD Aérien-Unsa-Unac) dans un communiqué, soulignant qu’« aucune des vidéos des salariés incriminés ne montre de violences physiques à l’encontre de qui que ce soit ». Une partie des mécaniciens de la branche Air France industries à Roissy a débrayé dès le lendemain de l’annonce des sanctions. Quant à l’intersyndicale, qui avait appelé au rassemblement et à la grève le 19 novembre pour exiger l’arrêt des poursuites judiciaires et la réintégration des salariés licenciés, elle doit se réunir aujourd’hui à 13 h 30 pour définir de nouvelles formes d’action, à la suite de l’interdiction de tout rassemblement après les attentats. En attendant, le PCF, le Parti de gauche, le NPA et Lutte ouvrière ont apporté leur soutien aux personnels licenciés. Au-delà des sanctions disciplinaires, onze salariés seront en outre convoqués au tribunal correctionnel de Bobigny, le 2 décembre, pour dégradations.