Portugal: après le Bloc de gauche, le PC annonce à son tour un accord avec le PS - © PATRICIA DE MELO MOREIRA - AFP
Portugal : le Parti communiste s’associe aux socialistes pour faire tomber le gouvernement de droite
Après le Bloc de gauche, le Parti communiste portugais (PCP) a annoncé vendredi 6 novembre avoir trouvé un accord avec le Parti socialiste. Le PCP ouvre ainsi la voie à une alliance de gauche permettant de faire chuter l’exécutif de droite, minoritaire au Parlement.
Ces trois partis, associés aux Verts, disposent ensemble de 122 députés sur 230, soit plus que la majorité requise pour rejeter, mardi ou mercredi, le programme du gouvernement et provoquer ainsi sa démission. Les formations sont arrivées à une position commune pour installer au pouvoir un gouvernement de gauche, conduit par les socialistes.
Le gouvernement de coalition de centre droit dirigé par le conservateur Pedro Passos Coelho, dont le Parti social-démocrate (PSD) est arrivé en tête des élections législatives du 4 octobre, a prêté serment il y a une semaine, sans avoir de majorité à l’Assemblée, dominée par l’opposition.
M. Passos Coelho a reconnu vendredi qu’il risquait de se retrouver dans l’opposition dès la semaine prochaine, quand il présentera son programme au Parlement. Il a prévenu :
« Si les socialistes m’empêchent de poursuivre ma tâche et si je me retrouve de fait dans l’opposition, j’assumerai mes responsabilités. »
Le Bloc de gauche, parti d’extrême gauche, a de son côté précisé que l’accord passé avec les socialistes visait à « défendre les emplois, les salaires et les retraites » face au programme d’austérité défendu par M. Passos Coelho.
Une telle alliance constituerait une première depuis l'avènement de la démocratie au Portugal en 1974, et semblait inimaginable il y a encore quelques semaines en raison des divergences historiques entre les socialistes et une gauche radicale réputée eurosceptique.
A en croire le chef du Parti socialiste Antonio Costa, les deux partis de la gauche antilibérale sont cependant prêts à mettre entre parenthèses leur rejet du traité budgétaire européen, signé en 2012, et leur exigence de renégocier la dette publique qui frôle les 130% du PIB.
La Croix
La Commission politique du Parti socialiste portugais a annoncé dans la nuit de dimanche à lundi qu'elle demanderait à ses députés de faire tomber, mardi, le gouvernement minoritaire de droite, dont le programme est débattu à partir de lundi au Parlement.
L'instance dirigeante du parti, qui s'est prononcé à une large majorité (69 sur 74), a aussi donné son feu vert à la formation d'un gouvernement socialiste soutenu par une alliance inédite avec les partis de gauche antilibérale.
"La formation et l'approbation d'un gouvernement par le Parlement sont garanties" ainsi que "les conditions de stabilité sur l'ensemble de la législature", a affirmé la Commission politique dans un communiqué cité par l'agence Lusa.
Antonio Costa doit cependant faire face au sein de son parti à un courant contestataire emmené par l'eurodéputé Francisco Assis, farouchement opposé à une alliance à gauche qui serait, selon lui, "une erreur historique".
Si plusieurs centaines de militants étaient attendus vendredi soir à une réunion des dissidents, M. Assis s'est engagé à ne pas les appeler "à briser la discipline de parti" lors du vote, car sinon "le pays deviendrait ingouvernable".