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Le chef de l'Etat portugais, Anibal Cavaco Silva, a officiellement nommé Premier ministre, mardi 24 novembre, le dirigeant socialiste Antonio Costa, mettant fin à des semaines d'impasse politique et ouvrant la voie au premier gouvernement socialiste soutenu au Parlement par les communistes du PCP et le parti anti-austérité Bloc de gauche.
C'est une alliance de la gauche qui prend les rênes du pouvoir à Lisbonne. Le socialiste Antonio Costa a accédé au poste de Premier ministre, à la faveur d'une alliance inédite avec la gauche radicale.
C'est pour la première fois, plus de quarante ans après la fin de la dictature, que le Portugal a un gouvernement, dans lequel les socialistes sont alliés aux communistes et à la gauche radicale. Le but affiché de cette alliance est de « tourner la page de l'austérité ».
Une nomination sous conditions
Et c'est justement ce qui inquiète dans certaines chancelleries européennes, où l'on se demande si une politique anti-austérité permettra au nouveau gouvernement de Lisbonne d'honorer les engagements budgétaires pris par le pays, il n'y a pas si longtemps, lorsqu'il a bénéficié d'un plan d'aide financière.
Jean LEVY
pour "canempechepasnicolas" :
Nous nous félicitons naturellement de l'éviction du gouvernement Pedro Passos Coelho, (PPD/PSD-CDS - PP) représentant directement les intérêts du capital portugais et de l'oligarchie européenne, dont la droite était le porte-parole à Lisbonne.
Nous notons que le nouveau Premier ministre PS Antonio Costa s'est engagé à pratiquer, selon le vœu de la majorité du peuple portugais, une politique de rupture avec l'austérité, de concert avec le Parti communiste portugais et le Bloc de Gauche, qui soutiendront le pouvoir sans y participer. Ce sera la première fois depuis 1975, que le PCP sera associé dans une majorité avec le Parti socialiste.
Nous nous félicitons de l'échec du président de la République, Aníbal António Cavaco Silva, dans sa tentative de mettre en place un gouvernement dit "de techniciens" pour éviter un gouvernement de gauche, selon le souhait de la Commission européenne. Cette tentative de faire échec au verdict populaire faisait suite à une manœuvre visant à maintenir au pouvoir Pedro Passos Coelho, mais 123 députés contre 107 l'ont mis en minorité;
Rappelons cependant, que Antonio Costa et le PS ne cachent pas, encore aujourd'hui, leur engagement européen. Aux Affaires avec le socialiste José Sócrates , ce parti a mené, de 2009 à 2011, une politique d'austérité accrue, responsable de la misère énorme de la population, politique poursuivie et encore accentuée par la droite qui lui a succédé, une affaire grave de corruption l'avait alors écarté du pouvoir.
Le programme de gouvernement adopté par la coalition de gauche marque un frein à la politique d'austérité. Il envisage diverses mesures limitées mais positives (augmentation du SMIC de 500 à 600 euros en 2019, une réduction de la TVA sur certains produits. etc...),
Mais même ce programme minimum obtiendra-t-il le "feu vert" de Bruxelles, et dans le cas contraire, le gouvernement Costa saura-t-il résister aux pressions européennes ?
L'expérience française nous laisse perplexe : tant en 1982, avec François Mitterrand et son "tournant de la rigueur", qu'en 2012 avec François Hollande, les promesses socialistes ont été reléguées au magasin des accessoires et l"'ennemi de la finance" s'est avéré le plus zélé fondé de pouvoir du Capital...
Certes, le Portugal n'est pas la France. Et à Lisbonne, le PCP est, lui, resté fidèle à ses engagements de lutte de classe, menant campagne contre l'Union européenne et l'Otan, mobilisant massivement le peuple portugais dans des actions répétées de combat contre l'austérité. Et, contre les manœuvres du Président, les communistes portugais ont, ces dernières semaines, appelé la population à descendre dans la rue pendant le vote de l'Assemblée de la République.
Nous souhaitons bonne chance à nos camarades du PCP.
Leurs succès seront les nôtres.