Le régime syrien a accusé lundi la coalition internationale d'avoir frappé pour la première fois un camp de l'armée et tué des soldats, ce qu'a démenti la coalition qui affirme ne viser que le groupe Etat islamique (EI).
Damas a vivement réagi après la mort de trois soldats, tués dimanche par des bombardements aériens sur un camp de l'armée à Deir Ezzor, dans l'est du pays.
Il a directement accusé "la coalition menée par les Etats-Unis" de cette "agression flagrante" qui "viole de façon criante la Charte des Nations unies".
"Nous appelons le Conseil de sécurité à prendre les mesures nécessaires pour éviter qu'un tel incident ne se répète", a ajouté le ministère des Affaires étrangères dans des courriers adressés au secrétaire général de l'ONU et au Conseil.
Mais la coalition a fermement démenti avoir frappé un camp de l'armée syrienne. "Nous sommes au courant de ces informations parues dans la presse mais nous n'avons mené aucune frappe dans cette partie de Deir Ezzor", a indiqué à l'AFP un porte-parole, le colonel Steve Warren.
En début de matinée, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) avait annoncé que les bombardements aériens avaient touché un point de garde et un camp de soldats situé à 2 km de la localité d'Ayache que contrôle le groupe jihadiste Etat islamique (EI) dans la région à l'ouest de Deir Ezzor. Cette attaque a fait quatre morts et 13 blessés, selon l'OSDH.
Ce bilan a également été donné par une source militaire, qui a précisé que les raids avaient eu lieu dimanche entre 20h et 21h et touché des dépôts d'armes et un camp d'entrainement militaires, endommageant deux tanks.
Selon l'OSDH, il s'agit de la première attaque aérienne ayant frappé des troupes syriennes depuis le début en septembre 2014 de la campagne aérienne par les pays de la coalition, dans le cadre d'une vaste campagne contre l'organisation jihadiste ayant débuté en Irak.
"Les forces du régime n'avaient jusque-là jamais été visées par des bombardements de la coalition internationale, qui frappent à Deir Ezzor les bases des jihadistes et leurs camions-citernes transportant du pétrole", a indiqué le directeur de l'ONG, Rami Abdel Rahmane.
La majorité de la province de Deir Ezzor est contrôlée par l'EI, mais le régime maintient ses positions sur une petite partie, notamment la capitale éponyme.
Le porte-parole de la coalition a affirmé que les avions avaient frappé "à 55 km de la zone où les Syriens font état de l'attaque", en visant "des puits pétroliers" dans une zone où "il n'y avait pas d'êtres humains". "C'est la seule attaque que nous avons mené hier dans la zone de Deir Ezzor", a-t-il assuré.
La coalition est régulièrement critiquée par Damas qui qualifie ses frappes de "préjudiciables" et "illégales" car elles ne sont pas coordonnées avec les forces du régime.
Pour le ministère syrien, cette attaque "entrave les efforts visant à lutter contre le terrorisme et démontre une nouvelle fois que la coalition américaine n'est pas crédible dans la lutte contre le terrorisme qui n'a plus de frontières et qui représente une véritable menace contre la paix et la stabilité régionale et internationale".
Bachar al-Assad fait en revanche l'éloge de l'intervention lancée le 30 septembre par la Russie, qu'il a qualifiée dimanche de "légale" car répondant à "une demande" de sa part.