Publié le 19 Décembre 2015
Heureusement que d'autres aident à réfléchir
quand ceux qui devraient y aider
sont perclus de conformisme.
«Comment se résoudre à un devenir sans surprise, à une histoire où plus rien ne peut survenir à l’horizon, sinon la menace d’une continuation? Ce qui surviendra, nul ne le sait. Mais chacun comprend qu’il faudra, pour le percevoir, être calme, divers, et exagérément libres.»
Cette citation est tirée du cour inaugural de Patrick Boucheron titulaire de la chaire« Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIII-XVIe siècle », cour présenté au collège de France ce 17/12/2015.
De lui aussi cette phrase à dédier au gouvernement et à ceux qui l'accompagne dans as course à la surenchère sur la droite extrême :
"Faire peur, à défaut de faire croire, sans jamais rien faire comprendre : tel est assurément le moyen le plus sûr de se faire obéir."
Vendredi 19 décembre, 2 jours après cette réception au collège de france, moins d'une semaine après la déculotté prise par les listes où avec ses partenaires il avait été ramené à une portion lilliputienne ou éliminé, le secrétaire national du Parti communiste français a annoncé vouloir un rassemblement avec "le plus de personnalités de gauche possible pour dire que nous voulons construire une candidature commune".
De quoi soulever d'enthousisame les cages d'escaliers des HLM et dynamiser les files d'attente de Pôle Emploi.
Une candidature pour faire quoi ? Porter quoi ? Répondre à quelle attente et attente de qui ? On ne sait pas il fait une candidature.
C'est l'illustration parfaite du célèbre axiome " il a atteint le fond, mais il garde l'espoir : il creuse encore "
La question à laquelle il se refuse de répondre a pourtant été posée de deux manières convergentes : est-ce par des aggiornamento électoralistes qu'il est possible de construire une alternative à la crise politique qui roule pour le f-haine ? Notre peuple qui majoritairement se réfugie loin des urnes et ne descend sur le terrain que pour rejeter l'extrême droite et va ainsi à contrecœur légimiter les droites de toutes nuances, va-t-il trouver dans cette propositions des raisons d'espérer, des pistes pour une alternative ?
La déclaration de Laurent revient à dire " nous avons reçu le message : vous ne voulez pas de nos épinards. Au lieu de vous les servir en branche, on vous les mets hachés dans l'assiette ".
Les Français ne veulent plus de ces épinards. Or l'élection présidentielle est structurée, calibrée et orientée pour que ne soient servis que des épinards. Si certains aiment, c'est leur droit. Mais est-ce normal que les hors sols décident là-haut du menu ce qu'ils vont imposer à tous de manger en permanence ?
En France, à coup d'aménagement à la hussarde et hors controle par la souveraineté populaire d'une constitution que le PCF avait rejeté et que le P"c"F d'aujourd'hui ne conteste plus puisqu'il n'en fait pas un objet de combat politique, la vie politique ne se passe plus au-delà de cet espace institutionnel lequel ignore le monde économique où se structurent les conditions de d’exploitations et de l'aliénation, monde qui centrifuge ceux qui s'opposent aux institutions chargées d'assurer la pérennité de l'ordre social.
Enrégimenté à coup de Fillon, puis de Valls, de leurs écuyers Bertrand ou Macron, les institutions sont chargées de magnétiser les suffrages pour entretenir cette légitimité.
Horizon indépassable de l'espace politique, s'inscrire dans la course à la présidentielle pour arriver dans les 5 premiers des habituels 12 candidats (ce qui n'est pas gagné). Cela pour ensuite appeler à faire barrage à la menace-épouvantail construite par ceux la même qu'on va appeler à soutenir au second tour. Que le veuillent ou pas ceux qui par ailleurs disent combattre Fukuyama, ils participent ainsi à alimenter l'idée que d'un point de vue institutionnel ce serait la fin de l'histoire.
Outre cette phrase de Patrick Boucherot qui ouvre cette p@ge et est en cela un immense ballon d'oxygène, voici une belle même si plus longue citation du même que Canaille le rouge dédit à tous ceux qui refusent le piège, ces arracheurs de chemises, ces casseurs de fatalité, ces démailleuses d'ordre établi :
"Étonner la catastrophe, disait Victor Hugo, ou avec Walter Benjamin, se mettre en travers de cette catastrophe lente à venir, qui est de continuation davantage que de soudaine rupture.
Voici pourquoi cette histoire n’a, par définition, ni commencement ni fin. Il faut sans se lasser et sans faiblir opposer une fin de non-recevoir à tous ceux qui attendent des historiens qu’ils les rassurent sur leurs certitudes, cultivant sagement le petit lopin des continuités. L’accomplissement du rêve des origines est la fin de l’histoire, elle rejoindrait ainsi ce qu’elle était, ou devait être, depuis ces commencements qui n’ont jamais eu lieu nulle part sinon dans le rêve mortifère d’en stopper le cours.
Car la fin de l’histoire, on le sait bien, a fait long feu. Aussi devons-nous du même élan revendiquer une histoire sans fin — parce que toujours ouverte à ce qui la déborde et la transporte — et sans finalités. Une histoire que l’on pourrait traverser de part en part, librement, gaiement, visiter en tous ses lieux possibles, désirer, comme un corps offert aux caresses, pour ainsi, oui, demeurer en mouvement."
Pourquoi tout cela à propos d'un future échéance électorale présidentielle ?
Dans son interview du 4 décembre dans l'Humanité P Laurent réussi le tour de force de justifier sa non-condamnation de l'état d'urgence voir son adoption par ses collègues députés ou sénateurs, à ne parler que de sécurité quand la désertions des urnes est due à l’inexistence de réponses politiques sociales culturelles à la désespérance de l'électorat. Cultivant ainsi son petit lopin des continuités en s’asseyant et pesant sur le couvercle de la boite à rêves. Alors que le communisme, c'est le mouvement, Laurent se complait dans l'inertioe qui fait le lie de tous les conservatismes.
Un dirigeant se déclarant communiste qui dans cette longue interview ne prononce ni le mot salaire, ni celui de protection sociale encore moins celui de patronat ou de capital ; nous sommes arrivés au fond de la dérive qu'on pourrait qualifié de mexicaine avec son Parti Révolutionnaire Institutionnel et sa célèbre armée qui compte plus de généraux et d'officiers que d'hommes de troupe. Il est vrai qu'entre Pierre Laurent et le sous-commando Marcos, il y a l’immensité du continent qui sépare Léon Blum d'un sous-commandant Marcos ou DSK de Che Guevara.
Pour sortir du piège politique, il faut se sortir de l'entonnoir de la présidentielle. Laurent s'y engage et nous appelle à l'y suivre pour réduire le reste de ceux qui lui font encore confiance. Pour ce qui concerne Canaille le Rouge, refus de l'entonnoir, ça le gave et il refuse cette obscène danse des canards.