« Le programme économique du FN me rappelle étrangement le programme commun de la gauche de 1981 », affirme Pierre Gattaz.
Pour le président du Medef, une victoire du parti de Marine Le Pen plongerait l'économie française dans la régression.
Il taille en pièces le programme économique du Front national qui, selon lui, représente tout le contraire de ce qu'il faut faire pour relancer et soutenir la croissance dans notre pays.
LE FRONT NATIONAL
Le FN pourrait gagner une région voire plus aux élections des 6 et 13 décembre. Cela vous inquiète-t-il ?
PIERRE GATTAZ. Je ne m'exprime pas sur la politique mais sur le programme économique du Front national. Et là, je dis attention, car il me rappelle étrangement le programme commun de la gauche de 1981. Retour de la retraite à 60 ans, augmentation de tous les salaires avec notamment une hausse du smic de 200 €, retour au franc, augmentation des taxes d'importation... C'est exactement l'inverse de ce qu'il faut faire pour relancer la croissance économique du pays.
Et le Premier ministre d'approuver (sur RTL, selon Le Point):
Manuel Valls s'est "félicité" des prises de position contre le FN du quotidien La Voix du Nord et du patron du Medef Pierre Gattaz. Le FN est "un danger économique qui mettrait le pays par terre, qui ruinerait d'ailleurs ceux à qui le FN s'adresse, c'est-à-dire les retraités qui ont de petites pensions, les ouvriers, les jeunes qui voient leur avenir bouché", a-t-il affirmé. "C'est une menace économique. Le Front national n'aime pas la France, trompe les Français, y compris, nous le voyons bien, sur le terrorisme", a ajouté le chef du gouvernement. Le Front national "a voté contre la loi sur le renseignement (...),
"canempechepasnicolas"
par Jean LEVY :
Mais pourquoi le Medef et ses médias s'affolent ?
Ils savent très bien que le Front national ne propose en rien un programme progressiste. Il ne prône aucune mesure mettant en cause le capitalisme.
Son hostilité au communisme et au syndicalisme de classe demeure son crédo.
Alors pourquoi cette mobilisation des forces de l'argent contre un mouvement qui ne les menace pas vraiment ?
Une seule raison vient à l'esprit.
Le Front national, représentant essentiellement les intérêts du patronat des PME, celles-ci sont devenues, elles aussi, victimes du capitalisme financier, des multinationales globalisées, de l'oligarchie qui se veut hégémonique.
Et ces patrons de PME croient trouver dans le parti de Marine Le Pen la force apte à défendre leurs intérêts contre les prédateurs internationaux.
Ceux-ci mesurent le danger d'un rassemblement qui conteste les structures de domination : l'Union européenne aujourd'hui, et la Tafta (le traité transatlantique) demain.
Les mettre en cause est insupportable pour les tenants du capital financier. Celui-ci sait que le vrai danger qui le menace, encore potentiel aujourd'hui, c'est la convergence de toutes les forces victimes de sa politique, des masses populaires, en premier lieu, et de la bourgeoisie non monopoliste et
cette dernière s'est trouvé un drapeau dans le mouvement de Marine Le Pen.
La classe ouvrière, les salariés en général, abandonnés par un parti qui n'est plus communiste, sont en déshérence dans l'abstention politique. Ils constituent en creux le "premier parti de France". Par dépit et exaspération, nombre d'entre eux se retrouvent dans le vote FN, faute d'une autre expression qui représenterait leur classe.
Et c'est ce rassemblement, qui fait peur au capital financier et à ses fondés de pouvoir politiques de "gauche" comme de droite, à l'UMPS, qui risque de prendre une forme organique dans les urnes au second tour.
Aussi leurs médias sonnent la charge contre le FN, pour faire peur aux couches bourgeoises tentées par le lepénisme, en prétendant que celui-ci est aussi "démoniaque" que les "rouges", dont ils auraient - ce qui est totalement faux - repris le programme...
C'est l'angoisse qu'un séisme politique engendré par une victoire de Marine Le Pen ouvre la voie à une véritable union du peuple de France sur des bases claires d'indépendance nationale et de souveraineté populaire, qui fait monter au créneau, Gattaz, son Medef, leurs médias et les forces politiques à leur service.