BURKINA-FASO :
De Compaoré à Diendéré :
une parenthèse néocoloniale et criminelle.
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Rebelote en 2002 en Côte d’Ivoire où la droite aux affaires en France joue les ingérences humanitaires avec la bénédiction de ses médias et ONG (Amnesty international et Human rights watch) prompts à diaboliser toute résistance patriotique et à fabriquer des ennemis pour les opinions décérébrées. En « grands nègres zélés », Compaoré et Diendéré font alors du Burkina-Faso une base d’entrainement et de replis pour les rebelles de G. Soro et de A. Ouattara aujourd’hui aux affaires. Depuis, la Côte d’Ivoire peine à retrouver sa cohésion nationale.
Le régime compaoré soutiendra également, les rebelles de l’Unita de Jonas Savimbi en Angola. Et ce dernier comme nombre de satrapes africains possèdent leur villa privée à Ouagadougou. L’apparente stabilité du régime inspirait confiance, malgré son discrédit et son impopularité totale. L’impunité, la corruption, l’affairisme, la vie chère, les privatisations, les plans d’ajustements structurels imposés par la BM-FMI, la mal-vie estudiantine, le chômage et la précarisation massive de la jeunesse notamment urbaine en avaient fait, un régime vomi et qui a failli être emporté par les mutineries de 2011, tant était devenu profond le délitement social et institutionnel. Impliqué de façon mafieuse dans les crises sous-régionales Compaoré y a endossé le rôle de médiateur es-qualifié pour y jouer le pompier- pyromane au service d’intérêts occidentaux contre l’émancipation panafricaine.
Dès 2011, il est à la manœuvre dans la crise malienne où il soutient en sous-main la rébellion touareg du MNLA et les groupes djihadistes dans le Nord malien ; et c’est là que G. Diendéré son homme de main se spécialise dans les négociations sur les enlèvements d’otages occidentaux. Il réussit à tisser dans cette bande sahélo-saharienne tout un réseau d’entrées et de connivences dans les tribus touareg, et y devient l’interface incontournable des chancelleries occidentales confrontées aux prises d’otages et leur pendant qu’est la question des rançons à payer aux salafistes-preneurs d’otages contre leur libération. Et c’est ce rôle de « grands nègres » comme les Occidentaux aiment en Afrique, qui finit par emporter le duo
B. Compaoré et G. Diendéré son homme de l’ombre. L’un comme l’autre n’ont rien vu venir de la gigantesque vague de soulèvement populaire qui allait les perdre. Compaoré le premier fin octobre 2014. Il est exfiltré par Hollande en Côte d’Ivoire, échappant pour l’heure à la justice burkinabè. Dans la tourmente, le général G. Diendéré se met en réserve et pousse le colonel Zida Isaac son second du RSP, au devant de la scène. Soumis à des pressions internationales, ce dernier renonce à la présidence par putsch et se fait premier ministre d’une transition dont il confie la présidence à M. Kafando - un ancien ministre des affaires étrangères de régimes droitiers antérieurs ; exilé à Abidjan, il rentre au pays quand B. Compaoré assassine la RDP et conduit l’approfondissement de la continuité néocoloniale qui, à l’exemple de la Centrafrique, du Tchad, de la Côte d’Ivoire, du Mali et de Djibouti, fait du Burkina-Faso une base de légionnaires français d’où des facilités sont accordées à l’armée américaine -.
Le duo Kafando-Zida se retrouve rapidement placé sous une pression populaire aux exigences multiples et pressantes à savoir :
- la fin de l’impunité, de la corruption et du pillage des ressources du pays.
- la dissolution du RSP- cette armée dans l’armée ; et qui servait d’appui mercenaire au régime.
- l’instruction de tous les crimes crapuleux du régime ainsi que des enquêtes transparentes en vue de la justice pour tous les martyrs des soulèvements populaires de 2014 et 2015.
Rien que des perspectives qui paniquent G. Diendéré et toute une couche de la haute hiérarchie militaire gagnée par l’embourgeoisement oisif et prédateur préoccupant. Depuis la chute du régime, Diendéré en voulait à la transition. Il tenait pour traite le colonel I. Zida, devenu premier ministre mais venant du RSP.
En lien de conspiration avec B.Compaoré et A. Ouattara en Côte d’Ivoire, bénéficiant d’amitiés au sein de l’Etat major français et frustré de voir invalider la candidature de sa femme aux législatives ou celle à la présidentielle du général Djibril Bassolet, ex-ministre du régime et homme de structures de connivence réseautique, G. Diendéré se pose en justicier pour une transition inclusive et tente ce qu’il croit être son heure venue: le coup d’Etat impopulaire et foireux du 16 septembre 2015. Mais c’était sans compter avec la relative maturité politique du peuple burkinabè qui comme un seul homme se soulève, rallié par le reste de l’armée que le régime tenait jusque là pour une piétaille d’incompétents, sous-équipés et méprisables.
Sans soutien populaire, ni celle de l’armée hors du RSP, G.Diendéré et ses hommes devenaient des hors-la loi, bons à coffrer et vis-à-vis desquels les propositions de dialogue et d’amnistie de la médiation françafricaine de Bony Yayi, Macky Sall et autres Yadéma, relevaient tout simplement du ridicule politique. Condamné à l’international à l’UA et à l’ONU, le putsch s’est avéré un piège qui a perdu ses initiateurs. Tout le Burkina-Faso (les populations, syndicats des travailleurs, coordinations démocratiques de la jeunesse, associations de femmes, Eglises et autorités morales) est vent debout pour le refuser et le condamner comme tentative criminelle de mise en tombeau des luttes contre l’impunité, pour la justice et l’égalité. Assiégé avec ses hommes par des unités dépêchées des provinces et sommé de lâcher prise, G.Diendéré se refugie à la Nonciature Apostolique. L’effervescence enthousiaste est totale dans le pays. Les putschistes sont perdus. Le camp Naba-koom qu’ils tiennent se rend le 30 octobre après quelques vaines tentatives de résistance. Dans la foulée le RSP est dissout; et dès le 2 novembre 2015, Djiendéré, Bassolet sont mis aux arrêts suivis par d’autres. Tous devront rendre des comptes à la justice à commencer par B. Compaoré privé depuis de son immunité présidentielle. Une première en Afrique d’un peuple qui, debout, met en échec un coup d’Etat et convoque en justice les criminels qui sabotent son avenir.
Les élections imminentes du 29 novembre 2015 vont clore la transition; mais il reste évident, sauf à se bercer d’illusions, que l’avenir du Burkina-Faso ne saurait se réduire à des processus électoraux et des urnes où, invariablement c’est toujours la bourgeoisie qui gagne contre les masses populaires et avec leurs voix. Ici comme ailleurs, le chemin de la souveraineté et de la démocratie reste encore long à parcourir. Son aboutissement appelé à fermer définitivement la parenthèse néocoloniale passe inévitablement par les conquêtes suivantes :
- la souveraineté monétaire avec le rejet du franc CFA (franc des colonies françaises d’Afrique).
- la fermeture des bases militaires étrangères occidentales.
- la sortie des structures d’intégration néolibérale (UEMOA et CEDEAO) au grand capital.
- et l’option d’une politique de développement endogène, anti-impérialiste, d’intégration sociale et culturelle des forces progressistes aux masses populaires.
PARE Harana