Hier, peu avant que l’accord sur le nucléaire iranien n’entre en vigueur, j’ai posé cette question :
Combien de temps cela prendra-t-il aux États-Unis pour trahir, d’une façon ou d’une autre, sinon la lettre, du moins l’esprit de l’accord ?
On a la réponse. Il a fallu moins de 24 heures aux Etats-Unis pour violer l’esprit de l’accord et donner à nouveau raison aux jusqu’au-boutistes de Téhéran :
Le Trésor américain annonce qu’il impose de nouvelles sanctions à l’Iran sur les missiles balistiques après la libération des cinq prisonniers américains par Téhéran. La décision intervient moins de 24 heures après que certaines des sanctions imposées à l’Iran sur son programme nucléaire ont été levées par les Etats-Unis et l’UE.
Washington a imposé des sanctions à 11 entreprises et personnes privées au motif qu’elles participent au programme de missiles balistiques de l’Iran, a déclaré le Département du Trésor.
« Le programme de missiles balistiques iranien constitue une grande menace pour la sécurité régionale et mondiale et il continuera d’être l’objet de sanctions internationales, » a déclaré dans un communiqué de presse, Adam J. Szubin qui parlait au nom du Sous-Secrétaire au terrorisme et au renseignement financier.
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La décision américaine intervient après un test de missile iranien réalisé en octobre qui a violé une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU limitant le développement de missiles capables de porter des ogives nucléaires.
L’accord nucléaire stipule que l’Iran ne peut ni avoir, ni développer de têtes nucléaires. A quoi cela rime-t-il alors de vouloir limiter ses capacités en missiles balistiques ?
Tous les voisins de l’Iran, le Pakistan, la Russie et l’Arabie saoudite ont des missiles balistiques de moyenne à longue portée. Les missiles israéliens et étasuniens peuvent également atteindre Téhéran. Quatre pays sur les cinq cités ont des ogives nucléaires pour leurs missiles. La Turquie est en train de développer sa propre force de missiles offensifs.
En l’absence d’un programme iranien de développement d’armes nucléaires, il n’y a absolument aucune justification au maintien de la résolution des Nations unies, ni à de nouvelles sanctions.
Avant même que l’Iran ne libère les prisonniers américains, hier, dans le cadre de l’accord nucléaire, Hillary Clinton, toujours aussi irresponsable, a appelé à de nouvelles sanctions contre l’Iran. C’est logique parce que l’argent qu’elle gaspille pour sa campagne présidentielle égocentriquevient de ceux qui, comme Haim Saban, font passer Israël avant tout.
Saban dit que sa principale préoccupation est de protéger Israël. Lors d’une conférence en Israël, Saban a expliqué sa technique. Il a trois façons d’influencer la politique américaine : faire des dons aux partis politiques, créer des think tanks et contrôler les médias.
La déclaration de Clinton lui a probablement permis d’ajouter une somme à sept chiffres à ses fonds de campagne.
Ce n’est pas un scoop que Clinton est corrompue jusqu’à l’os. Mais l’administration Obama n’avait pas la même raison de prendre cette décision. C’est tout simplement l’expression de son arrogance et de son mépris de la bienséance.
Le mois prochain, le peuple d’Iran va élire un nouveau parlement. Le gouvernement Rouhani, avec lequel l’accord sur le nucléaire a été négocié avec succès, donne maintenant l’impression d’avoir été dupé. Les extrémistes opposés à ce gouvernement ont maintenant à leur disposition le meilleur argument qu’ils pouvaient espérer. Ils ont toujours dit qu’on ne pouvait pas faire confiance aux États-Unis. L’administration Obama vient de leur donner raison.
Moon of Alabama
17 janvier 2016
Traduction : Dominique Muselet