De la répression sociale et politique
à la collaboration antinationale
Manuel Valls a déclaré à la presse le 27 décembre 2015 :
« Nous devons pouvoir déchoir de sa nationalité française un individu condamné pour une atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation (…) même s’il est né français ».
Cette disposition, selon le président de la République, doit figurer dans la Constitution, qu'il s'apprête à faire modifier à cet effet par le Parlement réuni en Congrès.
Les médias, nous-mêmes, avons déjà annoncé ce projet.
Et les critiques les plus véhémentes se font entendre contre ce projet liberticide. Avec raison, toutes dénoncent la césure entre citoyens français que le projet imposerait.
Mais, l'énoncé du délit - "atteintes aux intérêts de la nation" - devrait également provoquer la levée en masse des Français attachés aux valeurs fondamentales de la République rappelées dans la "Déclaration des droits de l'homme et du citoyen".
Car qui définit ces "atteinte aux intérêts de la nation" ?
Les juges, en principe, mais plutôt les préfets. Mais à partir de quels critères ? Ceux définis par le pouvoir politique de plus en plus contesté par les masses populaires. Pour se protéger de leur colère, qui peut s'organiser et éclater à tout moment, nos gouvernants inventent en permanence une juridiction répressive d'exception, que Hollande-Valls veulent rendre permanente.
Il serait facile de taxer "d'atteinte aux intérêts de la nation" toute mobilisation sociale ou toute expression politique contraire aux orientations prises à l'Elysée ou à Matignon.
Serait-ce dériver dans le "Complotisme" que de supposer aujourd'hui un tel scénario ?
Non, car il ne s'agit pas de prophéties, mais d'un regard porté sur notre propre histoire. Celle-ci nous enseigne qu'un gouvernement de la Troisième république finissante, dont le chef fut, deux ans avant une des figures du Front populaire, Edouard Daladier, pris en octobre 1938 des décrets visant à réprimer des "menées antinationales", selon l'expression officielle de l'époque.
Parmi les mesures prises, l'instauration de "camps d'internement administratifs" pour "étrangers indésirables", dont le premier ouvrira en Lozère, à Rieucros, début mars 1939. Les autorités y parquèrent juifs et antifascistes pourchassés, venus de Pologne et d'Allemagne, avant d'y interner les communistes dès septembre 1939.
L'occupant nazi, un an après, y puisa ses otages...
Mais, diriez-vous, nous ne sommes pas à la veille d'une guerre - allez savoir...- et le gouvernement n'a pas ouvert de camps.
Certes, mais demain ?
Car des similitudes se font jour avec ces années 38-39.
D'abord, les mesures prises alors contre les étrangers voisinaient avec une politique de réaction sociale. Un ministre de l'époque, Paul Reynaud, claironnait "Finie la semaine des deux dimanches", s'en prenant à la semaine de 40 heures, instituée deux ans plus tôt. Et le même gouvernement réprimait durement une grève générale, le 30 novembre 1938, licenciant massivement les grévistes - par dizaines de milliers - et faisant condamner les "meneurs" à quatre mois de prison ferme, démoralisant ainsi la classe ouvrière.
D'autre part, ce même pouvoir pratiquait parallèlement une politique antinationale, trahissant ses alliances, offrant la Tchécoslovaquie à la bête nazie lors de la conférence de Munich et promettait au ministre d’Adolf Hitler, en visite à Paris, le 6 décembre de la même année, de "mettre les communistes à la raison".
Ce qu'il fit un an plus tard.
Toujours au nom des "menées antinationales...".
Certes, les temps ont bien changé. Mais pas tant que ça...
Ne sommes-nous pas engagés aujourd'hui comme à Montoire, en octobre 1940, sur la voie de la collaboration politique, économique et sociale avec une Allemagne dominatrice dans une "Europe nouvelle" ?
Certes, Hitler et ses SS ont sombré dans le néant sous les coups de l'Armée rouge. Mais leurs bailleurs de fonds, les descendants des Krupp et des Thyssen, sont toujours là, plus puissants que jamais.
Ce sont eux qui sont aux leviers de commande de l'Union européenne, en "collaboration" avec leurs homologues français. Les lois ne sont plus écrites à Paris mais à Bruxelles. Le franc a laissé la place à un nouveau mark, l'Euro, et la Banque de France n'est plus qu'une coquille vide. La finance décide à Francfort.
Et ce sont toujours les masses populaires qui paient l'addition.
Mais jusqu'à quand ?
C'est la question que se posent nos gouvernants.
Et ils prennent leurs précautions, question maintien de l'ordre.
Pour eux, l'urgence, c'est l'état d'exception qu'ils veulent rendre permanent. Pour se protéger d'une colère populaire, encore étouffée, mais qui peut, un matin, d'un coup exploser, l'oligarchie tente de la détourner
vers une guerre communautaire, pour dresser les uns contre les autres les Français abusés.
A nous de déjouer la manœuvre en unissant contre l'oligarchie sans patrie, autour de la Nation, pour sa souveraineté, tous les citoyens épris de liberté - toutes catégories - victimes de l'argent-roi et de ses courtisans, de la course au profit, dans une France réduite en colonie.