
par Jean LEVY
La Révolution des Œillets fut certes une épopée des militaires. Ceux-ci, las d'une guerre coloniale sans fin et d'un régime de dictature qui perdure depuis plus de 40 ans, organisent le "coup " du 25 avril 1974, les œillets rouges aux fusils. Cependant, il est nécessaire, pour en comprendre le succès immédiat, de prendre la mesure de l'intervention populaire

mis en mouvement par le Parti Communiste Portugais.

Celui-ci, en effet, depuis des décennies, au prix d'une répression féroce de la part de la police du régime, la PIDE, lutte contre la guerre coloniale, contre la misère engendrée par le pouvoir des milieux d'affaire sur le plan économique et social. La dictature est appuyée par le capital occidental, qui a pris le relais du soutien accordé au régime Salazar, par l'Allemagne hitlérienne, l'Italie fasciste et l'Espagne de Franco.
Et c’est le peuple de Lisbonne qui assure finalement la victoire historique de la Révolution des Œillets.
Celle-ci a apporté un régime parlementaire et la libre expression des partis politiques. Mais, dès 1975, le PS, fer de lance de la réaction, en lien avec la bourgeoisie d'affaire, a entravé la marche du Portugal vers une démocratie sociale.
Puis, les socialistes sont les soutiens inconditionnels de l'Union européenne où ils enferment le Portugal. La social-démocratie place ainsi leur pays sous la coupe de la troïka de Bruxelles, imposant une politique d'austérité qui a apporté la pauvreté généralisée et la misère des couches populaires et de la petite bourgeoisie.
Relayé par la droite, cette politique suscite une réaction de masse du peuple portugais à travers des grèves généralisées et de rassemblements populaires d'envergure.



Cette guerre sociale menée par la CGTP et le PCP a permis, lors des dernières élections d'octobre 2015, de rejeter la droite dans l'opposition et de former un gouvernement PS soutenu par le PCP et le Blog de Gauche. Celui-ci, fort de l'appui populaire, développe une politique plus favorable à la population, remettant en cause certaines lois dictées par l'Union européenne et imposées par les partis de droite, rejetés aujourd'hui dans l'opposition.
Mais Bruxelles et le capital européen n'ont pas dit leur dernier mot.
Tout va dépendre de la mobilisation du peuple portugais pour la reconquête des droits sociaux, en un mot de la possibilité pour lui de recouvrer sa souveraineté et celle du Portugal face aux menaces étrangères.
Dans ce but, le mouvement populaire doit maintenir sa vigilance et sa mobilisation. PCP et CGTP y veillent. C'est la condition de maintenir les premières avancées et d'imposer d'autres victoires.