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L’UNEF, les principaux syndicats lycéens ainsi que les syndicats de salariés CGT, FO et Solidaires appellent à une nouvelle journée d’action ce jeudi pour demander le retrait de la loi El Khomri. Mercredi, en AG à Lille 3, les étudiants cherchaient à convaincre d’amplifier le mouvement, malgré les retouches sur le projet de loi.
On est encore assez loin de la fièvre qui régnait sur le campus de Lille 3 lors des derniers grands mouvements étudiants, contre le CPE (2006) ou encore contre la loi Pécresse (2009). Mercredi, pas de barricades de tables et de chaises, pas encore de barrages filtrants pour se rendre en cours. À peine quelques banderoles et une pancarte qui pointe vers l’amphi A1 où à lieul’assemblée générale sur les suites à donner au mouvement après les concessions du gouvernement sur l’avant-projet de loi.
Dans l’amphi, l’ambiance est studieuse, guère enflammée. Ça n’empêche pas la détermination. Élie, Flore, Antoine et Louna n’en manquent pas. Le petit groupe d’amis, en licence « Arts de la scène » a manifesté la semaine dernière et remettra ça aujourd’hui à Lille. « Les soi-disant avancées de Valls, c’est pour calmer le jeu. Ce qu’on demande, c’est toujours le retrait de cette loi. Comment voulez-vous lutter contre le chômage en facilitant le licenciement ou en augmentant le temps de travail ? Il y a une vraie incohérence », appuie Flore, remontée contre un gouvernement « à la remorque des lobbys et des patrons ».
A contrario, hors de l’amphi, Mona étudiante en psycho, se dit « un peu désabusée ». Elle n’est pas la seule. « C’est bien de se mobiliser, mais s’ils veulent faire passer leur loi, ils y arriveront. »
Au milieu du gué
Au micro, les étudiants se succèdent pour trouver le moyen de faire prendre la mayonnaise. « On doit convaincre nos potes en leur disant : Est-ce que vous voulez vivre dans la misère toute votre vie ? », lance Étienne. Pacôme, de l’UNEF, lâche un « la radicalité c’est la masse» plein d’emphase. « On n’est pas encore très nombreux, mais ici il y a des gens mobilisés. Dès demain, on doit être le double, le triple. On doit aller dès 8h dans chaque amphi et dans chaque salle de TD pour qu’il y ait le plus de monde au rassemblement de ce jeudi. »
La grève des cours, dernier recours, n’est pas encore à l’ordre du jour, même si un membre du Nouveau Parti Anticapitaliste d’Olivier Besancenot la réclame. En haut de l’amphi, Pierre-Louis en 3e année de socio prédit, critique : « Ça ne va pas mobiliser fort ce jeudi. Pour amplifier, il faudrait l’apport d’une aide extérieure, des groupes autonomes comme les anars. Mais il y a des enjeux d’influence : l’UNEF ne veut pas perdre la main sur le mouvement. »
Ce jeudi après-midi à Lille, les étudiants devraient être rejoints par des lycéens des principaux établissements de la ville et par des représentants des syndicats de salariés. Une nouvelle grande journée d’action pour le retrait de la loi El Khomri est d’ores et déjà programmée le 31 mars. En attendant, le mouvement étudiant, en pointe, est au milieu gué, là où tout est encore possible : la décrue ou le bouillonnement.
Des actions à Lille, Dunkerque, Maubeuge…
La journée d’aujourd’hui devrait donc être essentiellement marquée par le rassemblement de 14h, place de la République à Lille, à l’appel de l’UNEF, des organisations lycéennes UNL et FIDL, et soutenus par plusieurs syndicats de salariés ou encore les Jeunes Socialistes. Des actions de blocage pourraient avoir lieu dans les lycées lillois dès le matin.
Mais des actions sont aussi prévues ailleurs dans la région. À Dunkerque, une manifestation est programmée ce jeudi à 9h devant la gare à l’initiative de la CGT, FO, SUD, du syndicat des étudiants de l’université du littoral ou encore d’EELV et du Parti communiste.
À Maubeuge, les Jeunesses communistes tentent d’organiser avec les lycéens le blocage du lycée André-Lurçat ainsi que d’autres établissements du secteur. À 10h, la CGT prévoit un rassemblement à la chambre patronale.
À Montreuil-sur-Mer, les élèves du lycée Woillez envisagent un blocus devant leur établissement ce matin, dès 8h30.
L’UNEF annonce par ailleurs des rassemblements à Boulogne-sur-Mer ou encore Arras.