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Une rue de Newcastle, dans le nord de l’Angleterre. C’est sans doute dans cette région que le Brexit va se jouer en grande partie. (Crédits : Reuters)

Une rue de Newcastle, dans le nord de l’Angleterre. C’est sans doute dans cette région que le Brexit va se jouer en grande partie. (Crédits : Reuters)

Des images pour comprendre

Alors que le débat sur le référendum du 23 juin semble se limiter à un dialogue au sein de la droite britannique, le scrutin pourrait se jouer sur la population ouvrière qui vote travailliste.

A écouter les débats autour du référendum britannique sur le maintien dans l’Union européenne du 23 juin, on a souvent l’impression d’un dialogue entre les deux grandes tendances de la droite britannique : celle qui défend une politique continentale active et celle qui défend le « splendide isolement ». Un retour en plein 19e siècle et aux grands débats entre tories et whigs. Du reste, le premier débat télévisé de la campagne a opposé le premier ministre conservateur pro-UE David Cameron à l’Eurosceptique xénophobe du parti UKIP, Nigel Farage. Et les médias britanniques sont remplis des polémiques entre le conservateur anti-UE Boris Johnson et le conservateur pro-UE George Osborne.

Cette image, qui façonne également la grande majorité des commentaires étrangers, risque de jouer un rôle majeur dans les négociations qui suivront le scrutin en cas de succès du vote « Leave » (« Quitter » l’UE). Elle est pourtant très imparfaite. Car les oppositions politiques traditionnelles ne sont pas déterminantes dans ce vote. L’opposition se joue davantage sur le plan social et géographique,  entre d’autres oppositions que le spectre politique britannique ne reflète plus réellement : opposition entre grandes métropoles mondialisées et régions victimes ou oubliées de cette mondialisation ; opposition entre la partie des classes moyennes qui s’enrichit encore et celle qui se paupérise ou à le sentiment d’une paupérisation. L’Union européenne joue alors le rôle d’un symbole d’une évolution sociale que l’on veut préserver ou freiner.

Pourquoi le scrutin se joue à gauche

Politiquement, la droite et la gauche britannique sont donc divisés de l’intérieur. La droite penche néanmoins largement en faveur du Brexit si l’on se base sur les résultats de l’élection générale de mai 2015. L’ensemble des partis de droite, des Libéraux-démocrates à l’UKIP en passant par les Tories et les unionistes nord-irlandais, y avait obtenu 58,4 % des voix. Selon un sondage Yougov récent, les trois quarts des électeurs libéraux (ce parti a obtenu 7,9% des voix) sont favorables au maintien dans l’UE, tandis que la quasi-totalité des électeurs de l’UKIP (12,6% des voix) sont favorables au Brexit, les Conservateurs (36,9% des suffrages) étant coupés en deux. Très schématiquement, les électeurs de droite devraient contribuer à ce que 33 % de la totalité des électeurs britanniques votent en faveur du Brexit, tandis qu’ils apporteraient 25 % des suffrages pour le maintien dans l’UE.

En théorie, donc, si les électeurs de la gauche britannique qui représentaient plus de 40 % des votes en 2015, suivaient les consignes de leurs partis, tous quasi unanimement favorables au vote « Remain », l’affaire serait entendue et le Brexit accuserait un retard considérable de plus de 15 points, ce qui devrait lui assurer une victoire aisée, même en prenant en compte la grossièreté de ces calculs. Or, ce n’est pas le cas. Les électeurs de la gauche britannique sont donc aussi fort divisés. C’est bien cette division « invisible » dans les débats – malgré  l’existence d’une minorité de dirigeants du parti travailliste qui font campagne pour le Brexit – qui sera déterminante pour le résultat final. La division de la droite n’est en effet pas suffisante pour justifier un résultat serré au référendum.

Une gauche divisée

La clé du vote est donc l’électeur de la gauche de 2015 qui est prêt à voter pour le Brexit. Quel est cet électeur ?  Où est-il ? Globalement, il ne s’agit pas d’un électeur d’un parti nationaliste d’une des trois nations « périphériques » du Royaume. Ces partis (SNP en Ecosse, Plaid Cymru au Pays de Galles et Sinn Féin en Ulster) se situent tous à gauche de l’échiquier politique et leurs électeurs sont généralement très favorables à l’UE. Ils y voient, en effet, un contre-pouvoir à Westminster et à la domination anglaise dans le Royaume-Uni. L’UE garantit en effet des droits aux minorités linguistiques. Dans le cas nord-irlandais, le Sinn Féin redoute qu’un Brexit ne renforce encore la frontière entre les deux Irlande, une dans l’UE, l’autre au-dehors, ce qui éloignerait encore son but de réunification de l’île.

Certes, en Ecosse, il peut y avoir un vote «  à plusieurs bandes » dans lequel on mise sur le Brexit pour provoquer un deuxième référendum sur l’indépendance, mais il est marginal. Globalement, les nationalistes gallois, irlandais et écossais estiment que plus on est Européen, moins on est anglais. Leur vote, qui a pesé en mai 2015, près de 6 % de l’électorat semble acquis au vote « Remain ». Ce qui rééquilibre théoriquement la répartition des votes entre les deux camps.

L’électeur décisif est donc un électeur travailliste. Certes, ces électeurs semblent Or, selon le sondage de Yougov, cet électeur est déterminé à 75 % à voter en faveur du maintien dans l’UE. Ce résultat ne semble pas cohérent avec un vote serré au référendum et il est sans doute en réalité inférieur. C’est l’ampleur de la division sur la question européenne au sein des électeurs du Labour qui va déterminer le résultat final. La progression du vote « Leave » correspond donc à la progression de ce vote au sein des électeurs du Labour. Et c’est ici que l’on retrouve la division socio-géographique déjà citée.

Les régions industrielles du nord, clé du scrutin

En mai 2015, le Labour pouvait s’appuyer sur deux grands bastions : l’agglomération londonienne et les zones ouvrières du centre et du nord de l’Angleterre. Dans le Grand Londres, le Labour a glané 1,5 million de voix, soit 43,7 % des bulletins. Dans le Nord, les Travaillistes ont récolté 2 millions de voix et près de 45 % des voix. Or, pour le référendum

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http://www.les-crises.fr/brexit-pourquoi-les-ouvriers-anglais-detiennent-la-cle-du-vote-par-romaric-godin/
 

Tag(s) : #Europe
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