Session ordinaire de 2015-2016mercredi 1 juin 2016
Présidence de M. Claude Bartolone
M. le président. La parole est à M. Jacques Myard, pour le groupe Les Républicains.
M. Jacques Myard. Monsieur le ministre des finances et des comptes publics, il y a quelques jours, nous apprenions avec une grande stupéfaction que le directeur général du Trésor démissionnait de ses fonctions pour pantoufler dans un fonds d’investissement, Cathay Capital, dirigé par un citoyen de la République populaire de Chine. Ce fonds a pour vocation d’investir dans des PME non cotées.
Le directeur général du Trésor n’est pas un fonctionnaire ordinaire,…
M. Pierre Morel-A-L’Huissier. Il aime l’argent !
M. Jacques Myard. …sans pouvoir ni connaissance dans l’empire de Bercy. Homme le mieux informé de France en matière de stratégie économique et financière, il détient des secrets d’État. Comment ce haut fonctionnaire peut-il ainsi franchir le Rubicon du mélange des genres…
Et maintenant la réponse d'un citoyen...
Max47Le 20 juin 2016 à 04h26
Le « pantouflage » a toujours existé, même au 19ème siècle sous la Troisième République, pour ne parler que des époques « récentes ». Cela provient évidemment du fait que c’est la même classe sociale qui détient tous les pouvoirs : politique, administratif, économique, industriel, financier, judiciaire etc. Passer d’un poste à l’autre est ainsi parfaitement « naturel »…
Les sociologiques Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot ont bien expliqué à quel point ce que nous appelons « conflit d’intérêt » n’était pas un phénomène accidentel mais au contraire consubstantiel à la haute bourgeoisie.
Le fait nouveau est l’internationalisation de la chose, en lien avec la mondialisation. Autrefois on passait d’inspecteur des finances à PDG d’une banque (souvent nationalisée) ; maintenant on peut passer du même poste à bien plus d’autres choses : les institutions internationales, ou européennes, ou un cabinet d’avocats, de consultants ou de lobbying international, ou pourquoi pas une entreprise chinoise etc.
Ceux qui pratiquent cela ont toujours été avant tout au service de la classe qui domine tout, et dont ils font partie. La différence me semble-t-il est qu’autrefois ils pouvaient toujours arguer qu’ils restaient en même temps « au service de la France » puisque tout cela restait essentiellement dans le cadre national.
Tandis que maintenant ils peuvent sans vergogne, munis de leur carnet d’adresse et de leur connaissance approfondie des rouages de l’Etat, se mettre au service d’une entreprise ou même d’une puissance étrangère.