Emmanuel Macron a revendiqué son envie de proposer une offre politique nouvelle, loin du système traditionnel. Il a aussi réaffirmé être "de gauche".
PAR LE POINT.FR
Il tient à Strasbourg son premier meeting participatif, pour s'adresser à « la France qui subit ». Un positionnement audacieux à plus d'un titre.
PUBLIE LE 04/10/16 LE POINT.FR
Le Point
L'ancien ministre de l'Économie étoffe son réseau d'élus locaux.
À la suite de Gérard Collomb, des élus enracinés deviennent marcheurs...
Petit à petit, Macron fait son nid… À raison de deux à trois déplacements par semaine – programme ponctué par trois grands meetings, dont le premier ce 4 octobre à Strasbourg –,le leader d'En marche ! creuse son sillon en France. Et ramène dans ses filets, malgré les oukases socialistes, quelques grands élus. Au cœur du dispositif, évidemment, il y a le président du Grand Lyon, Gérard Collomb, qui, depuis son ralliement officiel au mois de mai, n'en finit pas de mouiller la chemise pour « son » poulain. « Macron, c'est une petite machine qui a démarré il y a peu de temps, les réseaux ne sont pas encore formalisés, mais nous travaillons à l'implantation sur le territoire pour ancrer en profondeur En Marche ! », explique celui qui a fait de la deuxième métropole de France la capitale de la « Macronie ».
Chiffres à l'appui : à Lyon, les « marcheurs » sont d'ores et déjà 3 500 quand les encartés socialistes ne sont que 2 000. Et le premier fédéral PS, qui n'est autre que le successeur adoubé par Gérard Collomb, David Kimelfed, penche côté Macron. « Je suis proche de sa manière de voir les choses », affirme-t-il. Même opinion de la part de la MoDem Fouziya Biuzerda, adjointe au maire de Lyon. Au risque de prendre à rebours les positions du président de son mouvement, François Bayrou, celle-ci affirme : « Il y a une ligne animée par Emmanuel Macron qui correspond à notre espace politique. »
Des notables...
N'allez pourtant pas croire que seuls « les collombistes » se « macronisent » ! Le maire socialiste de Strasbourg, Roland Ries, était au premier rang du meeting parisien du 12 juillet à la Mutualité ; Jean-Claude Boulard, sénateur et maire (depuis 2001) du Mans – le fief du hollandais Stéphane Le Foll –, l'accueillera pour son second grand meeting le 11 octobre. Que va faire Philippe Saurel, l'iconoclaste maire de Montpellier, ami de Manuel Valls mais hôte du troisième meeting, le 18 octobre ?
L'édile a récemment passé une heure avec Emmanuel Macron à son QG de la tour Montparnasse, et il précise que le responsable d'En Marche ! dans l'Hérault n'est autre que son ancien directeur de cabinet François Delacroix. Mais cela ne vaut pas soutien officiel. « J'apprécie Emmanuel Macron, mais il n'est pas candidat et je garde ma liberté, indique Philippe Saurel. Beaucoup de candidats peuvent se manifester dans les prochains jours, notamment Manuel Valls. Pour l'instant, je reste derrière la mêlée et j'observe. »
Jacques Mézard, l'influent président du groupe RDSE (radicaux) au Sénat, très en pointe au moment de la réforme territoriale, ne s'est pas encore prononcé lui non plus. Mais on l'a vu sur toutes les images aux côtés de l'ancien ministre de l'Économie lors du déplacement dans son fief du Cantal.
Emmanuel Macron a d'ores et déjà séduit quelques notables socialistes et radicaux peu connus à Paris mais qui pèsent sur leurs territoires. Des noms ? Jean-Jacques Bridey, le député et maire de Fresnes, Jacques Krabal, le député et maire de Château-Thierry, Jean-Yves Gouttebel, le président du conseil départemental du Puy-de-Dôme, le sénateur d'Indre-et-Loire Jean-Jacques Filleul. Sans compter le député de la Loire Jean-Louis Gagnaire (ancien vice-président du conseil régional de Rhône-Alpes), le chef de file des socialistes bordelais, le député Gilles Savary, le sénateur François Patriat, ancien président du conseil régional de Bourgogne, la sénatrice et ancienne ministre Nicole Bricq et l'ancien président de Lorraine Jean-Pierre Masseret.
Embarqués par Richard Ferrand, député et président du groupe PS au sein de la région Bretagne, de jeunes députés socialistes jouent les chevau-légers du macronisme. Ils s'appellent Corinne Erhel (Bretagne), Florent Boudié (Gironde), Nicolas Bays (Pas-de-Calais, ancien collaborateur de Daniel Percheron), Arnaud Leroy (Français de l'étranger)... À cette cohorte, on peut adjoindre Christophe Castaner, ex-tête de liste de la gauche aux dernières régionales en Paca.
En quelques semaines, et malgré les intimidations des poids lourds socialistes, la machine Macron a d'ores et déjà embarqué à son bord 63 élus – dont 40 parlementaires.