par Jean LEVY
Debout sur le toit d’une camionnette, entouré des représentants syndicaux, François Hollande prend la parole. Devant les ouvriers du site ArcelorMittal de Florange, il fait une promesse : s’il est élu, il fera voter une loi obligeant un industriel qui souhaite fermer un site rentable à le céder à un repreneur.
C’était le 24 février 2012.
Quatre ans et demi plus tard, François Hollande est de retour à Florange. Et s’il n’est pas officiellement en campagne, sa venue sur le site sidérurgique n’est pas le fruit du hasard. Le président de la République compte défendre son bilan à six mois de la présidentielle.
Les salariés se sont sentis trahis. Et ils ne sont pas les seuls. À l’époque, Arnaud Montebourg alors ministre du redressement productif, plaide pour la nationalisation temporaire du site. Mais Jean-Marc Ayrault, premier ministre, n’en veut pas. Le scénario de la nationalisation est écarté et un accord passé avec Mittal. Le géant de la sidérurgie investira 180 millions, les hauts fourneaux seront fermés mais les emplois seront conservés.
Sauf pour des centaines d'emplois chez les sous-traitants.
Et la sidérurgie française a été rayée de la carte, au profit de l'économie allemande.
La semaine dernière, le candidat à la primaire du PS, Arnaud Montebourg, a mené campagne en Lorraine. « Je suis revenu à Florange le cœur serré, avec le souvenir d’une nationalisation que j’avais proposée et qui a été interdite par le président de la République », a-t-il déclaré. En fait, la nationalisation en question n'était que temporaire, le temps pour le budget de l'Etat de recapitaliser l'entreprise pour, la reprivativer l'équilibre une fois rétabli.
En venant à Florange, Arnaud Montebourg voulait en fait mettre en avant son image d’homme de gauche tout en s’adressant à une population tentée de voter pour Marine Le Pen. En décembre 2015, aux élections régionales, la liste FN emmenée par Florian Philippot était arrivée en tête avec 36,06 % des suffrages. Occuper le terrain face au FN et se présenter comme le garant du patrimoine industriel français, tel est aussi l’objectif de François Hollande.
Ainsi, l'intérêt porté aux ouvriers de Florange, tant par Hollande que par Montebourg, est motivé par de basses considérations électorales. Pas sûr que l'objectif soit atteint : le Président s'est contenté d'une visite ultra rapide, et son auditoire limité à des responsables CFDT et à une armée de CRS.
Pas sûr que cela remplisse les urnes aux prochaines élections.