Par Vincent Christophe Le ROUX - Dimanche 16 octobre 2016 sur Facebook :
Je sais que ma position sur ce sujet est jugée marginale parce que trop radicale, mais je ne cesserai de pousser en ce sens car je suis convaincu que c’est ce que nous devons faire pour gagner.
Certains pensent qu’on pourra sortir de l’UE et même qu’on devra le faire mais qu’on ne doit surtout pas le dire, ou en tout cas pas maintenant, qu’on doit faire comme si nous étions des râleurs mais pas des adversaires de l’UE.
D’autres disent que c’est folie de s’engager sur cette voie de la sortie et que le discours du plan A suivi peut-être du plan B suffira à rendre plus ouverts à nos demandes les dirigeants de l’UE et les autres pays membres.
Je ne reconnais la pertinence d’aucune de ces deux positions stratégiques et c’est pourquoi j'assume de dire que je veux qu'on porte dès maintenant, au sein de la France insoumise, le message très clair qu'on sortira de l’UE. Sans préalable, sinon celui du recours au peuple par référendum.
On me rétorquera que ce n’est pas la volonté de Jean-Luc Mélenchon et que ce n’est pas non plus celle de la France insoumise puisque le projet de plan A préalable a été adopté par plus de 90% des votants à la convention des insoumis-e-s du 16 octobre 2016. Oui, je suis dans la minorité et c’est une toute petite minorité au regard des chiffres ci-dessus. Dois-je me taire pour autant ? Mélenchon lui-même ne cesse-t-il pas de dire - il l’a répété encore dans son intervention de ce dimanche - que perdre n’implique pas de devoir se taire et baisser pavillon. Je ne baisse pas pavillon. Je le porte haut. Je donne mes arguments espérant être entendu un jour prochain. Je ne suis pas seul à défendre ce projet de sortie. Je n’étais pas seul au PG, je ne le suis pas au sein de la France insoumise. Et nous ne sommes pas seuls au sein de la Gauche de combat. Et nous ne sommes pas seuls en France... C’est plutôt le contraire. Nous sommes des millions à le vouloir. J’y reviendrai plus loin.
Oui, je suis pour supprimer la référence préalable au plan A et pour qu'on annonce le plan B comme notre unique stratégie, et ce dès maintenant, pour que les millions de gens qui ont voté NON en 2005 soient de nouveau avec nous.
Je pousse en ce sens depuis un an, avec plein d'autres, d’abord au PG, depuis un an au sein de la France insoumise. Et on se fait houspiller à cause de cela mais peu nous chaut. On marche devant. Et à cette place, on ne saurait être des légions ! Sur ce sujet comme sur d’autres (le rôle du PC par exemple), je m’amuse de constater que ce que je disais il y a 8 ans, est devenu réalité depuis. J’étais pourtant bien seul à l’époque ! J’ai eu donc tort d'avoir raison avant les autres. Mais il se trouve que ce fut souvent le cas pour JLM alors que ce le fut beaucoup moins de certains de ses suiveurs...
J’ai l’intuition qu’il en ira de même sur l'UE, sauf qu'on aura perdu du temps en route, des énergies et des électeurs...
Dans les partisans de la stratégie du “plan A d'abord”, il y a tous ceux qui se prétendent stratèges et qui m'expliquent, encore et encore, qu'il faut faire oeuvre pédagogique et qu'il faut montrer que malgré notre bonne volonté, on nous empêche d'agir. N’osent-ils pas, comme des lâches, assumer ce que nous voulons ? Faut-il qu'on se fasse exclure ? Faut-il remettre à d'autres la prise de décision nous concernant ?
Je récuse cette stratégie. Je la récuse d'une part parce qu'un peuple libre et souverain n'a rien à négocier, surtout quand on lui a imposé des règles qu'il avait démocratiquement rejetées. Pour moi, le droit communautaire européen est illégal depuis 2005 car nous avons rejeté le traité constitutionnel et le traité de Lisbonne qui l'a remplacé a été adopté en violation évidente de cette expression populaire de 2005. Il est donc contraire à notre constitution et doit donc être considéré comme nul et non avenu !
Je la récuse d'autre part parce que je ne crois pas du tout que le peuple français soit si hostile qu'on nous le dit à la sortie de la France de l'UE. 2005 en témoigne ! Le NON de 2005, comme le NON grec au référendum organisé par Tsipras en 2015, dépassaient largement la question de savoir si l'on acceptait tel ou tel texte. C'était un NON global au système de l'UE.
Donc oui bien sûr, il faut faire de la pédagogie mais ceci ne saurait justifier qu'on n'assume pas, dès maintenant, le discours de la sortie.
Je suis, sur ce sujet, sur la même ligne que le PRCF - Pôle de Renaissance Communiste en France, ou qu’Aurélien Bernier. Et je suis certain qu'avec un discours clair de JLM sur la sortie, arguments intelligents à l'appui comme il sait le faire, nous amènerions à nous des dizaines de millions de Français, notamment des tas d'abstentionnistes. C'est donc ce qu'il faut faire pour l'emporter, pour être crédibles car tout ce qu'on veut faire est impossible dans l'UE. Si nous portons ce discours de la sortie de l'UE immédiate et sans conditions, sans négociation, nous dévitaliserons le FN dont l'essentiel de la légitimité vient de ce qu'il donne le sentiment d'être le seul à vouloir sortir de l'UE alors que nous savons très bien qu’il n'en fera rien.
Ne me faîtes pas passer pour ce que je ne suis pas et ne me faîtes pas dire ce que je ne dis pas. Je ne suis pas hostile au principe de la négociation car la diplomatie implique de négocier avec nos partenaires et de faire des compromis mais jamais nous ne saurions accepter de négocier sous la menace, la contrainte, ou sur l'essentiel, et jamais nous ne tolérerons de faire des compromis sur l'essentiel. Or là, il s'agit bien de l'essentiel : notre liberté, notre souveraineté et notre survie même.
JLM et les siens disent que les Français ont peur de la sortie. C'est sans doute vrai de quelques-uns mais ce n'est sans doute pas vrai de l'immense majorité qui a bien compris ce qu'est l'UE et ce qu'elle implique, ce à quoi elle conduit. Et ce n'est pas la peur qui doit nous guider. N'est-ce pas ce que JLM dit lui-même ? La peur réside dans l'ignorance. Il suffit donc d'éclairer la problématique.
D'une certaine manière, en refusant de prôner la sortie et en continuant à dire qu'il faut d'abord expliquer et convaincre, on se met en situation non seulement d'insulter les gens qui sont bien moins nigauds que ce discours pro-pédagogie le laisse entendre, mais aussi et surtout on se place en situation de défense au lieu d'être en attaque. Et on est en retrait par rapport à tant de gens qui ont saisi ce qui se joue et ce qu'il faut faire.
Dernier point, là encore stratégique : il ne faudrait pas faire croire que l'on veut sortir, il ne faudrait rien dire, pour que l'on ne nous menace pas, disent certains. Mais c'est prendre les dominants pour des idiots. Car dès lors que l'on agite la menace du plan B, on les menace (sauf à laisser entendre que cette menace n’est que du vent). Donc on se les met à dos de toute façon, quoi qu'on fasse ! Il est donc préférable d’ignorer cet aspect et de jouer notre jeu, de mettre en oeuvre notre stratégie libératrice, ce qui ne signifie pas que l’on ne doive pas se prémunir des attaques en tout genre (cf l’article que j’ai publié hier).
Je ne dis pas que Mélenchon, et ses proches qui seront demain au gouvernement, dans les ambassades et ailleurs dans les sphères du pouvoir, doivent écrire dans notre projet tout ce qui sera fait en lien avec la sortie. On ne dévoile pas le plan de guerre aux ennemis. Par contre, on se doit de donner publiquement l'objectif qu'on s'assigne et indiquer le principal moyen d'y parvenir.Et c'est le plan B qui doit se substituer au plus vite au plan A. Nous devons écouter Frédéric Lordon qui le préconise avec d'autres arguments que les miens. Nous devons écouter Zoe Konstantopoulou qui a dit ce dimanche, dans son intervention devant la convention des insoumis, qu'il fallait préparer le plan B. Elle n'a pas évoqué le plan A, elle !
Je sais que JLM et les siens préparent le plan B. Je ne dis pas qu'ils ne le font pas. Ce que je dénonce, c'est ce plan A préalable qui n'a aucun sens et qui n'aura aucun effet ou qui ne peut avoir que des effets détestables car si on nous accorde certaines choses, devrons-nous rester dans l'UE et s'avaler tout le reste ?
Notre position doit être claire : Pas de négociation. Pas de compromissions. Pas même de compromis à ce stade. On brise d'abord les chaînes de la servitude. On se libère d'abord, totalement, sans demander l'autorisation à personne. On agit ainsi en peuple libre et souverain. Et s'il le faut en désobéissant à toutes les règles, qu'elles soient externes ou internes, qui l'empêcheraient, en se reposant sur le peuple que nous devons consulter par référendum. Sa parole est supérieure à tout acte juridique, quel qu'il soit. Je pense que je suis assez clair...
Pourquoi je tiens tant à la sortie pure et simple de l'UE et pas seulement à la renégociation des traités ? Parce que nous ne réussirons pas, malgré notre poids, à obtenir tout ce que nous souhaitons. Nous pourrons nous entendre avec certains pays sur certaines choses mais pas sur toutes. Et je refuse que nous fassions des concessions pour le seul "plaisir" d'être membre d'une union d'Etats. Et si nous accédons au pouvoir en mai 2017, nous serons les seuls dans l’UE à avoir cette ligne, sauf à imaginer que des gouvernements qui ont fait jusqu’à présent ce qu’ils ont fait changent radicalement de ligne. C’est quand même bien peu probable. Alors si nous l’emportons, certes, cela peut donner des idées et libérer des énergies, d’autres Etats peuvent basculer du bon côté et ensemble il nous serait plus facile d’agir mais on ne doit pas attendre Godot, aussi beau soit-il ! On doit agir par nous-mêmes, en peuple libre !
Et parce que l'UE n'est pas détestable seulement à cause de la politique économique austéritaire. Elle l'est aussi sur presque tous ses autres éléments constitutifs : sa diplomatie atlantiste, belliqueuse et hostile à la Russie, sa PAC qui tue les paysans et l'agriculture en France et en Afrique, ses violations permanentes de la souveraineté des peuples, sa caractéristique de machine de guerre des multinationales contre les peuples...
Le système de l'UE est à jeter dans sa totalité. Ce n'est pas seulement la problématique de la BCE qui nous martyrise. Il est urgent d'élargir le propos et d'avoir un discours PO-LI-TI-QUE et pas seulement économique sur le sujet.
Et comme NOUS sommes des internationalistes et PAS des nationalistes, notre sortie ne sera qu'une libération, préalable nécessaire, indispensable, à toute création d'autre chose. Si nous sortons, d'autres États sortiront dans notre foulée et avec eux, nous referons autre chose autrement. Avec les peuples et les États de la Méditerranée notamment ! Et je tiens à ce que les nouvelles alliances soient basées sur la coopération intergouvernementale c'est-à-dire que chaque gouvernement décide au cas par cas de ce qu'il veut et rien, jamais, ne lui est imposé. Je récuse d'office le principe même du système intégré, d'ordre fédéral, qui est inadapté au contexte européennes.
Si nous sommes réellement la FRANCE INSOUMISE, si nous portons réellement le projet de L’AVENIR EN COMMUN, alors nous devons assumer d’être libres et on ne l’est pas actuellement. Et on ne saurait l’être dans l’UE. Cela fait trop longtemps qu’on nous amuse avec des discours réformateurs. L’UE n’est pas réformable dans le sens que nous voulons. Alors nous la quittons. Pour faire autre chose, autrement !
Ce ne sera pas un drame historique. Bien au contraire ! Ce sera une véritable renaissance, pour nous, Français, mais aussi pour tant d’autres !
Gandhi, l’homme de la paix et de la non-violence disait ceci : « Tout compromis repose sur des concessions mutuelles, mais il ne saurait y avoir de concessions mutuelles lorsqu’il s’agit de principes fondamentaux. »
SOURCE:
ET LE COMMENTAIRE DE
par Jean LEVY
Pour le dirigeant de la "France insoumise", le plan B - la sortie de l'Union européenne, comme un préalable à toute politique de progrès social, n'est pas de première actualité et qu'il vaut mieux pour lui, de proposer d'abord "une renégociation des traités européens" - le plan A - comme si cette stratégie était réaliste sur le plan politique, et rentable électoralement.
Au contraire ces 'finasseries' laissent planer le doute sur les véritables intentions de Jean-Luc Mélenchon, et rendent suspects ses harangues véhémentes. Les citoyens ont assez payé les promesses sans lendemain des leaders de ce qu'on appelle à tort "la gauche".
Ils ne se mobiliserons que sur des orientations claires, sur des engagements précis.
Jean-Luc Mélenchon , comme beaucoup de politiciens, oublie dans ses calculs électoraux les millions d'abstentionnistes et de votes blancs : ceux-ci ne se mobiliserons que sur des orientations claires, sur des engagements précis, une rupture nette avec la dictature des marchés et tous les traités qui l'instaure, en un mot le retour à l'indépendance de la France et à la souveraineté entière de son peuple.
Tout le reste n'est que littérature.