Le président de l’Eurogroupe a pris acte de l’irritation de certains gouvernements européens, l’Allemagne en particulier, contre les soutiens accordés par Athènes à ses retraités les plus démunis
Quelques jours après la décision du gouvernement grec de distribuer un bonus aux retraités les plus modestes, ses créanciers suspendent l’allègement de la dette.
La sanction n'a pas traîné. Quelques jours à peine après la décision du premier ministre grec , Alexis Tsipras d'accroître le niveau des retraites pour 2016, le président de l'Eurogroupe, qui réunit les ministres des Finances de la zone euro, a décidé de suspendre les premières mesures d'allègement de la dette grecque, décidé lors de leur dernière réunion lundi 5 décembre.
« Les actions du gouvernement grec » -- rétablissement d'un 13e versement annuel pour les petites retraites et ajournement de la hausse de la TVA dans les îles frappées par la crise des migrants -- « ne sont pas en ligne avec nos accords », selon « quelques Etats membres », écrit mercredi dans un communiqué l'Eurogroupe, ce qui empêche la mise en place des mesures d'allègement de la dette. L'Allemagne avait clairement fait savoir que ces « mesures unilatérales » prises par Athènes n'étaient pas acceptables.
Geste social exceptionnel
Depuis que la Grèce est sous perfusion financière de ses partenaires européens et du FMI, toutes les décisions économiques et budgétaires sont passées au crible de la « troika » des créanciers. Il y a quelques jours, Alexis Tsipras s'était cru autorisé à consacrer 600 millions d'euros pour soutenir les pensions des petits retraités. Limitée à 2016, cette bonification des retraites devait représenter entre 300 et 830 euros par an et par retraités qui reçoivent moins de 850 euros de pension mensuelle, ce qui concerne 1,6 million de retraités.
Un coût de 617 millions d'euros, ou 0,35% de PIB
Au total, ce bonus de Noël, destiné aussi à faire remonter la cote de popularité du Premier ministre qui est tombée très bas, devait coûter 617 millions d'euros ou 0,35% de PIB. Il se peut aussi qu'Alexis Tsipras, las de se soumettre à toutes les exigences de ses créanciers ait en tête de provoquer dans les semaines à venir de nouvelles élections et qu'il cherche à se refaire d'ici là une image de gauche plus proche de ses promesses initiales.
Cette dépense imprévue est largement financée, puisque le gouvernement a réussi à dégager en 2016 un excédent primaire -une fois remboursée la charge de la dette- d'environ 1,1% du PIB soit très au dessus de l'objectif de 0,75% fixé avec les créanciers européens. Alexis Tsipras a cru benoîtement qu'il pourrait utiliser à sa guise ce surplus, chèrement acquis par une réduction des dépenses publiques.
Une échappée d'Alexis Tsipras pas tolérable pour l'Union européenne, l'Allemagne, en particulier
Mais les dirigeants européens, certains d'entre eux en tout cas, ont jugé que cette échappée d'Alexis Tsipras n'était pas tolérable. Et en décidant de bloquer les première mesures - modestes - d'allègement de la dette, ils mettent une pression maximum sur lui pour qu'il renonce à cet exceptionnel geste social.