Dresser un portrait sans précédent de la jeunesse européenne, c’est l’ambition de « Generation What ? » : des milliers de jeunes de 18 à 34 ans répondent depuis avril à une enquête diffusée sur Internet et relayée par les grands médias de la plupart des pays européens.
Plus de 300 000 jeunes de 18 à 34 ans ont volontairement répondu à un questionnaire, entre autres choses, sur la politique...
La sociologue Anne Muxel, du Cevipof, s’est intéressée au volet français.
Ce dispositif interactif a permis de recueillir à l’époque les réponses de 320 000 jeunes français.
Quel est le rapport des jeunes français à la politique ?
A. M. : Il est ambivalent, mêlant à fois une forte défiance et une disponibilité pour l’engagement citoyen. Le rejet des élus et des partis est écrasant :
99 % des répondants estiment que
les hommes politiques sont plus ou moins corrompus *
91 % pensent que la finance contrôle le monde…
En même temps, une courte majorité continue de voter, et ils sont nombreux à penser que les élus ont du pouvoir et qu’ils peuvent améliorer les choses. De façon connexe, beaucoup considèrent que les citoyens peuvent agir à leur niveau, notamment en faisant pression sur les institutions.
On retrouve ainsi une forte propension à la démocratie directe et à la protestation : 63 % affirment qu’ils pourraient participer à un mouvement de révolte de grande ampleur..
Nous pouvons expliquer cette apparente dichotomie en relevant que ces jeunes n’ont pas connu la période des grandes idéologies des années 1960-1980. Ils sont nés sans boussole, dans un monde où les orientations politiques traditionnelles sont en crise, et doivent définir leurs choix politiques de façon plus autonome que leurs parents.
NOTE
* 47 % considèrent que « oui, quelques-uns » sont corrompus et
52 % pensent que « oui, presque tous » le sont.