Je l’ai dit ?
Mais je l’ai pas dit fort ! »
Aussi, le 14 décembre 2016 devant un parterre de personnel de santé, F. Fillon veut rétablir la vérité ! :
« Comme tous les Français, je suis attaché à la Sécurité sociale.
(Bonne nouvelle, cela ne se voit pas tous les jours).
La Sécurité sociale et tout particulièrement l’assurance maladie, c’est un des fondements de notre pacte national ! ».
Là ça se gâte ! Car le pacte national n’existe que dans l’imaginaire de ceux qui veulent gommer l’histoire ouvrière et la lutte des classes.
Tous ceux qui parlent de "pacte", sont dans l’incapacité d’en fournir le moindre début d’embryon de commencement de texte.
En réalité la Sécurité sociale et le résultat du travail intense d’un ministre, Ambroise Croizat entouré de militants et d’un rapport des forces politiques et syndicales.
Pour F. Fillon le déficit chronique, la bureaucratisation des procédures sont des maux.
Le docteur Fillon a-t-il oublié ses responsabilités gouvernementales ?
Même pas : « Ai-je supprimé ou privatisé les retraites lorsque j’étais ministre ou premier ministre ?
Au contraire j’ai sauvegardé nos retraites par répartition ! C’est une démarche analogue que je propose aujourd’hui ».
Surtout pas !
Ici il convient de rappeler en quoi consistait le sauvetage des retraites façon Fillon en 2003.
Allongement de la durée de cotisation des fonctionnaires passant de 37 ans et demi à 40 ans en 2008 et à 41 ans en 2012.
Il prévoit un allongement en fonction de la durée de vie.
Création d’un système de surcote.
Création de deux nouveaux dispositifs d’épargne retraite : un produit d’épargne individuelle, le plan d’épargne retraite populaire (PERP), et un dispositif collectif, le plan d’épargne pour la retraite collectif (PERCO)
indexation des pensions des fonctionnaires sur les prix et non plus sur le point de la fonction publique.
Pendant la primaire de la droite François Fillon proposait une réduction des dépenses pour assurer la pérennité de notre système de santé avec l’objectif de réaliser plus de 20 milliards d’euros d’économies.
Parmi elles (retiré depuis de son site de campagne), on trouvait :
« focaliser l’assurance publique universelle sur des affections graves ou de longue durée, et l’assurance privée sur le reste. Les moins favorisés ne pouvant accéder à l’assurance privée bénéficieront d’un régime spécial de couverture accrue ». |
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Déjà dans le débat qui l’ "opposait" à Alain Juppé le 24 novembre dernier, il a dévoilé ses intentions : « Oui je propose que la Sécurité sociale se concentre sur les risques principaux (…), affections graves et de longue durée. Et d’évoquer un panier de soins qui devrait être couverts par la Sécurité sociale. Et il dit souhaiter que pour ce que l’on appelle le petit risque on aille vers des assurances complémentaires ».
Dans son élan il dit qu’ « au fond des personnes qui ont des revenus un peu plus importants (combien ?)… Elles peuvent quand on va à la pharmacie acheter quelques médicaments de confort, et les payer directement ».
La notion de médicament de confort n’a aucun sens.
La séparation entre les petits et les gros risques n’est pas seulement ridicule, mais elles est dangereuse pour la santé.
Un rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de 2008 préconise de mettre l’accent sur les soins primaires.
Car l’objectif ultime des soins de santé primaires est une meilleure santé pour tous (1).
Il paraît évident, sauf à François Fillon, qu’il est préférable de se soigner avant que cela ne devienne grave.
Il explique par ailleurs vouloir placer la "Sécu" et les organismes complémentaires sous le pilotage d’une agence de régulation et de contrôle ».
Et allez, une agence de plus !
En fait, ses démentis confirment sa volonté de transférer au secteur privé la Sécurité sociale.
Le panier de soins participe de la mise en place d’une Sécu à minima pour tout le monde et le recours à une complémentaire, mutuelle ou assurance privée pour le reste.
Ce faisant on affaiblira la Sécurité sociale et on aggravera les déficits.
Il dit aussi vouloir "désétatiser" le système de santé.
Il y aurait un moyen efficace c’est de rendre la Sécurité sociale à ses légitimes propriétaires : les salariés.
En 1946, Pierre Laroque, écrivait : « Les principes mêmes du plan de sécurité sociale que nous voulons édifier, de même que les principes généraux de la politique sociale définie tout à l’heure veulent que l’organisation de la Sécurité sociale soit confiée aux intéressés eux-mêmes.
Cela précisément parce que le plan de Sécurité sociale ne tend pas uniquement à l’amélioration de la situation matérielle des travailleurs, mais surtout à la création d’un ordre social nouveau dans lequel les travailleurs aient leurs pleines responsabilités.
Ce qui a amené à concevoir le plan de Sécurité sociale dans le cadre d’organisations uniques gérées par les intéressés et couvrant l’ensemble de la sécurité sociale » (2).
« Nous voulons que demain, les travailleurs considèrent que les institutions de sécurité sociale sont des institutions à eux, gérées par eux et ou ils sont chez eux.
Pour cela, il faut des organismes très proches des intéressés ... » (2).
Quant à Ambroise Croizat, le créateur de la Sécurité sociale rappelait dans un discours à l’Assemblée nationale :
« l’unité de la sécurité sociale est la condition nécessaire de son efficacité » (3).
Dans les débats qui suivent la projection du film de Gilles Perret : "La sociale" (qu’il faut absolument aller voir), très souvent les plus jeunes ne connaissent de la sécurité sociale que le trou dont les médias, pas toujours bien intentionnés, nous rebattent les oreilles.
Non, la Sécurité sociale n’est pas qu’un trou entretenu par ceux qui veulent sa mort !
Elle est d’abord le moyen le plus efficace permettant l’accès du plus grand nombre aux soins de haut niveau et l’émancipation de tous.
Elle est également la démonstration que l’on peut se passer des patrons, des actionnaires, et de l’épargne.
Ce qui rend inutile le capitalisme.
Et c’est cela qui est insupportable au pouvoir.
P.-S.
(1) Rapport de l’Organisation mondiale de la santé de 2008.
(2) Le plan français de sécurité sociale. Pierre Laroque. Avril 1946.
(3) Discours du 8 août 1946 à l’Assemblée nationale constituante.
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