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Le discours d’Andreï Makine fait sensation sous la coupole du Quai Conti
L’écrivain d’origine russe et de nationalité française Andreï Makine a créé la sensation lors de son discours de réception à l’Académie française, le 15 décembre 2016, en s’en prenant aux « stratèges criminels de l’OTAN » et aux « ignorants au pouvoir », qualifiés d’« arrogants incultes », et en dénonçant « le martyre de tant de peuples, musulmans ou non, sacrifiés sur l’autel du nouvel ordre mondial globalitaire ».
Tout en prononçant l’éloge traditionnel de son prédécesseur au fauteuil numéro 5 à l’Académie française, la femme de lettres algérienne Assia Djebar, Andreï Makine a décrit, dans des termes émouvants, l’amour qu’il porte depuis son enfance à la langue et à la culture françaises, qu’il condense dans un concept universel de « francité ».
Un réquisitoire contre l’Otan et ses « supplétifs européens »
Pour autant, il n’a pas hésité à porter un regard sévère sur les errements de la politique française actuelle, fondue dans la politique délétère des États-Unis d’Amérique et de l’OTAN. Il a fustigé sans ambigüité les crimes, l’ignorance et la bêtise des dirigeants français actuels, sans les nommer. On devine qu’il vise tout particulièrement Nicolas Sarkozy, François Fillon et Alain Juppé pour leur action contre la Lybie, François Hollande, Manuel Valls et Laurent Fabius pour celle contre la Syrie.
Rejetant le « choc des civilisations », Andreï Makine dénonce l’utilisation frauduleuse des mots et des religions par les pompiers-pyromanes occidentaux qui, avec un cynisme sans limite, s’allient à des fanatiques et à des bandits de grand chemin tout en prétendant les combattre, pour satisfaire leur soif délirante de domination mondiale.
Et Andreï Makine d’exposer aux Académiciens :
« Les mots les plus courants de la langue arabe, les mots innocents (le dictionnaire n’est jamais coupable, seul l’usage peut le devenir), oui, l’exclamation qu’on entend dans la bouche des personnages romanesques d’Assia Djebar, ce presque machinal Allahou akbar, prononcé par les fidèles avec espoir et ferveur, se trouve détourné, à présent, par une minorité agressive – j’insiste, une minorité ! – et sonne à nos oreilles avec un retentissement désormais profondément douloureux, évoquant des villes frappées par la terreur qui n’a épargné ni les petits écoliers toulousains ni le vieux prêtre de Saint-Étienne-du-Rouvray.
Il serait injuste de priver du droit de réponse celle qui ne peut plus nous rejoindre et nous parler. À la longue liste des villes et des victimes, la romancière algérienne aurait sans doute eu le courage d’opposer sa liste à elle en évoquant le demi-million d’enfants irakiens massacrés, la monstrueuse destruction de la Libye, la catastrophe syrienne, le pilonnage barbare du Yémen. Qui aurait, aujourd’hui, l’impudence de contester le martyre de tant de peuples, musulmans ou non, sacrifiés sur l’autel du nouvel ordre mondial globalitaire ? »
Faisant fi de la chape de plomb intellectuelle qui s’est abattue sur la vie politique française et dans les médias, Andreï Makine rappelle la vérité sur la déstabilisation récente de l’Ukraine et sur le soutien des puissances occidentales aux organisations terroristes au Moyen Orient. Revenant sur les oppositions entre Français et Russes dans l’histoire, Andreï Makine expose ainsi :
« Soixante-quinze mille morts en une seule journée dans la bataille de la Moskova, en 1812, un carnage pas si éloigné, dans le temps, de la conquête algérienne. Oui, quarante-cinq mille morts russes, trente mille morts du côté français. Mais aussi la guerre de Crimée, dévastatrice et promotrice de nouvelles armes, et jadis comme naguère, l’Europe prête à s’allier avec un sultan ou – c’est un secret de Polichinelle – à armer un khalifat, au lieu de s’entendre avec la Russie. Et le débarquement d’un corps expéditionnaire français en 1918 au pire moment du désastre révolutionnaire russe. Et la Guerre froide où nos arsenaux nucléaires respectifs visaient Paris et Moscou. Et l’horrible tragédie ukrainienne aujourd’hui.
Combien de cimetières, pour reprendre l’expression d’Assia Djebar, les Russes auraient pu associer à la langue française ! Or, il n’en est rien ! En parlant cette langue nous pensons à l’amitié de Flaubert et de Tourgueniev et non pas à Malakoff et Alma, à la visite de Balzac à Kiev et non pas à la guerre fratricide orchestrée, dans cette ville, par les stratèges criminels de l’OTAN et leurs inconscients supplétifs européens. »
Un réquisitoire contre la « censure officielle ou celle, plus sournoise, qui ne dit pas son nom » qui sévit en France
Andreï Makine rend également un hommage appuyé aux auteurs français qui « pour défendre leur vérité, affrontaient l’exil, le tribunal, l’ostracisme exercé par les bien-pensants, la censure officielle ou celle, plus sournoise, qui ne dit pas son nom et qui étouffe votre voix en silence ».
L’ancien ressortissant de l’Union soviétique, qui connaît bien son sujet, témoigne d’une grande lucidité sur la situation dans laquelle les pays d’Europe de l’Ouest, et tout particulièrement la France, ont sombré.
L’UPR est la preuve vivante de l’existence de cette censure inavouée qu’exercent à son encontre les grands médias du pays et leurs donneurs d’ordre.
Malgré ce sombre contexte, Andreï Makine fait part de son optimisme :
« Cette haute conception de la parole littéraire est toujours vivante sur la terre de France. Malgré l’abrutissement programmé des populations, malgré la pléthore des divertissements virtuels, malgré l’arrivée des gouvernants qui revendiquent, avec une arrogance éhontée, leur inculture. « Je ne lis pas de romans », se félicitait l’un d’eux, en oubliant que le bibliothécaire de Napoléon déposait chaque jour sur le bureau de l’Empereur une demi-douzaine de nouveautés littéraires que celui-ci trouvait le loisir de parcourir. Entre Trafalgar et Austerlitz, pour ainsi dire. Ces arrogants incultes oublient la force de la plume du général de Gaulle, son art qui aurait mérité un Nobel de littérature à la suite de Winston Churchill. »
CONCLUSION : Le discours d’Andreï Makine conforte les analyses de l’UPR
Le discours d’Andreï Makine a fait sensation parce qu’il est extrêmement rare que résonne, sous la coupole du Quai Conti où siègent les quarante « Immortels », un véritable réquisitoire politique contre les plus hautes autorités de l’État.
Dans le microcosme, personne d’ailleurs ne s’y trompe. Une telle dénonciation de l’assujettissement de la France à l’OTAN et à ses actions criminelles n’a très probablement pas pu être faite par le nouvel académicien sans que celui-ci n’en ait prévenu et n’ait obtenu le feu vert de Mme Hélène Carrère d’Encausse, Secrétaire perpétuel de l’Académie française, elle-même d’origine géorgienne et grande spécialiste des questions russes et des républiques musulmanes d’Asie centrale.
Quoi qu’il en soit, ce discours cinglant représente une caution intellectuelle et morale supplémentaire, de tout premier plan, pour les analyses de l’UPR.
Il démontre en effet que l’UPR est loin d’être seule :
- à dénoncer les crimes du gouvernement américain et de ses vassaux européens, que ce soit en Ukraine, au Moyen-Orient ou en Afrique ;
- à dénoncer la manipulation de masse, de plus en plus grossière, exercée par les grands médias pour tenir la population française dans l’ignorance des vraies responsabilités quant aux guerres à répétition dans lesquelles la France est engagée ;
- à dénoncer la censure exercée par ces mêmes médias de masse à l’encontre des vrais opposants, en l’occurrence à l’encontre de l’UPR qui est le seul parti politique français à vouloir, pour de bon, faire sortir unilatéralement la France de l’Union européenne, de l’euro et de l’OTAN ;
- à exposer au peuple français la formidable régression culturelle et intellectuelle que représentent la prétendue « construction européenne » et la théorie du « choc des civilisations » qui précipitent les Français dans une confrontation de plus en plus violente avec le reste du monde.
Comme le suggère Andreï Makine, l’atmosphère de mensonges et de manipulation dans lequel vivent les Français n’est pas durable. Tôt ou tard, la vérité finit par éclater. Tôt ou tard, ce qui est fondamentalement vicié finit par s’effondrer.
François XAVIER
19 décembre 2016