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Fillon, Sarkozy, Juppé tous agresseurs de la Libye
« Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent. » (Edgar Faure)
François Fillon nous a récemment livré son plan de bataille contre l’islamisme. Admirons la cohérence de sa vision politique actuelle avec son action politique passée, notamment celle de chef de gouvernement qu’il exerça du 17 mai 2007 au 10 mai 2012 .
« Quant à la chute de Kadhafi, regrette-t-il, elle a ouvert la route de l’Afrique à l’EI et à ses affidés.1) » En effet, en tant que chef du gouvernement, il avait déjà pris la tête de la lutte contre l’islamisme en bombardant la Libye, en armant des forces de l’opposition 2) et en envoyant des forces spéciales aux côtés de djihadistes pour assassiner le dirigeant libyen sans jugement, sans mandat de l’ONU, et se rendant ainsi coupable de crimes de guerre, d’ailleurs prévisibles. 3)
« Nos services de renseignement, regrette-t-il plus loin, ont conduit de multiples réorganisations partielles qui n’ont pas toujours produit les effets escomptés. » En effet, son gouvernement particulièrement actif dans un mouvement de révision des politiques publiques a dissous les Renseignements généraux en 2008, ce qui a largement facilité la tâche aux candidats au djihad sur notre sol 4) . Par ailleurs, à partir de 2011, son gouvernement s’est illustré par la rupture des relations diplomatiques avec la Syrie en rappelant l’ambassadeur français, en fermant les consulats généraux, ce qui a contribué à geler les relations entre la DGSE et les services syriens, et à rendre de fait toute coopération en matière de lutte anti-terroriste.
Mais l’arme imparable que FF entend utiliser contre l’islamisme, c’est l’UE. ILFAUTPLUSDEUROPE, et vite !
« Bien entendu, disait De Gaulle, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en criant : « L’Europe ! L’Europe ! L’Europe ! »
Pour FF, il faut donc des policiers européens, des OPEX européennes, des juges européens, des garde-frontières européens, des barbouzes européens !5)
Examinons l’expérience de l’UE et des gouvernements auquel participa FF sur ce terrain.
L’UE a fait une entrée en scène remarquée dans la lutte contre le terrorisme islamique en soutenant, durant les guerres de Yougoslavie, les mouvements islamistes bosniaques, albanais et kosovar, également spécialisés dans le trafic d’organes, de drogue et d’armes. Ces mouvements ont d’ailleurs construit et utilisé des écoles internationales de terrorisme pour de nombreux volontaires au djihad venant du monde entier. L’Europe qui selon le traité de Maastricht et de Lisbonne, doit être compatible avec l’OTAN, a ensuite marqué son soutien aux groupes islamistes qui ont participé aux renversements, printemps arabes et autres révolutions de couleurs.
Dès 1991, sur le plan intérieur, l’Europe fut une zélée défenseur de la politique communautariste. 6)
L’UE supprima le terme d’ « assimilation » du lexique juridique 7) ; et par la délivrance d’un certain nombre de passe-droits, elle incita les citoyens français à mettre en avant leur « identité ethnico-religieuse », c’est-à-dire à repenser toute la société sur une base raciale et confessionnelle.
Le délinquant doté de certains critères pouvant faire croire qu’il appartînt à une minorité « ethnico-religieuse » put ainsi bénéficier, grâce à la loi Dati de 2007 (gouvernement Fillon), de « pôles anti-discrimination » dans tous les parquets de France. Cette politique porta ses fruits : en 2013, le général Soubelet lors de son audition parlementaire déclara que la gendarmerie avait reçu cette directive : « si vous interpellez un mineur d’origine étrangère 8), vous pouvez tout de suite le remettre dehors. »
Le cancre doté de certains critères pouvant faire croire qu’il appartînt à une minorité « ethnico-religieuse »9) put bénéficier, grâce à la loi Pécresse de 2010 10) (gouvernement Fillon), d’un passe-droits pour entrer dans les grandes écoles. D’ailleurs, l’Education nationale (dont FF a été ministre en 2004) a supprimé des pans entiers de disciplines « socialement discrimantes » (français, histoire de France, langues anciennes, culture générale, sciences, philosophie...). Dans ce climat de relativisme culturel voulu par l’UE 11) , l’ignorance, l’obscurantisme et donc la violence purent s’épanouir pleinement.
L’incompétent doté de certains critères pouvant faire croire qu’il appartînt à une minorité « ethnico-religieuse » put accéder en priorité à certains emplois, emplois fictifs ou emplois réels dans de grandes sociétés (RATP, Areva, L’Oréal...12) ), leurs filiales, dans les associations ou ailleurs..
Comme on pouvait s’y attendre, cette politique européenne « anti-raciste » a fait exploser en l’espace de vingt ans le nombre d’actes racistes en France . 13)
Evolution des actes et menaces à caractère raciste (1992-2012)
Les premières victimes de cette politique communautariste ont donc été ses prétendus bénéficiaires. La discrimination positive dans l’éducation les a au contraire enfoncés, car au lieu de traiter le problème de fond (l’ignorance), elle a donné un calmant (l’illusion d’une formation et d’une réussite sans instruction). Dans la vie active, la discrimination positive a été mise en œuvre simultanément avec une politique de précarisation de secteurs entiers de l’économie et de développement des emplois hors statuts. Les privatisations se sont accompagnées de suppression de concours, ce qui rendit plus facile la fraude sur le mérite respectif des candidats (seul critère constitutionnel), et ne fit qu’accentuer les ressentiments. La discrimination positive délégitime à terme ceux qui en « bénéficient » ou qui sont supposés en bénéficier.
Ce climat de tension a été accompagné par la désindustrialisation sans précédent ainsi que par l’abandon de services publics et de fonction de l’Etat-providence, chères à l’UE. Dans les quartiers sensibles, ces vides ont été comblés par les soins de charitables associations religieuses, souvent islamistes 14) et mafieuses.
Mais, dans sa lutte contre l’islamisme, FF entend aussi contrôler les flux d’immigration extra-européens. En effet, rappelons que sous son action conjointe et celle de son ministre Eric Besson, l’immigration de masse extra-européenne (notamment musulmane) avait été volontairement fortement augmentée. 15)
« Fillon sur le chemin de Jeanne »
Comme « De Gaulle », FF entend donc se battre pour « la défense farouche de notre souveraineté ». En effet, l’ancien chef du gouvernement avait compris que pour cela il ne fallait surtout pas entendre et suivre la voix du peuple français qui s’était exprimée au référendum de 2006 en signant le traité de Lisbonne en 2007, et violant ainsi les fondamentaux du droit. Dans le sens gaullien, il ramena la France dans l’organisation militaire de l’OTAN, dont l’avait retiré de Gaulle en 1966...
Aujourd’hui, sa campagne est soutenue par Henri de Castries, PDG d’Axa, et président du comité de direction du très souverainiste Groupe Bilderberg depuis 2012.
Mais, finalement, ce cabri est donc aussi une belle girouette. Il se serait converti à l’ « indépendance » envers les USA, et à une politique pro-russe. Cette « indépendance » consistera essentiellement à augmenter la contribution française à l’OTAN afin d’alléger celles des Etats-Unis. 16) La politique pro-russe signifie faire pression sur la Russie pour qu’elle abandonne la Chine et brise l’OCS.
A Washington, le vent a tourné. Et la première menace n’est plus la Russie, selon le nouvel empereur, mais la Chine, même si le maître de l’occident veut encore anéantir Daech, ce que devrait réaliser la combinaison de tapis de bombe et de chair à canon irakienne ou kurdes. Notre Cabri déclarait donc que « la menace c’est la Chine »17) en novembre 2016. Et le nouvel empereur ayant déclaré que l’OTAN ne servait plus à rien, notre girouette déclare simultanément sa foi en l’Europe et la nécessité de l’indépendance par rapport aux USA, entendons, de nous préparer « souverainement » à les aider dans leurs nouvelles aventures guerrières, vers l’extrême-orient, sous le drapeau bleu de l’Europe. Le ministre de la guerre de Hollande l’avait d’ailleurs précédé le 5 juin 2016 en affirmant la nécessité d’envoyer une escadre européenne pour « faire respecter la liberté de circulation maritime » en mer de Chine 18) , ce qui rappelle de grands exploits français au XIXème siècle19) commentés en leur temps par Victor Hugo...
Ainsi donc, FF parle de « troisième guerre mondiale » contre le totalitarisme islamique, alors que ses actions passées ont favorisé son développement. Est-il amnésique ? Menteur ? Ou bien lui et les siens ont-il autre chose en tête ?
Est-il impossible qu’à la prochaine bascule de vent, notre girouette - directement au pouvoir ou par l’entremise d’un autre président Bilberberg... - tournera le dos au « totalitarisme islamique » pour nous demander d’entrer en guerre contre « le totalitarisme asiatique » ou un autre ?
Valentin Martin et Jacques Maillard
Bureau national du Comité Valmy
Notes : 1) Vaincre le totalitarisme islamique, Albin Michel, 2016. |