Je vous assure ce n’est pas une blague mais un gag qui mérite une mention spéciale au prix de l'humour politique. François Fillon a reçu jeudi dernier (il s’est fait représenter à la cérémonie préférant Charleville-Mézières, craignant surtout les quolibets) le prix de la personnalité de l'année par la revue le «Trombinoscope » qui récompense chaque année, je cite « l'action et le professionnalisme de personnalités politiques ».
Il ne s’agit pas d’une plaisanterie. Des journalistes connus et, dit-on, « reconnus », - reconnus par qui on se le demande, sinon par le microcosme d’une bande discréditée - ont attribué cette distinction au candidat de la droite, quelques jours avant le déclenchement de la tornade « fillongate ». Je dis bien « fillongate » et non « pénélopegate », la femme de Fillon dans ce sordide épisode semblant plutôt jouer le rôle de potiche.
Une affaire de gros sous, de mépris, d’arrogance. Voici donc M. Fillon à qui ses fermiers doivent notamment livrer chaque année au titre d’un contrat de fermage 218 kgs de viande de bœuf de la meilleure qualité et je ne sais combien de quintaux de blé, voici donc M. Fillon distingué par des journalistes « reconnus ».
Des pros de l’info, des analystes de première qualité, des spécialistes hors norme, bref des grands du métier sont à l’origine de ce qui pourrait être un canular ou une erreur de vieillesse. Mais non. Les mêmes s’étaient déjà distingués en célébrant Steeve Briois, le maire FN d’Hénin-Beaumont ou encore le ministre Hervé Gaymard impliqué dans une combine d’appartement loué aux frais de l’État. Bref, nos « spécialistes » de l’info ont, une fois encore, démontré leur qualité de visionnaires en choisissant une planche vermoulue. Pas de quoi s’étonner qu’un peu plus de 50% des Français ne fassent pas confiance aux médias.
Qui sont ces Thénardier de l’information qui monopolisent TV, Radios, presse écrite et décernent le prix à Fillon ? Allez, citons-en trois sur une liste trop longue à énumérer : Laurent Joffrin, le patron de Libération ancien trotskyste passé au social libéralisme, Christophe Barbier l’ancien de l’Express au foulard rouge ayant une opinion sur tout et se trompant à peu près sur tout, Arlette Chabot ancienne de tout ou presque qui s’accroche pathétiquement à LCI comme Elkabach vexé d’avoir été viré d’Europe 1 qui pantoufle au titre de conseiller de Boloré, l’affairiste reconverti dans les médias.
Ce sont ces gens-là qui «font l’info» comme aussi, allez une petite fournée supplémentaire, Jean-Luc Mano, l’ancien communiste reconverti dans la lèche de tout ce qui brille, Alain Duhamel le passe-muraille qui a tout vécu depuis près de 50 ans. Ce sont ces gens-là qui depuis des années et des années occupent les antennes, se plantent magistralement dans leurs analyses et pronostics.
Ils ont vieilli ces « chiens de garde » mais résistent encore à leurs enfants naturels, les plus jeunes aux dents longues prêts à manger pères et mères, qui pointent leurs nez et les poussent peu à peu dans le fossé.
En 1932, l’écrivain Paul Nizan publiait « Les chiens de garde » pour dénoncer les philosophes et les écrivains de son époque, ainsi que leur pseudo-neutralité intellectuelle, qui s’imposaient en véritables gardiens de l’ordre établi.
Aujourd’hui, les chiens de garde sont journalistes, éditorialistes, experts médiatiques, ouvertement devenus évangélistes du marché et gardiens de l’ordre social.
Sous couvert d'exalter le pluralisme et l'objectivité, ils sont les porte-parole de la pensée unique au service de la classe dominante.
Le film « Les nouveaux chiens de garde » sortis en salle en 2015 montraient excellemment la réalité sur cette caste obséquieuse à l'égard des puissances qui gouvernent, la commune origine sociale des journalistes et des politiques, transitant par les mêmes écoles et fréquentant les mêmes cercles, ou encore le nombre relativement restreint d'experts économiques tournant dans les médias sans qu'on précise jamais leur affiliation aux groupes financiers qui les emploient. Le spectacle est affligeant. Malheureusement, il marche et trompe encore.
José Fort