Le bombardement soudain et massif, le 6 avril, de la base militaire syrienne de Shayrat par les forces américaines pourrait bien marquer un nouveau tournant dans la géopolitique mondiale. Au-delà de la Syrie, c’est naturellement un geste agressif brutal qui est ainsi perpétré contre la Russie. Pour l’heure, celle-ci a réagi avec sang-froid.
A ce stade, trois points méritent d’être notés. D’abord, sans guère de surprise, les pays occidentaux et les médias dominants reprennent sans la moindre réserve la thèse selon laquelle l’attaque chimique contre la ville syrienne de Khan Cheikhoun – attaque qui a servi de prétexte à l’agression américaine – aurait été ordonnée par Damas.
Or, outre le fait qu’on voit mal quel intérêt le pouvoir syrien aurait eu à alimenter contre lui une nouvelle fois toute la propagande occidentale, les experts militaires, notamment français, mettent en doute cette thèse, comme le révélait hier l’hebdomadaire Challenges, peu suspect de sympathie excessive vis-à-vis de Bachar el-Assad. Dès lors, on peut s’interroger sur une hypothèse : le drame de Khan Cheikhoun n’était-il pas une provocation imaginée par des forces, à Washington ou ailleurs, qui voyaient avec angoisse la guerre en Syrie pouvoir s’orienter – enfin ! – vers une issue négociée respectant la souveraineté de ce pays ?
Deuxièmement et surtout, au regard de la campagne électorale atypique que mena le milliardaire qui siège désormais à la Maison-Blanche, la décision de ce dernier de recourir à l’agression militaire met en lumière l’extraordinaire capacité de ce qu’on pourrait appeler « l’Etat profond » américain à reprendre en main celui qui avait dû son succès à sa rhétorique anti-establishment. Plus significatif encore est le langage employé par Donald Trump, qui n’a pas hésité à renouer avec des accents moralisateurs que n’auraient pas renié les pires néo-conservateurs, et mis à l’honneur par George W. Bush.
Ces dernières semaines déjà, le président américain avait explicitement tourné le dos à des thèmes qui avaient marqué sa campagne
Ces dernières semaines déjà, le président américain avait explicitement tourné le dos à des thèmes qui avaient marqué sa campagne :
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