Dehors comme dedans, la foule immense, bien plus nombreuse que pour Macron et Fillon...
Le candidat de La France insoumise a pu compter sur les milliers de personnes (25 000 selon son équipe), réunies à l'intérieur et à l'extérieur du Grand Palais de Lille. Dans un discours pacifiste et invitant à aller de l'avant, il a décliné plusieurs pans de son programme après une première partie où il a enchaîné les traits d'humour concernant ses adversaires.
Parlant d'Emmanuel Macron, de François Fillon et de Marine Le Pen avec un "ils" général, il a longuement expliqué à ses soutiens vouloir les "mettre en garde pour que vous compreniez la catastrophe qu'ils sont en train d'organiser".
Au long de près de deux heures de discours, il est revenu sur de nombreux points de son programme, abordant économie, social, fiscalité, environnement, santé, éducation, recherche dans un seul et même meeting. Une manière de démontrer que ce ne sont pas ses seuls talents de tribun qui attirent les foules.
La foule s'est notamment enlevée lorsqu'il a rappelé une mesure phare de financement de son programme : l'application d'une réelle égalité salariale entre hommes et femmes, qui permet aussi de faire entrer davantage de cotisations dans les caisses de l'Etat.
M. Mélenchon, qui s'est invité selon les sondages dans le carré de tête au premier tour de l'élection présidentielle au point d'être éventuellement en mesure de se hisser en finale, a été ces derniers jours la cible d'une pluie d'attaques. Soucieux d'y répondre par l'humour, il cherché à démonter point par point toutes les critiques, et demandé à la salle de ne pas siffler ni ses rivaux, ni le Figaro qui a titré mercredi sur "Mélenchon, le délirant projet du Chavez français".
"Pourquoi font-ils ça ? Pour faire peur, pour impressionner, pour que le bruit se répande qu'il y aurait une catastrophe à l'horizon", a estimé le candidat, ironisant sur "les chars de l'armée rouge", "l'hiver nucléaire" ou "la pluie de grenouilles" qui découleraient de son arrivée à l'Elysée selon ses détracteurs. Sans monter la foule contre les journalistes, il a au contraire soutenu ces derniers : "Les plus malheureux, c'est les journalistes. Ils croyaient faire un journal, ils retrouvent un tract".
Leçon de politesse
Il a moqué l'éditorial du Figaro, selon lequel personne ne pouvait citer une mesure-phare de son projet. "Fondamentalement, ils vous prennent pour des imbéciles: vous croyez que vous êtes en train de lire, non, vous êtes en train de vous faire bourrer le crâne", a-t-il lancé. Il n'a en revanche pas répondu frontalement à François Hollande, qui a mis en garde contre le "péril" Mélenchon et l'attirance pour "le spectacle du tribun plutôt
que le contenu de son texte", dans des propos au Point rapportés mercredi.
Renvoyant Emmanuel Macron et François Fillon à leurs bilans respectifs de ministre de l'Economie et de Premier ministre en matière de chômage, M. Mélenchon a vivement pris à parti le patron du Medef, Pierre Gattaz. "Dire que voter pour moi, c'est ruine, désespoir, désolation, et pauvreté généralisée (...) lui aussi n'a pas lu le journal, parce que la ruine, le désespoir, la pauvreté généralisée:c'est en ce moment", s'est-il exclamé.
Quant à M. Macron, il préféré lui donner une leçon de politesse en ironisant sur ses propos. En meeting à Besançon la veille, le candidat d'en Marche! avait souligné qu'il était "encore au collège" quand M. Mélenchon était déjà "sénateur socialiste". "La différence d'âge n'est pas un argument pour se mépriser", a répliqué le candidat de La France insoumise, enjoignant son concurrent à "être poli".
Mardi, il avait dénoncé "le virage à droite complètement inouï" d'Emmanuel Macron, jugeant qu'il "oriente sa campagne pour essayer de siphonner les voix de Fillon". Après s'être "assuré que nous ayons doublé Monsieur Fillon (...) je crois que c'est Monsieur Macron" qui deviendra l'objectif à dépasser, avait-il jugé.
A Lille, il a rappelé de "l'aide" promise pour le second tour, citant Benoît Hamon (PS) et Philippe Poutou (NPA). Et a conclu, comme à son habitude, par un poème, cette fois de Paul Eluard.