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Réflexions sur la situation politique actuelle en ESPAGNE, par Aron Cohen, géographe

 

Échéances électorales, reconfiguration parlementaire, baisse des mobilisations

Exposé à l'AG de Polex du 21 avril 2017

par Aron Cohen

 

L'élan des mouvements sociaux contre le programme d'austérité sévère et de dégradation d'acquis fondamentaux, appliqué par le gouvernement du Parti Populaire depuis 2011 (15M, « marées » dans des secteurs comme l'éducation nationale et la santé publique, marches massives dites « de la dignité »…), s'est nettement affaibli à partir de la mi-2015. L'entrée dans un cycle prolongé de rendez-vous électoraux à répétition (élections locales de mai 2015, régionales et notamment catalanes de septembre 2015 ? signalées par les clivages à propos de l'autodétermination et la poussée de l'indépendantisme ?, législatives de décembre 2015 et de juin 2016…) a marqué un frein des mobilisations.

Ces mobilisations avaient manqué d’une armature politique alternative à celle des deux principaux partis systémiques (le PP et le PSOE) : absence d’une force organisée en mesure de renforcer et d’articuler le mouvement social, en œuvrant efficacement à la construction d’un instrument et d’un projet solides de résistance aux politiques dictées par les intérêts du grand capital espagnol et transnational et de transformation. Or, le relais politique des mobilisations, exprimé particulièrement par la nouvelle formation Podemos, a très tôt montré un caractère essentiellement électoral et institutionnel. Au lieu de chercher à développer et à approfondir la contestation de masse, celle-ci passa à un deuxième plan, peu soutenue politiquement, atomisée et en perte accentuée de visibilité.

Les échéances électorales de 2015-2016 ont fait éclater le bipartisme qui avait caractérisé le régime de la « Transition ». Cependant, le PP est resté le parti le plus voté, malgré la perte de sa majorité au Parlement. Avec le soutien explicite d’une droite pour l'instant complémentaire et de profil rajeuni (Ciudadanos) et celui (plus significatif et très mal dissimulé quoi qu’embarrassant) du PSOE, Rajoy et les siens ont conservé le gouvernement, en dépit des scandales de corruption liés au PP, depuis ses plus hautes instances jusqu’aux multiples affaires locales qui parsèment la carte du pays. Un phénomène qui ne concerne pas le seul PP…, bien qu’il ait atteint à son égard une dimension qualifiée par certains de « structurelle ».

Toute la vieille garde du PSOE, en collusion manifeste avec ses relais de l’oligarchie médiatique, s’est activée dans le coup de force pour obtenir la démission du secrétaire général de leur parti, élu de fraîche date, parce qu’il ne finissait pas de se décider à laisser la voie libre à la continuité du PP au gouvernement. En forte régression et menacé par l’émergence de Podemos, les dirigeants du PSOE ont jusqu’à présent évité leur épouvantail d’un effondrement total « à la grecque ». Enfin le score de la « confluence » entre la formation dirigée par Pablo Iglesias et Izquierda Unida (Unidos Podemos) est resté légèrement en-dessous de celui du PSOE : plus de 5 millions de voix en juin 2016, en-dessous de certaines attentes et quand même un million moins que l'addition des suffrages obtenus six mois avant par les deux formations séparément.

Les indéfinitions et les ambiguïtés idéologiques et programmatiques d'un Podemos qui proclame le dépassement du clivage entre « droite » et « gauche » et dont le représentant par excellence se plait de se réclamer social-démocrate, ont donné le ton de l'alliance. Face à l'impérialisme et à ses visées bellicistes (qui engagent très directement l'Espagne : bombardement contre l'armée syrienne par des destructeurs USA basés au port andalou de Rota, renoncement de souveraineté et complicité servile des responsables des partis du système, ventes d'armes et autres équipements militaires aux alliés de l'impérialisme dans la région), les prises de position de ce côté ne sont toujours ni claires ni unanimes, le travail de mobilisation reste d'un niveau sans rapport avec la hauteur des dangers. Immergée dans cet ensemble, affaiblie et toujours plus difficilement visible, Izquierda Unida se confronte dans un nouveau contexte à son vieux dilemme (coalition impulsée par la direction du PCE en 1986 ayant évolué de fait en rechange de la « maison mère »… en même temps qu'en espace de concurrence entre personnalités et entre tendances partageant souvent cette même provenance).

Aussi, malgré l'implantation territoriale plus conséquente apportée par Izquierda Unida à la mouvance Unidos Podemos, celle-ci affiche toujours un ancrage à forte dominante urbaine, représentatif des fractions des couches moyennes dont sont issus ses dirigeants les plus connus, pour la plupart assez jeunes et universitaires.

Prépondérance et faiblesse du syndicalisme de « dialogue social »

La présence mitigée de la classe ouvrière dans la vie politique n'est pas étrangère à la situation syndicale, en même temps qu'elle en est à l'origine. La pratique des directions des principales organisations est, depuis longtemps, nettement caractérisée par un syndicalisme de gestion, purement défensif et de pacte social ou « partenariat ». Étrangère à toute position de lutte de classe, elle assume comme une fatalité indépassable les limites et les conditions imposées par le capital et par les institutions que celui-ci domine, se contentant...

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Tag(s) : #Europe, #Espagne
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