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Droits de l’homme : mensonges sur le Venezuela, silence complice pour le Mexique

Ces derniers mois, les projecteurs de nos médias dominants au service de la pensée unique se sont braqués sur un pays qui tente, avec ses réussites et ses erreurs (mais qui n'en commet pas ?), de construire les bases d'une société différente au modèle néolibéral que nous impose le système capitaliste. Il s'agit évidemment du Venezuela, et si ce pays s'est retrouvé au centre de toutes les attentions, c'était dans le seul but d'attaquer le candidat de la "vraie gauche" française qui avait une possibilité de remporter l'élection présidentielle d'avril/mai dernier. Le Venezuela a été accusé à tort par les médias dominants de violation massive des droits de l'homme. L'hypocrisie des chiens de garde médiatiques est une offense à l’intelligence et à la vérité, mais surtout une offense pour les populations qui elles sont réellement soumises à des violations de droits de l'homme dans d'autres pays. Le Mexique est un bon exemple. Allié historique des États-Unis, et se plaçant donc du bon côté de l'échiquier géostratégique, son peuple peut bien souffrir les pires situations que son gouvernement jouira toujours du silence complice auquel ont droit les "bons élèves". François Hollande avait fait de ce pays l'invité d'honneur du 14 juillet, en 2015, et son armée avait pu défiler sur l'avenue des Champs Elysées, sans que cela ne choque grand monde. Macron perpétue cette relation privilégiée avec le président Enrique Peña Nieto, l'invitant à dîner à l'Elysée le 6 juillet dernier. Pourtant peu de français connaissent vraiment la situation que traverse ce pays, surtout du point de vue des droits de l'homme. Le texte suivant tente de faire le point sur ces questions. Il est important que nous sachions ce qui se cache derrière les autorités que le représentant de la France invite à dîner en notre nom. Surtout si l'on y trouve une mare de sang...

Quel bilan du mandat de Enrique Peña Nieto peut-on tirer dès aujourd’hui, à moins d’un an des prochaines élections présidentielles du Mexique qui se tiendront le 1er juillet 2018 ? S’il est vrai que la réforme du secteur énergétique – mettant fin au monopole d’Etat en permettant les investissements privés étrangers – lui a d’abord attiré la sympathie de la grande presse économique et des gouvernements liés aux multinationales du secteur, les répercussions positives promises tardent à se faire sentir auprès de la population [1]. Les derniers chiffres de la Commission économique pour l’Amérique Latine et les Caraïbes (Cepal) indiquent d’ailleurs que la pauvreté a augmenté ces dernières années, passant de 51,6% de la population en 2012 à 53,2% en 2014, soit l’équivalent de plus de 63 millions de Mexicains [2].

De plus, les inégalités se renforcent : alors que le PIB augmente (moyenne annuelle de 2,1%), les salaires ne suivent pas au bas de la pyramide (baisse de 3,5% des revenus des ménages entre 2012 et 2014) tandis les fortunes s’envolent à son sommet. La croissance reste concentrée dans la partie supérieure de la distribution des revenus et l’organisation Oxfam attire l’attention sur le fait que la fortune des 4 premiers milliardaires mexicains représente 9,5% du PIB en 2015 contre 2% en 2002 [3]. Le panorama s’est assombri au fil du sexennat, au point que l’ancien ministre des affaires étrangères Jorge Castañeda en est venu à déclarer au Financial Times que le pays a basculé du « moment mexicain » au « désastre mexicain » [4].

Ces dernières années sont aussi marquées par les scandales d’enrichissement illicite. Alors qu’ils avaient été présentés par Peña Nieto comme des modèles de la relève générationnelle du « nouveau Parti révolutionnaire institutionnel, PRI », plusieurs gouverneurs ont été impliqués dans des affaires de détournement de fonds publics. Javier Duarte n’a pas pu terminer son mandat à la tête de l’Etat de Veracruz suite à une mise en examen ; il sera finalement arrêté au Guatemala (avril 2017). Ayant aussi tenté d’échapper à l’action de la justice, l’ancien gouverneur de Quintana Roo Roberto Borge s’est fait interpeller au Panama ; il était sur le point de sauter dans un avion à destination de Paris (juin 2017). Quant à Cesar Duarte, l’ancien cacique de Chihuahua, il reste à ce jour introuvable et est actuellement recherché par Interpol.

Au plus haut sommet du gouvernement, le bon exemple n’a pas été à l’ordre du jour. Le président a dû lui-même demander des excuses à la télévision après l’énorme indignation causée par « l’achat » par sa femme d’une luxueuse maison – estimée à près de 7 millions de dollars – construite par une entreprise ayant bénéficié d’importants contrats publics. En matière de corruption, le New York Times n’hésite plus à décrire un « niveau d’audace qui n’avait encore jamais été vu » auparavant dans le pays [5].

Des forfaitures qui ne surprennent plus les Mexicains, mais qui attisent néanmoins les tensions dans un climat de malaise social généralisé non exempt de risques d’explosion. C’est ce qu’a démontré la vague de pillages de ce début d’année, déclenchée suite à l’augmentation soudaine du prix de l’essence (+20,1 %), conséquence de la réforme énergétique antérieurement citée. Résultat : plus de mille magasins dévalisés, 1500 arrestations, 5 morts [6].

Malgré tout cela, le pire échec du retour du PRI au pouvoir aura été son incapacité à résoudre un autre problème, qui reste la principale préoccupation de la société : la violence.

En poursuivant la « guerre contre le narcotrafic » (instaurée par son prédécesseur Felipe Calderon fin 2006), alors qu’elle affichait des résultats très discutables, Peña Nieto a enlisé le pays dans un conflit au bilan désastreux. En effet, depuis le début de son mandat, la violence a provoqué plus de 100 000 morts, et la tendance toujours à la hausse du nombre d’homicides laisse présager que ce sexennat sera au final encore plus meurtrier que le précédent.

Mais c’est bien la population civile qui paye le prix fort ...

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https://www.legrandsoir.info/droits-de-l-homme-mensonges-sur-le-venezuela-silence-complice-pour-le-mexique.html

 

Tag(s) : #Amérique latine Mexique
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