La France
sous la "coppola" mafieuse
du capital financier
par Jean LEVY
Jeudi 12 octobre, l'émission "Envoyé spécial", sur France 2, met en lumière deux exemples de la corruption qui envahit l'espace français, du monde commercial comme celui de la politique.
Le premier reportage nous fait entrer dans l'univers des fromages étiquetés AOP, autrement dit "d'origine protégée". Preuves à l'appui, nous nous apercevons que l'essentiel des fromages vendus sous cette appellation provient des usines du business alimentaire. Il est impossible pour le consommateur de vérifier s'il s'agit d'un véritable fromage de terroir fait selon la tradition artisanale, ou de fromages débités à la chaîne sans garantie de qualité. Et le reportage pointe du doigt l'arnaque tolérée par les pouvoirs publics soumis au diktat des grosses sociétés laitières...
Le second documentaire nous plonge au cœur du Sénat. Les journalistes de France 2 nous annoncent tout de go qu'une centaine de sénateurs de droite ont bénéficié d'un système perfectionné de versement de chèques conçu en vue de leur attribuer personnellement des sommes dévolues à la rémunération d'attachés parlementaires...dont ces élus se passaient ! Et de citer des noms célèbres, y compris celui d'un ancien ministre, toujours membres du Sénat, le président de celui-ci, et parmi la centaine de sénateurs épinglés, François Fillon...Tout ce beau monde, qui crie au complot, est en instance de mise en examen pour des faits qui se situent entre 2009 et 2014. Comme quoi la justice, en matière d'utilisation abusive de fonds publics, est plus rapide lorsqu'il s'agit de délits supposés d'adversaires politiques, ou d'éliminer tel candidat qui aurait pu faire de l'ombre à Emmanuel Macron...Cent dix-sept sénateurs mis en cause publiquement et, au lendemain de l'émission, aucune allusion à cette affaire dans les médias...
Cela devient une omerta d'Etat !
Ces deux reportages illustrent la déviance économique et politique dans laquelle notre société plonge à rythme accéléré. La recherche du profit rapide par l'exploitation sans vergogne et sans frein du monde du travail s'enrichit, c'est le mot, de méthodes mafieuses. La soi-disant élite qui gouverne l'économie et la politique est ainsi à bout de souffle.
Et ce n'est pas l'affaire des ciments Lafarge - firme qui a accepté un deal avec l'organisation terroriste islamiste EI pour maintenir ses profits en Syrie - qui démentira le caractère de plus en plus mafieux de notre société dominée par le capital financier. L'audition annoncée dans cette affaire de Laurent Fabius - il était alors ministre des Affaires Etrangères, aujourd'hui président du Conseil constitutionnel - n'en constitue qu'un élément de plus.
Ainsi va la France livrée aux intérêts privés où la puissance publique vire au droit commun.