Le candidat de l'opposition populaire à la présidence du Honduras Salvador Nasralla conduit la manifestants pour protester contre la réélection du président sortant, à San Pedro Sula (180 km nord de Tegucigalpa), le 6 janvier 2018 ( AFP / ORLANDO SIERRA )
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Des dizaines de milliers de personnes ont participé samedi au Honduras à une marche de protestation contre l'annonce de la réélection du président sortant Juan Orlando Hernandez et ont réclamé l'investiture du candidat de l'opposition.
Lors de ce rassemblement qui a eu lieu à San Pedro Sula, la deuxième ville du Honduras, dans le nord du pays, les manifestants ont réclamé que le candidat de l'opposition, Salvador Nasralla, soit reconnu comme le véritable vainqueur de l'élection présidentielle, dont le second tour a eu lieu le 26 novembre, et qu'il soit investi le 27 janvier.
Plus de 80.000 sympathisants de l'Alliance d'opposition contre la dictature, une coalition de gauche, ont participé à cette marche, selon les estimations de militants des droits de l'homme.
"Les gens n'admettront pas qu'on leur impose le maintien du dictateur", a lancé M. Nasralla, un populaire animateur de télévision âgé de 64 ans, s'adressant à la foule sur une estrade installée devant la cathédrale de San Pedro Sula.
- 'Nous ne nous arrêterons pas' -
"Nous ne nous arrêterons pas tant que nous n'aurons pas sorti les corrompus du pouvoir", a promis M. Nasralla.
Les manifestants portaient des banderoles avec des slogans comme "La fraude électorale ne passera pas", "Plus d'assassinats ciblés" ou "Liberté pour les prisonniers politiques".
Le Tribunal suprême électoral (TSE), qui est accusé de recevoir ses ordres du pouvoir, a déclaré vainqueur de l'élection M. Hernandez, un avocat âgé de 49 ans, qui se présentait à sa réélection pour le Parti national (PN, droite).
Le TSE a mis plus de trois semaines pour proclamer officiellement le vainqueur, au milieu d'une campagne de manifestations de l'opposition et de troubles parfois violents.
Selon des organismes de défense des droits de l'Homme, plus de 30 personnes ont été tuées et plus de 800 arrêtées au cours de la répression des manifestations par la police et par l'armée.
Vendredi, le TSE a rejeté, en avançant un manque de preuves, un recours en nullité pour fraude déposé par l'opposition contre la réélection de M. Hernandez.
Les premiers résultats partiels publiés par le TSE le jour du second tour, alors que 57% des bulletins avaient été dépouillés, donnaient une avance de cinq points à M. Nasralla.
Le système de comptage avait ensuite subi plusieurs pannes et interruptions. Le TSE avait finalement donné M. Hernandez vainqueur avec 42,95% contre 41,42% à M. Nasralla.
"Nous allons vers une grève nationale", a déclaré à l'AFP Manuel Zelaya, ancien président hondurien et coordonnateur de l'alliance de l'opposition.
Il a annoncé, sans préciser de dates, "des blocages sur toutes les voies publiques essentielles, les routes, dans les ports, les aéroports, pour que la volonté populaire soit respectée".
- 'Désobéissance civile' -
L'Alliance de l'opposition contre la dictature appelle d'ores et déjà à la "désobéissance civile" et au "boycott" de l'investiture de M. Hernandez.
S'adressant aux manifestants, M. Zelaya a déclaré son désaccord avec la position de l'Organisation des Etats américains (OEA), dont le secrétaire général Luis Almagro a proposé de refaire l'élection présidentielle hondurienne dans la mesure où une mission d'observation de l'organisation a estimé qu'il n'était pas possible de déterminer qui avait gagné le 26 novembre.
"Je ne crois pas l'OEA, mais si elle vient remettre le pouvoir à Nasralla, qu'elle soit la bienvenue", a dit M. Zelaya. "Je ne crois pas les Etats-Unis, mais s'ils reconnaissent Salvador Nasralla comme président, qu'ils soient les bienvenus".
Les Etats-Unis font partie de la vingtaine de pays qui ont reconnu la réélection de M. Hernandez.
M. Zelaya a enfin rejeté toute participation de l'opposition au dialogue que M. Hernandez a entamé avec divers secteurs sociaux du pays, mais n'a pas exclu une médiation.