Bonjour, camarade
Quelques observations au sujet de cet article qui me semble éluder quelque peu le fond des questions abordées. Tout d'abord il est question d'une « nouvelle gauche » qui n'est jamais clairement identifiée, mais nous est présentée comme une sorte d'utopisme réformiste qui...
« ...pense aussi que la nouvelle superclasse de rentiers créée par l'économie high-tech va accepter de défalquer de ses revenus hyperboliques le salaire à vie sans contrepartie de 7 milliards et demi de « fainéants ». Tel que nous les connaissons , cela paraît douteux. Mais en fait même si les générations de privilégiés hors-sols enrichies sur le Net étaient soudain possédées d'une charité infinie, ça risque de ne pas marcher. »
En réalité, camarade, le réformisme est toujours une manière de « servir la soupe » au capital et celui de cette « Nouvelle Gauche » comme les autres et il faut donc chercher à comprendre où est son intérêt dans ce type de démarche.
Il n'y a donc nulle « charité » dans ce supposé « utopisme » mais bien une manœuvre d 'enfumage à laquelle participent diverses kollabos dont certains prétendus « marxistes » comme Friot et son mouvement « salaire à vie » que tu évoques assez nettement sans pour autant aller jusqu'au bout de la critique.
Peut-être est-ce du aux confusions que tu introduis toi-même dans ton article...
La première notable porte sur une confusion entre les notions de « valeur » et de « richesse »...
Si la formule « toute richesse procède du travail » est bien d'Adam Smith ( Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Volume 6) , elle ne reflète nullement la pensée de Marx, qui a notamment fait une mise au point sur ce sujet dès les premières lignes de la Critique du Programme de Gotha :
« Le travail n'est pas la source de toute richesse. La nature est tout autant la source des valeurs d'usage (qui sont bien, tout de même, la richesse réelle !) que le travail, qui n'est lui-même que l'expression d'une force naturelle, la force de travail de l'homme. »
Cette confusion en introduit donc une autre, entre valeurs d'échanges, effectivement produites par le travail, et valeurs d'usages, celle des objets produits, que ce soit par un travail humain ou par une machine entièrement robotisée ou par un « mix » entre les deux, comme c'est encore le cas dans l'industrie actuelle, le plus souvent.
Pourtant, comme tu le remarques toi-même, c'est :
«la valeur d'échange qui est globalement réglée par la comparaison du temps de travail respectif nécessité par les produits échangés»
En réalité, cela implique que s'il n'y a plus de travail incorporé dans la « marchandise », celle-ci n'a plus à proprement parler de valeur d'échange, mais seulement une valeur d'usage.
C'était par exemple le cas de l'eau de source aux fontaines des villages du temps où il en existait encore...
Aujourd'hui l'eau de source est pratiquement monopolisée par les trusts de l'agro-alimentaire et sa valeur d'échange découle essentiellement du travail de mise en bouteille à l'usine, et en y incluant la fabrication de l'emballage.
Mais une usine réellement entièrement automatisée nous ramènerait en quelque sorte à la situation d'une « source ».
Une fois dépassé le stade d'amortissement du capital fixe, sa situation est pratiquement celle de la pompe ou du puits au milieu du village.
Pour en tirer un profit quelconque, il faut s'attribuer le monopole de la ressource ! Et cela de manière parfaitement arbitraire, donc.
On comprend donc tout de suite l'absurdité du système qui est en train de se mettre en place avec la « robotisation »...
La robotisation totale, dans le cadre de la « compétitivité » comprise comme une supposée « concurrence acharnée » accélère le processus de baisse de « rentabilité » du secteur productif et, à terme, dans ce cadre « concurrentiel », elle anéantit toute possibilité réelle d'élargissement du capital.
La seule « alternative », pour le capital, c'est donc le monopole...
Les capitalistes qui jouent le jeu de la « compétitivité » sont, en réalité, et paradoxalement, nécessairement les perdants...
Alors que les gagnants réels sont simplement les monopoles qui ont des masses de capitaux suffisantes pour pouvoir racheter les « gagnants » de la « compétitivité », devenus nécessairement financièrement exsangues à l'issue de la « bataille des prix » (...bas) et pour pouvoir leur imposer leurs prix et contrôler les marchés...
Seul problème... A l'horizon de la « robotisation totale », c'est le marché lui-même qui est exsangue, à cause du chômage de masse...
Il n'y a donc nulle « générosité », nulle « charité » ni « utopisme » dans les systèmes type « revenu universel » ou « salaire à vie », mais seulement la volonté d'entretenir artificiellement et dans des limites bien précises un « marché » de la « consommation » qui permette à la bourgeoisie monopoliste de maintenir sa domination de classe et ses privilèges exorbitants.
De plus, comme il n'y a plus, dans le cas de la robotisation totale, de création de valeur d'échange, il y a donc nécessairement une déconnexion qui s'opère entre le système monétaire et la « valeur » des productions, qui n'est plus, en réalité, que leur valeur d'usage. Les prix fixés par les monopoles deviennent donc totalement arbitraires, et le cours des monnaies le devient également et devra donc être fixé de manière tout à fait autoritaire pour que le système survive, comme c'est déjà le cas pour le Yuan chinois, par exemple.
Le système économique mondialisé deviendra donc une sorte de « monopoly » géant reposant sur de la monnaie de singe, et dont l'immense majorité des joueurs n'aura jamais que la maigre portion de son « revenu universel », de la « case départ » jusqu'à la mort... !
Il n'y a donc pas de « passage automatique » au communisme sans intensification de la lutte des classes (...)
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