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D'après une étude d'Oxfam, la France serait championne d'Europe de la redistribution des bénéfices vers les actionnaires. Décryptage. PAR BEATRICE PARRINO

"canempechepasnicolas": 

Un bilan financier pour les entreprises du CAC 40 conforme à la politique menée par le Président des riches ( et en premier, des SUPER RICHES..)

Qui s'en étonnera ? Pas ceux pour qui 50 euros d'APL sont nécessaires à leur survie ...

Le Point

CAC 40 :

les dividendes de la discorde

Qui prend place dans des salons scintillants de grands hôtels, qui s'installe dans d'anonymes grandes salles de pavillons parisiens : le rituel est annuel. Nous y sommes. C'est la saison des assemblées générales ordinaires, qui, grosso modo, se déroule d'avril à juin. C'est une époque que les actionnaires, petits ou gros, de groupes du CAC 40 traversent avec fébrilité, car d'une AG à l'autre, ils valident le montant des dividendes versés, c'est-à-dire de la part du bénéfice qu'il leur revient.

Entre deux résolutions à étudier, avant d'assister à ces grands raouts très réglementés, ces actionnaires potasseront-ils également la dernière étude OxfamFrance en partenariat avec le Basic (Bureau d'analyse sociétale pour une information citoyenne) qui vient de paraître, intitulée « Des profits sans partage » (1) ?

Pas sûr qu'ils apprécient…

 
Sa conclusion est sans appel :
« Les choix économiques des entreprises du CAC 40 nourrissent une véritable spirale des inégalités. »
L'État-actionnaire bien servi

D'après l'étude, depuis 2009, ces grands groupes auraient versé 407 milliards d'euros de dividendes à leurs actionnaires. Sur 100 euros de bénéfices, 67,4 euros seraient revenus aux actionnaires sous forme de dividende, 27,3 pour les réinvestissements et 5,3 pour les salariés.

La France serait ainsi « le plus gros payeur de dividendes d'Europe continentale », tandis que dans les années 2000, les entreprises tricolores versaient deux fois moins de dividendes par rapport à leurs bénéfices.

Sur le podium des entreprises les plus généreuses avec leurs actionnaires, on trouve au sommet 

Total (43,5 milliards d'euros redistribués), Sanofi (37,9 milliards) et Engie (27,6 milliards). Cette dernière, dont l'État détenait 24,2 % du capital fin septembre, a versé depuis 2009 des dividendes trois fois supérieurs à ses bénéfices, mais assume. « L'objectif principal du groupe en termes de sa structure financière est de maximiser sa valeur pour les actionnaires », répond-elle.

De manière globale, les dividendes dans les entreprises où l'État est actionnaire (il détient 3 % du CAC) s'élevaient à 86 % des bénéfices, contre 67 % en moyenne pour l'ensemble CAC 40, en 2016. Il y a aussi le cas d'entreprises ne dégageant aucun bénéfice, mais versant des dividendes à leurs actionnaires, comme Arcelor.

Selon Oxfam France, tout cela profiterait essentiellement aux hyper-riches, dont le patrimoine est composé de 90 % d'actifs financiers, et se ferait au détriment de l'investissement et des salariés. Il est souligné le changement de structure de l'actionnariat du CAC 40, plus internationalisé et avec une montée en puissance des hedge funds ou des fonds de gestion active, dont les fortes exigences en termes de rendement ne sont un secret pour personne.

Oxfam France ne s'arrête pas là. En faveur d'une plus forte redistribution vers les salariés, l'ONG ose une comparaison, qui fera bondir plus d'un économiste :

selon elle, si les entreprises avaient maintenu leur niveau de redistribution de 2009, chaque salarié du CAC 40 aurait pu être augmenté de 2 000 euros par an sur la période 2009-2016 !

Quant à ceux de Sanofi, plus particulièrement, ils auraient pu percevoir 13 267 euros de plus par an... Oxfam France exagère la réalité, en mettant en parallèle des concepts – dividendes et rémunération – difficilement comparables. Soit...

(1) L'analyse se concentre sur les 30 entreprises qui ont appartenu à l'indice CAC 40 de 2009 à 2016, auquel se rajoute le groupe PSA qui a été intégré à l'échantillon bien qu'il soit sorti de l'indice CAC 40 pendant 3 années entre 2009 et 2016. 
Pour 2016, l'étude a porté sur l'ensemble des 40 entreprises du CAC 40.

La rémunération des dirigeants dans le viseur

Autre cible de l'étude d'Oxfam France : les dirigeants et leur rémunération – salaire, valorisation de leurs options et actions, rémunération variable, et celle liée au cours de la Bourse. L'ONG a également évalué le salaire moyen dans les sociétés du CAC 40. Et elle les compare. La rémunération des PDG a crû de 46 % depuis 2009, quand les bénéfices du CAC ont augmenté de 61 %. En 2016, les PDG du CAC 40 ont gagné 119 fois plus que la moyenne de leurs salariés à travers le monde – en 2009, cet écart s'élevait à 96.
Tag(s) : #Lutte de Classe, #Politique française
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