« Une boucherie »
1. La réduction du nombre des députés portera l’effectif à 404 au lieu de 577. Mais l’introduction d’une dose de proportionnelle induit l’élection de 61 députés sur liste nationale. Il ne reste donc plus que 343 circonscriptions au lieu de 577.
2. Du fait de l’insularité, la réduction sera moindre pour les collectivités d’Outre-mer. L’Hexagone, Corse comprise doit être divisé en 319 circonscriptions au lieu de 535. 40 % disparaissent.
3. Le ministre de l’Intérieur ne pourra cependant pas redécouper avec une calculette et une tronçonneuse car il ne partira pas d’une carte totalement blanche. En effet, pour éviter tout blocage du Sénat, attaché à un cadre électoral départemental et non régional ou national, chacun des 96 départements de métropole devra garder au moins un député.
En réalité, un découpage spécifique doit s’effectuer pour chaque département.
Quand on vous dit casse-tête.
« Pire que ça, une boucherie », résume sur France info l’ex-député LR du Cantal Alain Marleix, qui tenait les ciseaux lors du redécoupage de 2010 : « On doit jongler avec ces difficultés techniques et les pressions politiques car ça revient quand même à demander à des députés de se faire hara-kiri ».
20 départements à un député
L’ébauche de carte, document de base que nous nous sommes procuré et qui ne sera pas loin de la réalité, apparaît plutôt cohérente. Elle se fonde en métropole sur une base de 236 000 habitants par circonscription contre 125 000 aujourd’hui sur la foi des populations Insee. La population recensée est privilégiée à la population électorale (les inscrits sur les listes).Vingt départements au lieu de deux actuellement (Creuse et Lozère) se retrouveraient avec un seul député. Ceux qui comptent trois députés descendraient tous à deux élus.
Les principaux élagages s’opéreront donc dans les départements aujourd’hui les mieux représentés, à commencer par la capitale (11 au lieu de 18). Ceux qui perdent des habitants perdront plus de députés. Ainsi, la Haute-Savoie et les Pyrénées-Atlantiques compteraient autant de députés (4 au lieu de six) que le Maine-et-Loire et l’Oise, qui en élisent 7 aujourd’hui.
Les ruraux mieux représentés
Le nouveau découpage accordera plus d’élus aux territoires ruraux car dans la réalité, les écarts de population entre circonscriptions seront considérables. Le député de Lozère représentera quatre fois moins d’habitants (76 000) que son collègue de Neuilly/Seine (297 000). Sur le papier, ces déséquilibres augmentent le risque de voir, comme en Espagne ou aux États-Unis, des formations minoritaires en voix rallier une majorité à l’Assemblée.
Politiquement, le risque est en réalité nul en France. D’une part, la liste nationale à la proportionnelle minimise cet effet vote rural. D’autre part redécoupage ou pas, l’élection législative est devenue un troisième tour de confirmation d’une majorité présidentielle qui se traduit par une abstention de masse (57,3 % en 2017). Le sort des rescapés du « big bang » sera de toute façon lié au résultat de la présidentielle un mois plus tôt.