Après la catastrophe de Gênes - Les médias français dénoncent les coupables : les partis qui gouvernent l'Italie depuis trois mois. Ceux-ci osent dénoncer non seulement la société d'autoroute qui gérait le pont, filliale de Bénéton, mais aussi la politique européenne d'austérité qui a imposé le gel de crédits qui auraient pu maintenir en état l'ouvrage d'art dévasté.
Mais qui est responsable de la tragédie de Gênes ?
par Jean LEVY
L'Italie est toujours sous le choc : l'effondrement du viaduc de Gênes, entrainant dans la mort plus de quarante personnes avec leurs véhicules projetés dans le vide à 40 mètres sous eux. Cette vision remplit l'horreur une population frappée au coeur.
Les Français, dont beaucoup se rendent dans ce pays, sont solidaires avec les victimes du drame, et au-delà, avec le peuple italien.
Le nouveau gouvernement de Rome, les ministres des deux formations qui le composent, le Mouvement Cinq Etoiles et la Ligue, ont pris le taureau par les cornes : ils ont annoncé qu'ils retirent à Atlantia, la société qui gérait le pont, sa licence d'exploitation.
Or, cette société est filliale de la multinationale italienne Bénéton.
Dans nos médias, propriétés de neuf milliardaires (ou publics aux ordres du pouvoir macronien), la colère s'exprime, non contre la compagnie privée maître d'oeuvre de ce viaduc, mais à l'encontre des ministres italiens qui ont oser s'en prendre à un trust privé !...
Horreur supplémentaire, le nouveau pouvoir dénonce la responsabilité des instances de l'Union européenne du fait que celles-ci ont imposé depuis des décennies une politique d'austérité budgétaire acculant à des choix pris au détriment des grands travaux nécessaires.
S'en prendre à Bruxelles, c'est faire acte de rébellion contre l'ordre européen établi. Aussi à entendre ce jour-là France Inter, l'indignation visait le nouveau gouvernement italien, coupable de crime de lèse- Europe. Et de dénoncer non pas les responsables du drame, mais ceux quii s'en prennaient aux entreprises responsables, et à leurs parrains européens.
On peut, dans ces conditions, s'inquiéter des intentions du pouvoir élyséen quant au devenir des structures françaises, ponts, routes* - dont personne ne peut cacher une grande part de vétusté - Et c'est la société italienne SANEF, filliale d'Atlantia, qui, en partie, gère les autoroutes du nord et de l'est de la France...
La catastrophe de Gênes pose avec une vigueur accrue la nécessité pour les Etats de retirer au privé la gestion des voies de transport, ponts et viaducs, autoroutes, pour en confier la responsabilité au secteur public, sous le contrôle du pouvoir central et des collectivités locales.
Avec Macron, c'est tout le contraire qui se produit : les biens publics sont vendus à l'encan. Avec les risques de voir un jour des ponts Morandi en France...
Tirons-en les leçons.
* Les statistiques officielles nous apprenaient, ces jours-ci, que 30% de nos ponts, routes et rail avaient besoin de travaux...urgents