
Le 12 août, les Maliens ont été appelés aux urnes pour départager les deux candidats présents au second tour de l’élection présidentielle. Un scrutin marqué par une participation faible et de nouvelles violences dans plusieurs endroits du pays.
Il semble que la fièvre électorale n'a pas gagné l’ensemble des Maliens lors du second tour de l’élection présidentielle malienne qui s’est tenue ce 12 août. Ils étaient appelés à départager le président sortant, Ibrahim Boubacar Keita, de son rival Soumaïla Cissé, ex-ministre malien des Finances.
Selon le Pool d'observation citoyenne du Mali (POCIM), qui a mobilisé plus de 2 000 observateurs lors du second tour du scrutin, le taux de participation concernant 1 571 bureaux de vote était estimé à 22,38% au moment de leur fermeture. Au premier tour, 42,7 % des électeurs s’étaient rendus aux urnes.
Le responsable d’un bureau de vote assassiné
Si les médias locaux s’accordent à dire que ce second tour a été plus calme que le premier, des violences ont néanmoins été signalées dans plusieurs localités du centre et du nord du pays. Au sud-ouest de Tombouctou, dans le village d’Arkordia, le président d'un bureau de vote encadrant la tenue du second tour de l'élection présidentielle a par exemple été tué par balles par des hommes armés, selon des sources locales et sécuritaires citées par l'AFP.
Situation tendue également dans le nord du Mali, dans le village de Kiname. Des hommes armés ont fait irruption dans un bureau de vote et emporté le matériel électoral avant d'y mettre le feu.
Pour l’heure, le gouvernement malien n’a pas encore fourni de chiffre officiel concernant le nombre de personnes qui n'ont pas pu voter. Lors du premier tour, le ministère de l’Administration territoriale avait estimé leur nombre à 245 888 en raison de violences, principalement dans les régions du centre du pays.
Des dysfonctionnements et des irrégularités constatés
Si une amélioration toute relative du climat sécuritaire a été observée, le scrutin du second tour a pour autant connu quelques problèmes organisationnels. Lors d'un point presse tenu à l'issue du vote, Cécile Kyenge, la responsable de la mission d'observation de l'Union européenne, a rapporté que parmi les 300 bureaux de vote observés par 80 observateurs européens dans le pays, «les listes électorales n’étaient pas affichées».
Par ailleurs, l'opposition, qui avait contesté les résultats du premier tour du 29 juillet, a une nouvelle fois accusé le pouvoir d'organiser des opérations de fraude. Quelques heures avant la tenue du second tour, Tiébilé Dramé, directeur de la campagne de Soumaïla Cissé, avait affirmé lors d'un point presse être en possession «de carnets à souches de bulletin de vote» mentionnant le nom d'Ibrahim Boubacar Keïta, le président sortant. «Combien de carnets à souches de bulletins circulent un peu partout dans le pays ?», s'était-il alors interrogé.
Au premier tour, «IBK», donné comme favori, avait récolté 41,70% des suffrages, contre 17,78% pour l'ancien ministre des Finances. Si les résultats définitifs de l'élection présidentielle ne seront pas connus avant quatre ou cinq jours, Soumaïla Cissé a d'ores et déjà fait savoir ce 13 août qu'il contesterait les résultats. Il a appelé tous les Maliens à se lever pour marquer leur opposition à «la dictature de la fraude».
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