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Depuis plus de soixante ans, l'opinion progressiste réclamait justice

Depuis plus de soixante ans, l'opinion progressiste réclamait justice

par Jean LEVY

Ce matin une déclaration du Président de la République reconnaît la responsabilité de l'armée française dans ce crime, couvert depuis plus de soixante ans, par tous les gouvernements successifs

Qui n'exprimerait pas sa satisfaction d'une telle prise de position des autorités françaises ?

 

Déclaration présidentielle : 

Le président de la République a (…) décidé qu’il était temps que la Nation accomplisse un travail de vérité sur ce sujet. Il reconnaît, au nom de la République française, que Maurice Audin a été torturé puis exécuté ou torturé à mort par des militaires qui l’avaient arrêté à son domicile."

"Si la mort de Maurice Audin est, en dernier ressort, le fait de quelques-uns, elle a néanmoins été rendue possible par un système légalement institué : le système “arrestation-détention”, mis en place à la faveur des pouvoirs spéciaux qui avaient été confiés par voie légale aux forces armées à cette période"

Enfin un bonne nouvelle pour la famille de Maurice Audin, ses amis et camarades, qui depuis tant et tant d'années se sont dépensés pour réclamer et obtenir justice.

Qu'ils se soient réclamés de gauche ou de droite, les différents gouvernement qui se sont succédés depuis la IVème République et tout au long de la Vème ont caché la vérité sur les exactions permanentes dont se sont rendus coupables les militaires français, à l'instigation  de certains de leur chefs durant cette guerre coloniale. Il fallait alors, disait-on, préserver l'unité de l'armée, qui faisait, aux yeux des hommes politiques au pouvoir, du PS à la droite, "faisait du bon boulot" au service des intérêts privés français en Algérie. Des officiers tortionnaires, les colonels ou généraux paras, qui s'étaient fait la main en Indochine, ne représentaient pas l'ensemble de la hiérarchie militaire. Des officiers de haut rang comme le général Jacques de la Bollardière, compagnon de la Libération, ont sauvé l'honneur français en dénonçant publiquement la torture pratiquée dans les opérations. 

C'est dans ce contexte que Maurice Audin, combattant cette guerre infâme, a été assassiné par des officiers para, faisant disparaître le corps pour brouiller les pistes, avec la complicité ouverte ou lâche des politiciens qui ont couvert de leur autorité la sale guerre d'Algérie. C'est ainsi que François Mitterrand, président de la République, a refusé de réouvrir le dossier Audin, préférant rendre leur honneur perdu aux généraux  putschistes de l'OAS Salan, Challes, Jouhaud  et Cie.

Il a fallu donc plus de soixante ans pour que justice soit rendue.

Faudrait-il encore que cette décision présidentielle soit indemme de considérations politiciennes.
Emmanuel Macron n'affiche pas de prédilection pour notre histoire nationale. Il se projette délibérément dans un devenir européen. Rapelons-nous ses propos sur la colonisation, jugée par lui crime contre l'humanité. Non par anticolonialisme, ses propos méprisants sur les Calédoniens le démontrent, mais par son rêve mondialiste : Emmanuel Macron est "internationaliste" dans le sens où le fondateur de la Banque Rothschild au XVIIIème siècle a essaimé ses succursales au-delà des frontières dans les diverses métropoles d'Europe de ce temps... 

En outre, Emmanuel Macron  est appelé par nombre de ses partisans à  "gauchir" sa politique...L'opération Audin en offre l'occasion.

Ne soyons donc pas dupes des motivations politiques du Président, même si nous saluons sa décision de pure justice..

Commentaires au lendemain de l'événement :

Comme prévu, la décision - justifiée - d'Emmanuel Macron a fait la Une de tous les médias. Acte de courage politique ? Certes, mais la repentance présidentielle n'affecte en rien sa propre politique, les faits incriminés datant de plus de soixante ans. Il n'a fait que lever en partie le voile pudique tendu depuis les événements sur les responsabilités des gouvernements précédant le sien. Nous ne bouderons pas pourtant le geste du locataire de l'Elysée que ses prédécesseurs n'avaient pas fait. 

Cependant, il reste des zons d'ombre dans ce drame.

Quelles sont ces autorités qui à l'époque, ont  décrété les fameux 'pouvoirs spéciaux" qui ont permis de couvrir officiellement les crimes légalisés, telle la torture généralisée, les villages brûlés au napalm, les représailles de masse contre la population civile ?

L'armée avait 'carte blanche', mais qui lui adonnée ?

Reste le crime dont a été victime Maurice Audin, le nom de ses donneurs d'ordre et celui des exécutants. Certes, ils ne sont plus de ce monde, mais faut-il pour autant continuer à en faire des héros ?

Des témoignages

 Selon L'Humanité du 8 janvier 2014, "Maurice Audin a bien été exécuté avec « la couverture pleine et entière du pouvoir politique », comme le confessa du bout des lèvres le funeste général Aussaresses, avant sa mort en 2013. Se fondant sur les témoignages du général Aussaresses, recueilli juste avant la mort de celui qui avait avoué la torture durant la guerre d'Algérie, ainsi que d'un de ses sous-officiers, Jean-Charles Deniau explique que le général Massu a donné l'ordre à ses hommes d'exécuter Maurice Audin. Celui-ci a été emmené dans les environs d'Alger, poignardé et enterré là.

Un enregistrement diffusé sur France Info des aveux du général Aussaresse sur son lit de mort confirme sa participation au meurtre, exécuté "au couteau, pour faire croire à la responsbilité des Arabes". 

 

Tag(s) : #Justice, #Histoire
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