COMMENTAIRE DE
"Ca n'empêche pas, Nicolas"
Les gouvernements français et britannique ont capitulé !
Ils ont offert la Tchécoslovaquie à Hitler, "pour sauver la paix", comme le proclamment la quasi totalité de la presse française. Sauf L'Humanité.
Du Matin au Petit Parisien, deux quotidiens des plus lus, pavoisent , se réjouissant de la capitulation occidentale. Ils paraîtront quinze mois plus tard au service de l'Occupant allemand.
Car la paix, loin d'être sauvée, vient d'être mortellement atteinte. Hitler sait maintenant qu'il n'a rien à craindre des Etats occidentaux. L'Accord de Munich a démentelé les dernières lignes de résistance qui s'élevaient en Bohème à l'expantionnisme allemand. .L'Allemagne se sait maintenant les mains libres en Europe. Elle lorgne vers l'Union soviétique, ses riches plaines à blé de Russie, ses réserves de pétrole du Caucase . Ces perspectives, loin d'inquiter les milieux dirigeants de France et d'Angleterre, leur permet d'espérer que l'appétit germanique de conquête se tournera vers l'Est. Ce qui n'est pas pour déplaire aux milieux d'affaires de Paris et de Londres pour qui le communisme est le premier ennemi.
Moscou prend note de la nouvelle situation ainsi créée, mais va, des mois encore, tenter de renouer avec la France et la Grande-Bretagne...alors qu'à Londres des leaders conservateurs, sont conscients de la nouvelle réalité, tel Winston Churchill qui déclare, parlant des Accords de Munich :
"Vous avez voulu éviter la guerre au prix du déshonneur. Vous avez le déshonneur et vous aurez la guerre."
Dans l’Humanité du 1er octobre 1938, Gabriel Péri, écrit :
« Nous ne prenons pas place dans la brigade des acclamations. Nous n’écrirons pas que l’accord de Munich a sauvé la paix. Nous enregistrons que M. Daladier vient de souscrire au dépècement d’un peuple libre. Nous sommes persuadés que la menace que courent des millions d’hommes en France et en Europe est plus grave aujourd’hui qu’elle n’était hier. Nous n’applaudissons pas parce qu’il n’est pas dans la tradition française d’applaudir aux violations du droit. Nous n’applaudissons pas parce que nous croyons qu’on affaiblit la paix chaque fois qu’on affaiblit la sécurité française et que l’accord de Munich est un Sedan diplomatique. »
Gabriel Péri est un journaliste membre du Comité central du Parti Communiste Français, responsable du service de politique étrangère de L'Humanité et député de Seine-et-Oise, il fut arrêté comme résistant par la police française et fusillé comme otage par les Allemands à la forteresse du Mont-Valérien.
Léon Blum, le leader socialiste, écrit dans le Populaire : « Pas un homme, pas une femme en France ne peut refuser à M. Chamberlain et à M. Daladier sa juste contribution de gratitude... On peut jouir de la beauté d'un soleil d'automne ».
Les accords de Munich seront approuvés par 535 voix, 7 députés s'abstiennent,
75 votent contre. Ce sont les 73 communistes, un seul socialiste,
celui de Côte d'Or, Jean Bouhey, et un député de droite, Henri de Kerillis.
Onze mois plus tard, le 3 septembre 1939, au lendemain de l'attaque hitlérienne contre la Pologne, la France et l'Angleterre déclarent la guerre à l'Allemagne..
Mais sans jamais la faire...
"Ca n'empêche pas Nicolas" y reviendra en temps voulu
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