Il est étrange de constater que des personnages du passé ont des ressemblances avec certaines de nos figures politiques actuelles. Emmanuel Macron ne déroge pas à la règle, notamment avec ses homonymes dans l’histoire. Nous n’en retiendrons ici qu’un seul, qui a vécu dans la Rome antique.

Quintus Naevius Sutorius Macro, dit « Macron », a vécu de 21 av. J.-C. à 38 ap. J.-C. Il a été un haut fonctionnaire de l’Empire romain. « Il n’occupait pas une fonction administrative, il était préfet du prétoire, c’est-à-dire soldat de la garde prétorienne, une élite militaire au plus proche de l’empereur, détaille Xavier Mauduit, historien, chroniqueur dans l’émission 28 minutes sur Arte, qui ne peut pas s’empêcher de voir des similitudes entre ce Macron antique et le Macron de la République française. C’était un garde important, détenteur d’un rôle militaire et d’un rôle d’influence auprès du souverain. »

Homme de l’ombre et traître

Le souverain à ce moment-là est Tibère. Deuxième empereur romain après Auguste qui avait commencé à organiser l’Empire et la garde prétorienne. Tibère va poursuivre la mise en place de sa garde rapprochée. Lorsqu’il accède au pouvoir, le préfet du prétoire est Sejan. Ce dernier va le trahir mais sera démasqué et viré par Tibère. Macron prend alors sa place.

 

« On retrouve le côté homme de main, homme de confiance, appuie Xavier Mauduit. Puis il va, lui aussi, le trahir. » Comme Emmanuel Macron a trahi François Hollande, pensent certains. Mais la comparaison entre le Macron du Ier siècle et celui du XXIe siècle s’arrête là. Car la fin de Quintus Naevius Sutorius Macro est un peu plus trouble.

Nous sommes en 37, Tibère est vieux, 77 ans, et tout le monde autour de lui pense à sa succession. Macron mise sur Caius. « Pour s’approcher de Caius, il envoie sa femme Ennia. Un mari cocu, quand il le sait, devient proche de l’amant. »

Une mort tragique

Et Tibère pendant ce temps ? Le vieil empereur finit ses jours reclus et les circonstances de sa mort ne sont pas claires. De nombreux historiens antiques assurent qu’il a été assassiné, étouffé par des oreillers, sur les ordres de son fidèle Macron. Les historiens modernes jugent plus probable une mort naturelle. « On ne saura jamais », commente Xavier Mauduit.

« La Mort de Tibère », par Jean-Paul Laurens, 1864, musée des Augustins, Toulouse. Le peintre a retenu la version des historiens antiques selon laquelle Tibère aurait été étouffé soit sur ordre de Macron, soit par Caligula lui-même. (Image : domaine public)

Caius, devenu l’empereur Caligula, est aussi un angoissé du complot. Il ne peut pas faire confiance à Macron, qui après tout, a trahi Tibère et se lasse de sa femme Ennia. La fin du couple est tragique. Caligula envoie une armée et les contraint à se suicider.

« La différence entre les deux Macron, c’est que le Macron antique ne voulait pas du pouvoir. Il préférait rester dans l’ombre, note Xavier Mauduit. Mais quand on regarde l’histoire, on voit bien que l’être humain a toujours la même attirance pour le pouvoir. Aujourd’hui heureusement, il n’y a plus de meurtres mais le milieu politique reste violent. Regardez le vocabulaire des journaux : « la mort de Valls », « Fillon abattu ». Finalement, les Romains sont très proches de nous. »