par Jean LEVY
L'ultralibéralisme est liè à l'extrême-droite
Le quotidien "L'Opinion", proche des milieux patronaux, donne la parole à Pascal Salin, professeur d'Economie à l'Université Paris-Dauphine, pour défendre la suppression d l'ISF en faveur des détenteurs de capitaux placés en bourse. Décision prise par Emmanuel Macron, dès l'accession de celui-ci à l'Elysée, sous pression des dirigeants du CAC 40.
Sous le titre "0ublions l'ISF", Pascal Salin se fait donc le défenseur de la mesure présidentielle, par ailleurs dénoncée avec vigueur par les gilets jaunes, qui ont fait de sa suppression une revendication phare.
Pascal Salin ne cache pas ses convictions ultralibérales. On peut même dire qu'il fut, dans les années 80, l'un des économistes les plus engagés dans cette vision économique du monde qui n'était pas encore l'orientation officielle du CNPF, le Medef de cet époque. Pascal Salin fut l'un des économistes qui participèrent à l'évolution du patronat en la matière, et devint l'un des maîtres à penser de L'ALEPS - Association Pour la Liberté Economique et le Progès Social -
Un ancien collabo - Claude Harmel, Guy Lemonnier sous l'Occupation alors qu'il était l'adjoint de Georges Albertini, condamné pour "intelligence avec l'ennemi" - explique en 1989 :
"Notre intention, avec l'ALEPS, était de contribuer à réhabiliter la pensée libérale sous tous ses aspects, mais tout d'abord, c'était le plus urgent, sous l'aspect de la liberté économique".
Précisons que les ultra-libéraux préconisaient déjà à cette époque la privatisation totale de toutes les activités actuellement du ressort de l'Etat. Est ainsi visé l'ensemble de la protection sociale (la santé, la sécurité sociale, les retraites, les accidents du travail), chacun devant s'assurer pour tous les risques, chez des organismes privés - l'enseignement de l'école à l'université. Les ultra-libéraux prévoient également la suppression du SMIC et de toutes les allocations familiales ou de chômage. L'Etat devrait être réduit aux fonctions de police, de justice, de défense, et la fiscalité réaménagée à faire payer les faibles revenus, aujourd'hui exonérés, afin de réduire considérablement la part supportée par les hauts revenus.*
Vaste programme largement mis en oeuvre aujourd'hui, et dont les objectifs non encore réalisés sont sous le coude du gouvernement Macron-Philippe.
Mais à l'époque, dans les années 80, peu de gens (y compris à gauche parmi les économistes) croyaient qu'un tel bouleversement social puisse arriver dans notre pays. Pourtant, la révolution ultralibérale triomphait en Grande-Bretagne avec Marguaret Thatcher au pouvoir.
Il faut savoir l'importance du travail idéologique effectué en France, il y a déjà plus de trente ans, par le Club de l'Horloge, lieu de rencontre entre la droite, dite de gouvernement (Sur la photo, on distingue Alain Juppé à la tribune), et l'extrême-droite aux penchants ultralibéraux hautement revendiqués. Des sessions d'étude du Club sur chacun des thèmes plus haut rappelés constituaient l'ébauche de lois qui seront ultérieurement mises au programmes des gouvernements successifs, tant de droite que PS.
Certaines divergences d'appréciation se faisaient jour entre les des économistes ultralibéraux et, par exemple, Jean-Marie Le Pen. Celui-ci préconisait, dans le domaine de la Sécurité Sociale, la suppression de son bénéfice aux immigrés. Le comble du caractère raciste du Front National pour l'opinion bien pensante. Et que rétorquait le professeur d'Economie Pascal Salin, dirigeant de l'ALEPS de l'époque ? "Pas d'accord : c'est à tout le monde qu'il faut la supprimer, Français et immigrés".
La question est posée : des deux, qui est le plus à droite ?
Aujourd'hui, avec la bénédiction de Pascal Salin, l'ultralibéralisme est au pouvoir.
La concentration du capital à l'échelle mondiale, sa financiarisation, les contradictions qui en découlent, ne laissent aucune place à un gentil capitalisme ouvert à la démocratie sociale. Au contraire, les lois du marché, traduites en directives de Bruxelles, conduisent à un autoritarisme renforcé, voire à une voie de fascisation du système, doublé d'un nivellement du niveau de vie de la population.
Tout cela était en germe avec l'ultralibéralisme devenu doctrine d'Etat.
Face à ce grave défit, seule l'entente de toutes les victimes du système issues de familles de pensée diverses, et leur action commune, pourront mettre en échec la statégie du capital.
C'est dans cet esprit qu'est né et se développe le mouvement des gilets jaunes.
C'est la raison de la fureur déchainée à leur égard par les chiens lâchés par le Capital.
* repris dans l'ouvrage
"Le DOSSIER GEORGES ALBERTINI"
Une intelligence avec l'ennemi"
par Jean LEVY
Livre
Détail de l'ouvrage
LE DOSSIER GEORGES ALBERTINI
Une intelligence avec l'ennemiJean Levy DIVERS France ISBN : 2-7384-1349-8 • 1992 • 280 pages EAN13 : 9782738413499 EAN PDF : 9782296268012 * Nos versions numériques sont compatibles avec l'ensemble des liseuses et lecteurs du marché. Les ebooks publiés avant 2011 sont susceptibles d'être issus d'une scannérisation, merci de consulter l'aperçu pour visualiser leur qualité. |
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